Ces métiers qui peinent à recruter mais qui attirent les jeunes

L’Insee, en partenariat avec plusieurs organismes de recherche et de statistiques, vient de publier l’ouvrage collectif « Formations et emplois », dressant notamment un état des lieux des métiers en tension et de leur attractivité auprès des jeunes actifs. L’occasion de mieux comprendre pourquoi ces professions, pourtant réputées difficiles à pourvoir, attirent les nouvelles générations. Diplôme, contrat, salaire : une enquête dévoile les raisons de cet ancrage.

©Quality Stock Arts
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Les jeunes entrent plus fréquemment dans des métiers en tension que leurs aînés. D’après l’enquête Emploi menée fin 2021, 56 % des actifs ayant quitté le système éducatif depuis moins de quatre ans occupaient un métier en tension, contre 48 % de ceux sortis depuis plus de onze ans. Concrètement, parmi les 675 000 jeunes ayant terminé leurs études en 2017 et trouvé un emploi dans les trois années suivantes, 432 000 ont exercé au moins une fois un métier exposé à des difficultés de recrutement.

Plus surprenant encore, une grande partie d’entre eux semble s’y installer durablement. En effet, lorsqu’un jeune démarre sa carrière dans un métier en tension, il y passe en moyenne 68 % de son temps en emploi au cours des trois premières années, contre 59 % pour les autres métiers.

Des débuts plus rapides et de meilleures conditions d’emploi

L’un des attraits majeurs de ces métiers réside dans l’accès facilité à l’emploi. En moyenne, un jeune diplômé met neuf mois à décrocher son premier poste dans un métier en tension, contre douze mois dans les autres métiers. De plus, ces professions offrent généralement des conditions d’embauche plus avantageuses : 41 % des jeunes y décrochent un contrat à durée indéterminée (CDI) dès leur premier emploi, contre seulement 22 % pour les autres métiers.

Autre avantage notable, la concordance entre le diplôme obtenu et l’emploi occupé est meilleure dans ces métiers (56 % contre 33 %). Le risque de déclassement – c’est-à-dire d’occuper un poste en dessous de son niveau de qualification – est aussi réduit : il concerne 17 % des jeunes employés en métier en tension, contre 26 % dans les autres professions. Enfin, les salaires sont souvent plus attractifs : 60 % des jeunes employés dans un métier en tension touchent une rémunération supérieure à la médiane nationale, et 82 % d’entre eux travaillent à temps plein (contre 70 % pour les autres métiers).

Cinq profils types de métiers en tension

L’Insee met en évidence l’hétérogénéité des métiers en tension, en les classant en cinq grandes catégories. Première d’entre elles, les métiers « première expérience peu qualifiée » : souvent occupés en début de vie active, ces métiers connaissent un important turn-over. C’est le cas des employés de l’hôtellerie-restauration ou des ouvriers des industries agroalimentaires. Deuxième catégorie, les « métiers de transition » : ils sont occupés de manière temporaire, mais restent plus tardifs dans les parcours d’insertion. On y retrouve par exemple, les ouvriers des travaux publics et les aides à domicile. Viennent ensuite les « métiers très qualifiés » : cadres et techniciens en informatique, commerciaux et technico-commerciaux, où l’ancrage est plus durable ; les métiers paramédicaux (infirmiers, sages-femmes, kinésithérapeutes…), des professions dans lesquelles l’entrée est précoce et le lien formation-emploi très fort. Enfin, les « métiers avec un fort lien emploi-formation » : professions du droit, comptables, artisans de bouche… Dans ces secteurs, la formation prépare très directement au métier, ce qui explique une stabilité plus marquée.

Un ancrage durable… sous certaines conditions

Si ces métiers offrent des opportunités intéressantes, l’ancrage des jeunes y reste conditionné aux modalités d’embauche. Ceux qui débutent en CDD plutôt qu’en CDI ont moins de chances d’y rester durablement. De même, une rémunération basse favorise la mobilité professionnelle. À l’inverse, commencer dans un métier aligné avec sa formation initiale augmente les chances d’y faire carrière. Cela explique pourquoi certains secteurs peinent moins à fidéliser leurs jeunes recrues que d’autres.

Les métiers en tension offrent des perspectives de carrière intéressantes aux jeunes, avec des opportunités d’embauche rapides et des conditions souvent avantageuses, mais ils restent marqués par des différences notables selon les secteurs et les niveaux de qualification. Pour attirer et retenir durablement ces jeunes talents, les entreprises devront continuer à améliorer leurs conditions de travail et de rémunération.