Centrale nucléaire de Gravelines

Une année 2021 marquée par une intensité d’activité de maintenance inédite

Avec cinq arrêts programmés, le début des quatrièmes visites décennales des réacteurs, le remplacement des trois générateurs de vapeur dans l’unité de production n°6 et la poursuite des travaux de sûreté post-Fukushima, la centrale nucléaire n’aura jamais connu une période d’activité de maintenance aussi intense depuis sa mise en service. Avec un objectif : s’approcher du niveau de sûreté des réacteurs de dernière génération. 

Le remplacement du tambour filtrant sur l'unité de production n°1 a fait partie des gros travaux engagés dans le cadre de sa quatrième visite décennale. © EDF
Le remplacement du tambour filtrant sur l'unité de production n°1 a fait partie des gros travaux engagés dans le cadre de sa quatrième visite décennale. © EDF

Avec 7,3 millions d’heures de travail en 2021 (+14% par rapport à 2020), la centrale de Gravelines a connu une année extrêmement dense en termes d’activité de maintenance. Il faut dire que le site, dont la mise en service des six réacteurs s’est étalée de 1980 à 1985, travaille sur deux fronts actuellement : le début des quatrièmes visites décennales qui doit lui permettre, sous couvert de l’autorisation de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), de poursuivre son activité jusqu’à 50 années, mais aussi les travaux de sûreté engagés suite au retour d’expérience après l’accident majeur survenu à Fukushima, au Japon. «Une visite décennale sur un réacteur, c’est un check-up complet afin d’obtenir de la part de l’ASN une autorisation d’exploiter de dix ans supplémentaires. Cela représente environ 1 000 intervenants en phase d’arrêt de production, 25 000 activités de maintenance, et un programme industriel est cinq fois supérieur à celui de la troisième visite décennale», résume Emmanuel Villard, directeur du site.

La première des quatrièmes visites décennales a débuté sur le réacteur n°1. Elle doit se terminer courant 2022. Ce sera ensuite le tour du réacteur n°3. Dans un souci toujours accru de sûreté, elle aura été l'occasion de construire un nouveau dispositif de secours ultime actionnable depuis la salle de commandes et des nouveaux circuits de refroidissement résistants aux accidents extrêmes comme les tsunamis. Par ailleurs, le tambour filtrant l’eau de mer (76 tonnes, 15 mètres de diamètre) a été remplacé. C'était une première pour le site de Gravelines. 

Sécurité renforcée sur la digue

L'année 2021 aura également vu l’avancée des travaux décidés suite au retour d’expérience post-Fukushima. Il en est ainsi du système d’appoint en eau ultime pour refroidir les générateurs vapeur en cas d’agression naturelle extrême, dont les travaux doivent durer jusqu’à la fin de cette année. En outre, 60% des travaux de la nouvelle digue qui doit, à terme, totalement encercler le site nucléaire (3 km de protection périphérique et 4 à 4,5 m de hauteur) ont également été réalisés l’an dernier. 

Enfin, autre gros chantier : le remplacement des trois générateurs de vapeur sur l’unité de production n°6 qui, à eux seuls, ont nécessité 18 mois de préparation, l’intervention d’un millier de personnes et 250 000 heures de travaux.

L’ensemble des quatrièmes visites décennales ainsi que les travaux de sûreté, connus sous le nom de "grand carénage", doivent durer jusqu’en 2028, pour un coût de 4 milliards d’euros depuis 2014. Leur but ultime est, pour le site de Gravelines, d’approcher au plus près les niveaux de sûreté des réacteurs nouvelle génération et de prolonger la durée de vie de la centrale.

Deux EPR nucléaires nouvelle génération à Gravelines

Avec 2 523 emplois directs, 3 723 emplois indirects, 8 274 emplois induits, 93,6 millions d’euros de taxes et redevances versées et 106 millions d’euros dépensés dans des entreprises des Hauts-de-France, la centrale nucléaire est l’un des plus gros poumons économiques du territoire. Alors, forcément, la nouvelle de la construction de deux EPR nucléaires nouvelle génération à Gravelines à l’horizon 2040, annoncée par Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Industrie, le 10 février dernier, a été accueillie localement avec un grand enthousiasme. Dans un communiqué, Bertrand Ringot, maire de Gravelines, rappelle qu’il s’était mobilisé dès 2004 pour l’accueil d’EPR nucléaire dans sa commune. «Nous l’avons déjà démontré : vous pouvez compter sur le dynamisme des habitants du Dunkerquois et la mobilisation des acteurs locaux pour mener à bien ces projets structurants qui font de notre territoire le fer de lance national de la transition énergétique !», écrit-il. Patrice Vergriete, président de la Communauté urbaine de Dunkerque, salue, pour sa part, «une grande victoire pour le territoire, qui vient conforter le pari des énergies décarbonées que nous avons pris avant les autres, synonyme aujourd’hui d’une nouvelle expansion économique et de milliers d’emplois durables pour le Dunkerquois».