Politique de la Ville
Cédric Gouth, maire de Woippy
Natif de Sarreguemines, installé à Woippy depuis plus d’une décennie, d’abord adjoint au maire délégué aux sports, aux animations estivales et à Woippy Plage, maire depuis octobre 2017, Cédric Gouth est vice-président de la région Grand Est délégué au tourisme et de l’Eurométropole de Metz délégué au développement économique, président d’Inspire Metz. Il évoque le dynamisme woippycien.
De quelle manière gérez-vous votre commune ? Quelle est votre philosophie d’action ?
Venant
du monde de l’entreprise, je ne suis pas à la base un
professionnel de la politique. Quand François Grosdidier m’a
sollicité, j’ai dit oui à cette condition que si cela ne me
plaisait pas, j’arrêtais rapidement. Je me suis pris au jeu. Ma
façon d’agir, c’est d’être sur le terrain, à l’écoute, de
repérer et de récupérer les éléments objectifs et factuels qui
permettront de résoudre un problème, trouver une solution. A la
fin, il faut décider, faire des choix, mais rien ne se fait sans le
collectif. Le «tout vertical», je n’y crois pas. L’anticipation
est primordiale pour répondre aux grands défis que sont le
changement climatique, la mobilité, le cadre de vie. Il y a
nécessité de prendre l’humain dans sa dimension globale et son
environnement.
La
proximité avec vos administrés, c’est un facteur essentiel de
votre engagement ?
Bien
sûr, mais il faut réfléchir à des moyens de démocratie directe,
en inventer. En matière de rencontres avec les habitants, on a tous
en tête les traditionnels conseils de quartier. A Woippy, nous avons
instauré les visites d’élus dans les quartiers de la ville sur 14
zones. Je fais 28 visites par an : un contact direct avec les
habitants. Je dis toujours qu’un élu doit se mettre à la place de
celui qui est en face de lui. Cela permet de libérer la parole,
d’appréhender sans filtres les situations. Ces rendez-vous
prennent en compte les situations collectives et individuelles. On
peut ainsi activer des réseaux, des ressources, pour travailler sur
des problématiques quotidiennes. Et ça marche. Le maire et les élus
locaux en général demeurent le premier maillon de la représentation
démocratique dans les territoires. On a vu leur implication durant
la pandémie. Dans les temps actuels, difficiles et complexes, cette
mission républicaine contribue au vivre ensemble, à garder des
repères, à faire reculer le repli sur soi.
Comment
dessiner le visage de l’économie woippycienne ?
Woippy
est une smart city, une ville «intelligente». Un concept de
développement urbain qui vise à améliorer la qualité de vie des
citadins en rendant la ville plus adaptative et efficace. Sur notre
superficie de 15 km², qui comprend 55 % d’étangs et de zones
naturelles, on peut distinguer deux pôles économiques de
centralité. Le premier regroupe les commerces de proximité : une
offre pour les habitants comportant métiers de bouche, pressing,
restaurants, fleuriste, pharmacies… J’y ajouterai les professions
libérales, l’offre bancaire et de santé. Nous ne manquons pas de
médecins avec dix professionnels dans l’espace communal. Le second
est relatif à nos trois zones d’entreprises : BTP et industrie,
logistique, artisanat, commerces et bureaux. Woippy bénéficie des
atouts d’une ville centre, avec la proximité des axes
autoroutiers, du réseau Le Met’, de la gare de triage.
Harmoniser un développement urbain tendant à améliorer la vie des citadins avec une ville de services. © Guillaume RAMON
La
dynamisation et l’attractivité du territoire passent par son cadre
de vie ?
Nous
gagnons des habitants. Nous sommes aujourd’hui 15 000. De nombreux
chantiers ont été ouverts touchant à la sécurité, au cadre de
vie, à la propreté, à l’environnement, à l’action sociale, au
développement durable, à la citoyenneté, à la culture, aux
animations, au lien intergénérationnel. Le fil rouge est bien de
renforcer le caractère attractif, pour les habitants, pour les
arrivants potentiels et pour les entreprises. Un habitat nouveau,
moins en hauteur, les rénovations urbaines, le réseau de bus
métropolitain ont permis de décloisonner et de relier les
quartiers. La volonté est d’encourager l’accession à la
propriété, sur un territoire à forte densité d’habitat social.
Le cadre de vie, cela passe aussi par les animations que nous
organisons toute l’année, notre important tissu d’associations
et de clubs – une centaine -. Woippy se distingue par ses actions
de solidarité avec un futur espace dédié. Je prends cet exemple de
notre chef restaurateur woippycien, Anthony Pinato, gérant de
l’établissement messin Chez des amis, qui travaille en corrélation
avec notre CCAS pour concocter des repas pour nos seniors.
Favoriser le lien social et le vivre ensemble. © Guillaume RAMON
L’insertion,
la valorisation par le travail, un point clé ?
La
dignité de la personne et son épanouissement passent par la place
sociale, le travail, qu’elle trouve dans la société. Sur notre
territoire, on peut souligner les résultats obtenus. C’est bien,
mais ce n’est pas assez. Woippy, parmi les quartiers prioritaires
de la politique de la ville, a un taux de chômage de 20 %. Nous
avons voulu aller plus loin que les job dating ou les forums. La
Maison de l’emploi et de formation est un outil woippycien au
service des habitants et des entreprises. Située au coeur du
quartier Saint-Eloy, elle a pris un véritable envol ces dernières
années. Quand j’ai été élu maire, j’ai voulu renforcer son
action. Mon idée était «puisque les demandeurs d’emploi ne
viennent pas à nous, nous irons vers eux.» La MEF vise à apporter
des réponses concrètes aux demandeurs d’emploi, aux actifs en
reconversion professionnelle, aux créateurs d’entreprise, aux
étudiants en recherche de stage ou de job d’été, aux retraités
voulant compléter leurs revenus. 560 entretiens ont été réalisés
sur le premier semestre.
Qu’est-ce
qui a changé ces dernières années à Woippy ?
La
ville progresse. J’observe un vivre ensemble appréciable. Notre
économie de proximité est un formidable atout. Maire, j’ai
poursuivi ou achevé des chantiers, contribué à moderniser. Nous
partageons pour notre commune une ambition ancrée dans le réel. Il
ne faut pas également hésiter à s’inspirer du meilleur de ce qui
se fait ailleurs. Nous avons ici suffisamment d’énergies et de
talents pour regarder demain avec sérénité. La future piscine
métropolitaine à Woippy se centrera sur l’apprentissage de la
natation : c’est le rôle d’un service au public. L’état
d’esprit est le même pour la résidence seniors et le futur
service de garde ponctuel qui sera un service de proximité pour les
parents : être cohérent.
Quelles
ambitions futures pour la ville ? Comment l’imaginez-vous dans 10
ou 20 ans ?
Une
localité de 15 000 habitants se gère, sur bien des points, comme
une entreprise. Elle se manage. Cela n’exclut pas le respect de
chacun, personnel communal comme riverains. Lesquels désirent
davantage être acteurs des rouages de leur commune. Je crois à la
gestion directe. En somme, dialoguer et agir. Il ne faut pas tout
promettre ou promettre n’importe quoi, particulièrement sur les
questions économiques. On doit être capable de savoir dire non.
Tout n’est pas toujours réalisable. L’avenir de Woippy est
directement lié aux questions environnementales, à la gestion de
l’eau, à notre adaptation aux périodes de chaleur, à la façon
de nous déplacer, je pense au réseau de pistes cyclables. C’est
un immense enjeu. Il nous oblige. Dans la commune existe depuis plus
de vingt ans, l’opération «un enfant, un arbre». Pour chaque
bébé né ici, un arbre est planté à son nom, au parc du pâtis et
à Woippy Plage. Cela dépasse le cadre du symbole : c’est
l’avenir.
Propos recueillis par Laurent SIATKA
Un offre de commerces de proximité variée. © Guillaume RAMON