Politique de la Ville

Cédric Gouth, maire de Woippy

Natif de Sarreguemines, installé à Woippy depuis plus d’une décennie, d’abord adjoint au maire délégué aux sports, aux animations estivales et à Woippy Plage, maire depuis octobre 2017, Cédric Gouth est vice-président de la région Grand Est délégué au tourisme et de l’Eurométropole de Metz délégué au développement économique, président d’Inspire Metz. Il évoque le dynamisme woippycien.

Cédric Gouth travaille à la transformation de Woippy. © Guillaume RAMON
Cédric Gouth travaille à la transformation de Woippy. © Guillaume RAMON

De quelle manière gérez-vous votre commune ? Quelle est votre philosophie d’action ?

Venant du monde de l’entreprise, je ne suis pas à la base un professionnel de la politique. Quand François Grosdidier m’a sollicité, j’ai dit oui à cette condition que si cela ne me plaisait pas, j’arrêtais rapidement. Je me suis pris au jeu. Ma façon d’agir, c’est d’être sur le terrain, à l’écoute, de repérer et de récupérer les éléments objectifs et factuels qui permettront de résoudre un problème, trouver une solution. A la fin, il faut décider, faire des choix, mais rien ne se fait sans le collectif. Le «tout vertical», je n’y crois pas. L’anticipation est primordiale pour répondre aux grands défis que sont le changement climatique, la mobilité, le cadre de vie. Il y a nécessité de prendre l’humain dans sa dimension globale et son environnement.

La proximité avec vos administrés, c’est un facteur essentiel de votre engagement ?

Bien sûr, mais il faut réfléchir à des moyens de démocratie directe, en inventer. En matière de rencontres avec les habitants, on a tous en tête les traditionnels conseils de quartier. A Woippy, nous avons instauré les visites d’élus dans les quartiers de la ville sur 14 zones. Je fais 28 visites par an : un contact direct avec les habitants. Je dis toujours qu’un élu doit se mettre à la place de celui qui est en face de lui. Cela permet de libérer la parole, d’appréhender sans filtres les situations. Ces rendez-vous prennent en compte les situations collectives et individuelles. On peut ainsi activer des réseaux, des ressources, pour travailler sur des problématiques quotidiennes. Et ça marche. Le maire et les élus locaux en général demeurent le premier maillon de la représentation démocratique dans les territoires. On a vu leur implication durant la pandémie. Dans les temps actuels, difficiles et complexes, cette mission républicaine contribue au vivre ensemble, à garder des repères, à faire reculer le repli sur soi.

Comment dessiner le visage de l’économie woippycienne ?

Woippy est une smart city, une ville «intelligente». Un concept de développement urbain qui vise à améliorer la qualité de vie des citadins en rendant la ville plus adaptative et efficace. Sur notre superficie de 15 km², qui comprend 55 % d’étangs et de zones naturelles, on peut distinguer deux pôles économiques de centralité. Le premier regroupe les commerces de proximité : une offre pour les habitants comportant métiers de bouche, pressing, restaurants, fleuriste, pharmacies… J’y ajouterai les professions libérales, l’offre bancaire et de santé. Nous ne manquons pas de médecins avec dix professionnels dans l’espace communal. Le second est relatif à nos trois zones d’entreprises : BTP et industrie, logistique, artisanat, commerces et bureaux. Woippy bénéficie des atouts d’une ville centre, avec la proximité des axes autoroutiers, du réseau Le Met’, de la gare de triage.

Harmoniser un développement urbain tendant à améliorer la  vie des citadins avec une ville de services. © Guillaume RAMON

La dynamisation et l’attractivité du territoire passent par son cadre de vie ?

Nous gagnons des habitants. Nous sommes aujourd’hui 15 000. De nombreux chantiers ont été ouverts touchant à la sécurité, au cadre de vie, à la propreté, à l’environnement, à l’action sociale, au développement durable, à la citoyenneté, à la culture, aux animations, au lien intergénérationnel. Le fil rouge est bien de renforcer le caractère attractif, pour les habitants, pour les arrivants potentiels et pour les entreprises. Un habitat nouveau, moins en hauteur, les rénovations urbaines, le réseau de bus métropolitain ont permis de décloisonner et de relier les quartiers. La volonté est d’encourager l’accession à la propriété, sur un territoire à forte densité d’habitat social. Le cadre de vie, cela passe aussi par les animations que nous organisons toute l’année, notre important tissu d’associations et de clubs – une centaine -. Woippy se distingue par ses actions de solidarité avec un futur espace dédié. Je prends cet exemple de notre chef restaurateur woippycien, Anthony Pinato, gérant de l’établissement messin Chez des amis, qui travaille en corrélation avec notre CCAS pour concocter des repas pour nos seniors.

Favoriser le lien social et le vivre ensemble. © Guillaume RAMON

L’insertion, la valorisation par le travail, un point clé ?

La dignité de la personne et son épanouissement passent par la place sociale, le travail, qu’elle trouve dans la société. Sur notre territoire, on peut souligner les résultats obtenus. C’est bien, mais ce n’est pas assez. Woippy, parmi les quartiers prioritaires de la politique de la ville, a un taux de chômage de 20 %. Nous avons voulu aller plus loin que les job dating ou les forums. La Maison de l’emploi et de formation est un outil woippycien au service des habitants et des entreprises. Située au coeur du quartier Saint-Eloy, elle a pris un véritable envol ces dernières années. Quand j’ai été élu maire, j’ai voulu renforcer son action. Mon idée était «puisque les demandeurs d’emploi ne viennent pas à nous, nous irons vers eux.» La MEF vise à apporter des réponses concrètes aux demandeurs d’emploi, aux actifs en reconversion professionnelle, aux créateurs d’entreprise, aux étudiants en recherche de stage ou de job d’été, aux retraités voulant compléter leurs revenus. 560 entretiens ont été réalisés sur le premier semestre.

Qu’est-ce qui a changé ces dernières années à Woippy ?

La ville progresse. J’observe un vivre ensemble appréciable. Notre économie de proximité est un formidable atout. Maire, j’ai poursuivi ou achevé des chantiers, contribué à moderniser. Nous partageons pour notre commune une ambition ancrée dans le réel. Il ne faut pas également hésiter à s’inspirer du meilleur de ce qui se fait ailleurs. Nous avons ici suffisamment d’énergies et de talents pour regarder demain avec sérénité. La future piscine métropolitaine à Woippy se centrera sur l’apprentissage de la natation : c’est le rôle d’un service au public. L’état d’esprit est le même pour la résidence seniors et le futur service de garde ponctuel qui sera un service de proximité pour les parents : être cohérent.

Quelles ambitions futures pour la ville ? Comment l’imaginez-vous dans 10 ou 20 ans ?

Une localité de 15 000 habitants se gère, sur bien des points, comme une entreprise. Elle se manage. Cela n’exclut pas le respect de chacun, personnel communal comme riverains. Lesquels désirent davantage être acteurs des rouages de leur commune. Je crois à la gestion directe. En somme, dialoguer et agir. Il ne faut pas tout promettre ou promettre n’importe quoi, particulièrement sur les questions économiques. On doit être capable de savoir dire non. Tout n’est pas toujours réalisable. L’avenir de Woippy est directement lié aux questions environnementales, à la gestion de l’eau, à notre adaptation aux périodes de chaleur, à la façon de nous déplacer, je pense au réseau de pistes cyclables. C’est un immense enjeu. Il nous oblige. Dans la commune existe depuis plus de vingt ans, l’opération «un enfant, un arbre». Pour chaque bébé né ici, un arbre est planté à son nom, au parc du pâtis et à Woippy Plage. Cela dépasse le cadre du symbole : c’est l’avenir.

Propos recueillis par Laurent SIATKA 

Un offre de commerces de proximité variée. © Guillaume RAMON