CD de la semaine

CD de la semaine

Avishai Cohen & Yonathan Avishai

Avishai Cohen et Yonathan Avishai n’étaient encore qu’adolescents lorsqu’ils se sont découvert une passion pour le jazz à Tel Aviv et ont entrepris d’en explorer ensemble les territoires. Ils n’ont depuis jamais cessé de jouer ensemble, Yonathan participant notamment aux albums du groupe d’Avishai : Into The Silence et Cross My Palm With Silver. Ce premier album en duo débute sur de la musique originale composée conjointement par le trompettiste et le pianiste pour se conclure par une interprétation bouleversante de la berceuse “Shir Eres” du compositeur israélien Alexander Argov. Entre temps, Avishai et Yonathan improvisent sur des thèmes issus de la tradition du jazz. Par ailleurs, comme le sous-entend le titre de l’album, les deux musiciens ont très largement pris en compte le lieu de l’enregistrement, le fameux Auditorio Stelio Molo RSI de Lugano, faisant de ses résonnances acoustiques si particulières un acteur majeur du disque en une musique intimiste relevant sur bien des aspects de la musique de chambre.

Playing The Room (ECM).

 

Ibrahim Maalouf

Autoproduit, le 11ème album studio d’Ibrahim Maalouf s’inscrit dans une continuité musicale voulue par l’artiste, et dont les influences latino-américaines résonnent dès la première piste. Car, par le passé, Ibrahim a collaboré avec de nombreux artistes sud-américains comme Lhasa De Sela, l’incroyable voix mexicano-américaine qui avait charmé le monde avec The Living Road. Ibrahim Maalouf a également croisé la route et collaboré avec nombre d’artistes cubains dont Raul Paz, Ernesto Tito Puentes, Omar Sosa, Ibeyi, etc. Sur ce nouvel album, Ibrahim s’entoure d’invités de grand talent, notamment trois pianistes virtuoses de la nouvelle génération cubaine : Harold Lopez Nussa, Alfredo Rodriguez et Roberto Fonseca, mais aussi le saxophoniste Irving Acao et la violoniste et chanteuse Yilian Cañizares. Entre sonorités jazz et rythmes pop, Ibrahim Maalouf signe une musique libre et métissée, parfois nostalgique, mais toujours aussi séduisante…

S3NS (Mister IBE).

 

Jacky Terrasson

Après 30 ans de carrière, le pianiste Jacky Terrasson signe son 15ème disque en leader avec un magnifique recueil de pièces originales en forme de confession intime, transfigurées par un art du trio kaléidoscopique, porté à un niveau de maîtrise et de naturel digne des plus grands maîtres du genre. Jalon majeur dans sa déjà riche et prolifique carrière, cet opus s’apparente à une œuvre charnière dans laquelle le pianiste ose simultanément se plonger dans les méandres d’un retour sur soi assumé, à la fois tendre, apaisé et insidieusement mélancolique, tout en se projetant résolument dans l’inconnu en expérimentant de nouvelles collaborations riches de stimulants enjeux esthétiques. A l’image des musiciens qui l’accompagne, adeptes des chemins de traverse tels Géraud Portal (basse électrique), les batteurs Ali Jackson et Gregory Hutchinson, ou encore les contrebassistes Thomas Bramerie et Sylvain Romano. Un disque intimiste mais aventureux.

53 (Blue Note).

 

Enrico Rava & Joe Lovano

Enregistré en public à Rome en novembre dernier, cet album témoigne de la rencontre exceptionnelle entre le doyen du jazz italien, Enrico Rava, et le grand saxophoniste ténor américain Joe Lovano, dont les racines familiales sont siciliennes. Rava et Lovano forment ici un quintet tout feu tout flamme en compagnie du pianiste Giovanni Guidi, du batteur Gerald Cleaver, et de l’étoile montante de la contrebasse, Dezron Douglas. L’essentiel du programme se compose de quelques compositions originales parmi les plus appréciées des deux leaders – Enrico Rava apportant la délicatesse et la complexité de pièces comme “Interiors” et “Secrets” tandis que Joe Lovano signe avec “Forth Worth” un vigoureux blues texan qui évoque à la fois les énergies d’Ornette et de Dewey Redman. Le disque se conclut par un long medley qui traverse toute l’histoire du jazz moderne en réunissant le thème de Lovano “Drum Song”, l’hymne de John Coltrane “Spiritual” et le standard intemporel “Over The Rainbow”.

Roma (ECM).