Carbo France en chemin vers une usine 4.0

La direction de l’entreprise Carbo France spécialisée dans la production de charbon végétal et implantée sur son site historique de Montiers-sur-Saulx construit son avenir en préparant les bases de sa future usine, résolument plus moderne. Une nouvelle ère se prépare.

L’objectif de la direction est de quitter le site vieillissant pour construire ailleurs une usine résolument plus moderne. © : Carbo France
L’objectif de la direction est de quitter le site vieillissant pour construire ailleurs une usine résolument plus moderne. © : Carbo France

Le projet de déménagement et de reconstruction d’une unité de production n’est pas nouveau. Il commence même à dater. Un plan A avait d’ailleurs été annoncé publiquement il y a quasiment dix ans avec une volonté pour la direction de Carbo France de poser ses valises sur le site voisin de Bure-Saudron. 

Mais les coûts de construction ont fait exploser la facture avec comme conséquence de «mettre un coup de frein au dossier», confie Nadège Simon, gérante depuis dix-sept ans de l’entreprise meusienne. La dirigeante a donc décidé d’étudier une autre solution, un plan B, sachant que l’objectif reste le même : quitter le site actuel composé d’une unité de 16 fours vieillissants. 

L’enjeu est de changer l’outil pour entrer dans une ère plus moderne, tournée vers la transition énergétique et écologique, le tout en augmentant sa production. Deuxième producteur français de charbon de bois végétal, l’usine meusienne produit actuellement 10 000 tonnes de charbon par an. Le futur investissement vise à passer un nouveau cap et à multiplier par trois la production. Les demandes sont nombreuses avec de nouveaux débouchés développés par l’agriculture (autour du biochar et ses vertus agronomiques) mais aussi l’industrie qui cherche à tout prix à entrer dans une phase de décarbonisation pour éviter de payer des taxes et ainsi de remplacer le charbon minéral. Impossible de répondre à toutes ces nouvelles demandes sur le site actuel. 

Pour préparer le déménagement, une unité pilote est testée depuis près de huit ans. Au total, cinq millions d’euros ont été injectés pour justement finaliser et améliorer ce prototype. Ce travail engagé avec des bureaux d’études internes et extérieurs mais aussi des partenaires dont le CEA depuis 2016 continue de mobiliser Nadège Simon et ses équipes. Actuellement la phase 4 de recherche et développement se termine.


Échéance 2026

Une cinquième phase est actuellement envisagée, ce qui signifie «un temps masqué», mais pas une perte de temps pour Carbo France qui prépare son avenir. Ainsi, la construction de la nouvelle ligne dépendra des résultats de cette phase 5 avec une échéance sur trois ans. D’ici là, deux sites géographiquement proches sont à l’étude et en concurrence. 

Les procédures administratives sont lancées en lien avec la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) dans le cadre des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Pour ce projet ambitieux, la cheffe d’entreprise sait qu’il faudra mobiliser entre 30 et 40 millions d’euros pour faire naître une usine 4.0 «Nous sommes à un tournant, dans une période d’action et de transition qui doit nous conduire à une prise de décision prochaine.» Des décisions qui seront prises collectivement par Nadège Simon, entourée de ses équipes. 

Depuis 2007, dix personnes sont venues renforcer les bureaux malgré une stagnation de la production. Actuellement, 60 000 tonnes de bois sont nécessaires pour produire 10 000 tonnes de charbon. Avec la future unité de production, Carbo France devra trouver localement 140 000 tonnes de bois pour multiplier par trois sa production, soit un gain de 25 %. 

L’effectif devrait rester toutefois stable autour de 38 emplois pour la nouvelle usine qui sera plus automatisée. Après avoir connu de grandes difficultés comme l’ensemble du secteur industriel pour recruter depuis le Covid, l’entreprise souffle enfin depuis le début d’année. Des CV sont arrivés en nombre et des postes d’opérateurs de production ont enfin été pourvus. Dans la future usine, bien plus moderne, l’attractivité en ressources humaines devrait se renforcer pour un site de production qui ne dort jamais : 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Place à la dernière ligne droite.