Campus Ynov fait évoluer la formation aux métiers de la cybersécurité
Le campus Ynov est installé à Lille depuis trois ans désormais et déménage petit à petit à Croix. Ses formations autour des métiers du numérique sont de plus en plus agrémentées par l’intelligence artificielle et la filière cybersécurité prend une place toujours plus importante, au fil de la prépondérance de ce secteur dans la vie quotidienne. Explications avec Matthieu Bouton, directeur du campus Ynov de Lille.

Le campus Ynov de Lille continue son évolution, trois ans après son arrivée dans la capitale des Flandres. Dernièrement, l’école spécialisée dans le secteur numérique notamment, a inauguré ses nouveaux locaux à Croix, à quelques mètres à peine de Decathlon, afin de s’implanter toujours plus dans la région, et d’avoir un campus à la hauteur des douze autres écoles installées dans toute la France. Et pour accentuer cette évolution au sein de l’établissement, la place de la cybersécurité a été réévaluée, avec désormais une spécialisation sur ce sujet dès la 1re année.
Une évolution qui suit la marche du monde selon Matthieu Bouton, directeur de Lille Ynov Campus, puisque «la cybersécurité est un sujet important socialement. Toutes les entreprises, structures et collectivités subissent de plus en plus de cyberattaques et il y a un besoin toujours plus grand en protection des systèmes informatiques». Le campus de Lille s’investit énormément sur cette formation, avec la volonté de devenir «leader sur ce domaine». Pour y parvenir, Ynov a signé cette année un partenariat avec la plateforme Hack The Box, «déjà reconnue nationalement, voire mondialement pour son expertise en cybersécurité» et un autre avec Seela, où les étudiants peuvent faire des exercices en cybersécurité.
Un affermissement des liens avec les entreprises locales
Pour continuer à solidifier sa présence dans la formation en cybersécurité, les 13 campus Ynov ont pu bénéficier, avec l’apport d’Opco Atlas – opérateur de compétences des entreprises et salariés des services financiers et du conseil – de salles cyber nommées CyberWaRooms afin de former au mieux la quarantaine d’étudiants de cette filière, de la 1ère à la 5e année, sur les 460 que compte l’école lilloise et de les plonger dans des situations réelles de gestion de crise cyber. En plus de la formation en elle-même, l’objectif de Matthieu Bouton avec cette salle CyberWaRoom est «d’organiser ce qu’on appelle des 'bug bounty'». Par exemple, des entreprises demandent un audit à une société de cybersécurité, qui cherche les failles de sécurité dans le fonctionnement informatique, et cela aide à la fois l’entreprise, qui assainit son système informatique, et les étudiants, qui travaillent en conditions réelles. Les étudiants du campus de Lille l’ont déjà fait, mais de façon sporadique, notamment avec Le Fourgon, la société régionale spécialisée dans la livraison de produits consignés à domicile et au bureau.
Le directeur du campus lillois souhaite également ouvrir cette fameuse salle cyber aux entreprises, afin qu’elles s’approprient le lieu et gèrent, toujours en lien avec les étudiants, leur système informatique. En plus de cela, Ynov a des partenariats avec l’Armée de Terre et la Gendarmerie Nationale, avec par exemple la création d’écosystèmes propres à la Gendarmerie Nationale pour qu’ils puissent s’entraîner à lutter contre des attaques cyber.
Qui
dit cybersécurité dit aussi intelligence artificielle. Et depuis
l’avènement de Chat GPT et des autres IA, «le programme
pédagogique a été chamboulé». La
position d’Ynov sur ce sujet est simple : «c’est
un outil qu’il faut savoir maîtriser pour les étudiants, et
demain, ce
sera un incontournable dans leurs
compétences». A
tel point que depuis peu, l’intelligence artificielle fait partie
du tronc commun pour
les étudiants
dès la première année, avec
un
cours nommé
«l’art
du prompt» – qui
consiste à fournir une
série de données à un système d’IA, qui les
utilise
pour générer des réponses – auquel
s’ajoute une aide au code avec l’IA dans les filières
informatiques. Pour
gérer le programme pédagogique face aux changements perpétuels et
presque journaliers sur ce sujet, l’école s’informe «auprès
des entreprises pour mesurer leurs
attentes
et recueillir les
besoins et les compétences recherchées» pour
mettre les
étudiants dans
les meilleures conditions possibles, dans l’optique de les lancer dans le
monde du travail.
Une
lente féminisation de la filière informatique
Les filières informatiques de nombreux secteurs de formation restent majoritairement masculines, et Campus Ynov ne fait pas exception. Dans sa formation cybersécurité, moins de 10 % des effectifs sont des étudiantes et l’école tente de remédier à cela en mettant en place, en lien avec la Fondation de France, une bourse spécifiquement dédiée aux filles qui se sont inscrites dans la filière informatique, pour aider à leur insertion dans cette filière. S’ajoute à cela la mise en place d’un challenge «uniquement pour les filles, sur des concours style EC2 Capture The Flag. C’est quelque chose dont on est très fiers», explique Matthieu Bouton.