Calais commence un débat sur sa façade maritime

Calais veut soigner sa façade maritime. Avec le projet d’aménager les abords de la plage entre le fort Risban et la digue en intégrant les bassins, la ville veut combler les trous entre la place d’Armes, dont la requalification est en cours, et la plage. Un palais des congrès sera l’élément structurant de ce nouvel espace urbain dont les aménagements ont commencé à être discutés avec la population. Retour sur une réunion publique et une négociation mal engagée.

Projections d’aménagement urbain par le cabinet Arc-Ame.
Projections d’aménagement urbain par le cabinet Arc-Ame.

 

Réunion publique relative aux aménagements des abords du front de mer et du fort Risban, le 27 août à Calais.

Réunion publique relative aux aménagements des abords du front de mer et du fort Risban, le 27 août à Calais.

La négociation est serrée, entre la ville de Calais, la communauté d’agglomération du Calaisis, la CCI et le Conseil régional. Les abords du front de mer forment des terrains d’une importance urbaine centrale pour l’agglomération et la ville qui veulent se lancer dans la réalisation d’un palais des congrès d’une capacité de 3 500 places. Mais le foncier appartient à la Région. De l’autre côté de la ville, zone d’activité des Dunes, la ville possède des terrains qui doivent s’intégrer au projet Calais port 2015, financé par la Région et porté par la CCI Côte d’Opale. Le deal a été maintes fois répété par Natacha Bouchart, sénatrice-maire de la ville : “On n’a toujours pas de réponse de la Région pour la vente ou l’échange de ces terrains. Tant qu’on a pas les terrains, on ne peut pas imaginer la suite.” Pourtant, les 250 personnes présentes lors de la réunion publique ont pu découvrir des scénarios d’urbanisation du périmètre concerné. L’agence Arc-Ame, missionnée par la ville pour plancher sur l’avant-projet, a dévoilé quelques images qui montrent de nouvelles voies, certaines rétrécies, un parvis réhabilité, des chemins “doux” formant un parcours pour piétons, d’autres pour vélos… Arborés, les espaces valorisent l’arrivée vers le front de mer qui constitue la destination naturelle des badauds.

Projections d’aménagement urbain par le cabinet Arc-Ame.

Projections d’aménagement urbain par le cabinet Arc-Ame.

Des habitants prudents… Deux grands parcs urbains prennent place entre les allées qui donnent sur des “portes” vers la digue de mer. L’aspect paysager repose sur une reconstitution d’espaces dunaires dont la référence esthétique est le platier d’Oye. L’ambition esthétique amène Carole Vilez, du cabinet Arc-Ame, à comparer Calais à Oslo, Copenhague, Yokohama, ou encore Séoul, où les architectes imaginent les toits comme des espaces publics. “La plage est la tête de la ville, le haut de la colonne verticale. Cet espace est une évidence. (…) Le parcours se veut ludique et poétique.” Mais Calais ne compte que 73 000 habitants et les habitants, visiblement favorables à une requalification urbaine, restent vigilants sur les impacts potentiels sur leur cadre de vie. “Nous avons des interrogations sur le bâti. Quelle hauteur ? Le centre de congrès a l’air acceptable mais pas la tour… Qu’en est-il de l’hôtel dont vous parliez, il a quelques mois ?” a demandé un habitant qui réside à proximité de la plage. “Nous avons réduit la hauteur maximale de construction dans le nouveau plan local de l’urbanisme. Il n’y aura rien audessus de 15 mètres”, a répondu Natacha Bouchart. Concernant l’hôtel, il devrait se tenir dans le centre de congrès et comprendre entre 100 et 150 chambres. Une contrainte forte : ses chambres doivent donner sur la mer (au nord) ou sur le port (à l’est). Un autre habitant s’est interrogé sur le foncier : “On n’a pas vu beaucoup de sondages sur l’espace du centre de congrès. Que trouverat- on quand on décaissera ? Vous parliez de 40 000 m² à construire, qu’en est-il aujourd’hui ?” La réponse est venue – tout bas – d’un proche du dossier : “Il ne peut pas y avoir d’habitat. Le centre de congrès, ce sont les derniers 5 000 m² que l’on peut construire.” Un dernier habitant, favorable au projet, a néanmoins prévenu :”C’est le front de mer, ne vous ratez pas. On a déjà une expérience malheureuse avec le centre commercial des 4B.” En l’état, le chiffrage budgétaire n’est pas conclu mais Philippe Blet, président de Cap Calaisis, avait parlé d’une cinquantaine de millions d’euros pour le centre de congrès. Avec les aménagements, la voirie et la VRD, la note pourrait doubler.