«Une activité pour faire plaisir et se faire plaisir»

Après plus de 30 ans de carrière dans la métallurgie, Jean-Bernard Barlet s’est installé en tant que fabricant d’objets en bois. Une vieille passion qui lui a ouvert les portes d’une reconversion.

«Une activité pour faire plaisir et se faire plaisir»

D.R.

Basé à Camblain-l’Abbé, entre le Bruaysis et l’Arrageois, Jean-Bernard Barlet a installé son atelier à l’arrière de son habitation dans un chalet, forcément, qui sent bon le bois… «Au départ, je travaillais dans mon sous-sol mais il me fallait plus de hauteur de plafond, plus d’espace pour déployer les machines, stocker la matière première… L’idée du chalet m’est venue naturellement», explique à ce sujet l’intéressé. Ce dernier a créé Cœur de bois, il y a trois ans maintenant, à l’orée de la soixantaine, et ce choix est intervenu après un licenciement. L’ancien métallo avait, suite aux réformes législatives récentes, vu repousser son départ à la retraite. «J’ai choisi de créer mon activité car cela correspondait à une envie personnelle. Je me suis découvert une passion pour cette matière lorsque j’ai obtenu un diplôme de technicien mouleur sur bois il y a très longtemps. A l’époque, cette formation m’a inculqué la fabrication de moules en bois utilisés en fonderie.» 

En parfait autodidacte, Jean-Bernard Barlet a peaufiné sa technique et appris à manier avec  précision le ciseau, le tour, la scie à ruban ou encore la défonceuse. Petit à petit, il a investi dans un outillage de plus en plus performant. 

 

Connaître les essences. Jouets, objets de décoration, stylos…, Jean-Bernard Barlet ne manque pas d’inspiration et il parvient avec ses mains expertes à faire vivre la matière. «J’essaie de proposer des choses uniques, des idées de cadeaux originaux…  Ma volonté reste de produire des pièces en petites séries, qu’on ne jette pas car elles ont une âme. Les jouets, tels qu’un cheval à bascule ou une toupie, peuvent susciter, par exemple, une certaine nostalgie», précise Jean-Bernard Barlet. Ce dernier construit et répare des jeux anciens qu’on trouvait jadis dans les estaminets de la région. «J’en possède d’ailleurs plusieurs que je loue. Par effet de bouche-à-oreille, il y a aussi des personnes qui m’ont contacté afin que je remette en état leurs jeux. Il s’agit d’un créneau intéressant pour développer mon activité», indique-t-il. 

Il transforme plus d’une vingtaine d’essences de bois différentes, chacune ayant ses caractéristiques, et n’hésite pas à expérimenter des choses. «J’aime surprendre, par conséquent je souhaite innover. J’apprécie aussi particulièrement travailler à partir de bases d’acacia et de bois issus d’arbres fruitiers, comme le poirier. En ce qui concerne les jouets, j’utilise souvent du hêtre.»

 

Transmettre la fibre. Son activité implique aussi de relever parfois de sacrés challenges pour un seul homme. Ainsi, à ses débuts d’entrepreneur, on lui a commandé un 19 décembre un moulin à vent de 80 cm de haut qu’il a livré… le 24 au soir, une anecdote qu’il garde encore en tête : «Le pari était osé. J’exposais sur le marché de Noël à Aubigny-en-Artois et on m’a demandé si c’était faisable. J’ai accepté… Se fixer ce genre de défi est important, une pièce de ce type réclame de nombreuses heures de boulot. Il faut aller loin dans les détails. Ce métier place la relation humaine au cœur des échanges. Je rencontre souvent des amoureux du bois et il faut bien souvent que se noue une complicité entre le client et moi. La confiance doit s’instaurer et il faut cerner les souhaits de mon interlocuteur. De plus en plus de gens viennent me revoir, c’est plutôt bon signe. Mon leitmotiv reste de faire plaisir et me faire plaisir»,  constate Jean-Bernard Barlet.     

Particuliers, comités d’entreprise, professionnels, il vise une clientèle large et, afin de se faire connaître, il participe volontiers à tous les événements artisanaux et commerciaux locaux. Elargissant progressivement sa zone de chalandise et accroissant progressivement sa notoriété, notre homme rayonne désormais sur un territoire comprenant le Béthunois, le Ternois, l’Arrageois ou le Bruaysis, et cela correspond, en général, à deux expositions par mois. A chaque manifestation, il n’hésite pas à montrer l’étendue de son savoir-faire en réalisant, sous les yeux du public, des objets divers et variés.  Cette manière de procéder permet de partager avec les gens une passion et de transmettre, pourquoi pas, la fibre pour le travail du bois. A ce sujet, Jean-Bernard Barlet n’hésite jamais à ouvrir son atelier.

En avril, il ouvrira les portes de son atelier à l’occasion des Journées européennes des métiers d’art. Transmettre le savoir reste également une préoccupation et il arrive que des jeunes en quête d’orientation professionnelle viennent l’observer à la tâche.