«Nous devons faire plus en termes de développement d'entreprises»
A quelques jours de l'ouverture du salon Créer 2016, la vice-présidente en charge de la formation et des relations avec les entreprises a répondu aux questions de notre journal. L'occasion de faire le point tant sur les intentions du nouvel exécutif à l'égard du devenir de ce salon que sur ses priorités en matière de politique économique.
La Gazette. Le Salon Créer en est cette année à sa 10e édition. La région Nord – Pas-de-Calais avait un dispositif Programme régional de la création
et de la transmission d’entreprise (PRCTE) depuis 2001. Quelle est votre sentiment à l’égard de cette politique ?
Karine Charbonnier. Le Programme régional création transmission d’entreprise (PRCTE), initié en 2001 en partenariat avec l’Etat, la Caisse des dépôts et les Conseils départementaux (du Nord et du Pas-de-Calais), a eu pour ambition de rattraper le retard constaté en termes de création d’entreprises. En 2001, avec un taux de 19 créations pour
10 000 habitants, le Nord − Pas-de-Calais était la dernière des 26 régions françaises en matière de créations d’entreprises (ex æquo avec la Région Picardie), alors qu’au niveau national ce taux était de 35 pour 10 000. De 2001 (7 700 créations) à 2015 (22 000 créations), le Nord − Pas-de-Calais a enregistré une hausse de 185% du nombre de créations d’entreprises. C’est un dispositif qui a été efficace en termes de créations d’entreprises, mais nous devons faire plus en termes de développement des entreprises. Nous souhaitons donc enrichir cette politique d’un volet d’accompagnement à la croissance, qui permettra de créer davantage d’emplois.
Le leitmotiv de votre programme, c’est l’emploi. Le salon Créer, dont le fil conducteur de l’édition 2016 est «Développer votre entreprise et vos projets», s’inscrit-il dans cette perspective ?
Ceux qui créent de l’emploi, ce sont les entreprises, au stade de leur création, mais surtout lors de leur développement. La Région s’est exprimée pour que la thématique du salon Créer soit élargie à toutes les entreprises dans toutes les phases de leur croissance et de leur développement. L’emploi est au cœur de notre projet pour les Hauts-de-France. Nous sommes aux côtés des demandeurs d’emploi et de formation professionnelle, nous sommes aux côtés de ceux qui créent du travail, de la valeur. Nous avons mis en place différents outils pour lever les barrières à l’emploi. Proch’emploi, qui met en relation demandeurs d’emploi et employeurs, est au service des entreprises qui ont besoin de recruter. La Région aide aussi les TPE et les PME pour toute nouvelle création d’emplois d’un salarié à temps plein, en CDI ou en CDD, à 25% du montant des charges patronales. Nous sommes intervenus sur des dossiers difficiles concernant des entreprises de notre région, avec des emplois en jeu, comme nous soutenons des projets innovants et créateurs.
Par rapport à ce qui a été fait jusqu’à présent, actions engagées, manière de travailler, angles traités…, quelles modifications ou évolutions envisagez-vous d’apporter ?
Nous avons d’abord lancé une grande consultation en direction des acteurs du développement économique régional pour coconstruire les orientations de la feuille de route des Hauts-de-France. Celle-ci prendra fin le 15 septembre, ensuite démarreront des rencontres territoriales autour de sept thèmes. L’objectif final de cette démarche est d’adopter le schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation d’ici la fin de l’année. Notre but est de capitaliser sur les actions les plus efficaces menées en faveur de la création et de la reprise d’entreprises dans les deux anciennes Régions, afin de construire un parcours harmonisé en direction des porteurs de projet avec trois objectifs : ouverture sur le monde économique, simplicité et efficacité.
Le travail a bien sûr déjà commencé. Nous avons engagé de grandes consultations sur les politiques de l’apprentissage, de la formation. Xavier Bertrand a aussi demandé au président de la République que les Hauts-de-France deviennent une zone franche réglementaire pour plus de souplesse, plus de marge de manœuvre en matière d’urbanisme et d’environnement pour les entreprises. Nous voulons qu’ensemble, nous puissions bâtir un écosystème favorable à la création et au développement.
Le PRCTE était un programme fort sur le Nord – Pas-de-Calais et plus limité sur la Picardie. Quel type de déploiement prévoyez-vous au niveau des Hauts-de-France ?
L’objectif est de finaliser rapidement l’harmonisation des dispositifs et de les déployer afin de maximiser la création d’entreprises et d’emplois. Nous ne négligerons aucun territoire des Hauts-de-France.
Le salon Créer est un salon régional Nord – Pas-de-Calais, et même surtout métropolitain. Peut-il devenir le grand salon Créer avec une dimension réellement Hauts-de-France ?
Cette année 2016, année de la 10e édition, est particulière car marquée par la fusion des deux anciennes Régions. Nous encourageons la participation de tous. Les habitants issus de l’ex-Région Picardie ont accès aux billets de TER pour venir au salon. Une réflexion a d’ores et déjà été engagée pour imaginer les suites du salon Créer, ce qui inclut une évolution quant à sa couverture territoriale. Je souhaite qu’il puisse bénéficier à tous les acteurs de l’économie et de l’emploi des Hauts-de-France.
Dans votre programme, vous avez émis l’idée de créer des guichets uniques pour les entreprises. Auront-elles un volet “maison de l’entrepreneuriat” ?
Les antennes de la Région Hauts-de-France ont vocation à accueillir tout type de publics, y compris, bien sûr, les porteurs de projet et les entreprises. Ils y recevront toute l’information nécessaire pour avancer dans leurs projets et bénéficier des appuis financiers pour se développer.
En matière de densité entrepreneuriale, la région Hauts-de-France est à l’avant-dernière place des 13 nouvelles régions : que comptez-vous faire pour améliorer ce classement ?
La Région était 10e ex æquo avec deux autres Régions (Grand-Est et Bourgogne − Franche-Comté) sur 13 en nombre de créations pour 10 000 habitants (avec un chiffre de 54) en 2015. Elle était également 6e sur 13 en nombre de créations. On peut effectivement toujours faire mieux, et les mesures évoquées ci-dessus vont y contribuer. Dans ce sens, nous menons également un travail important de sensibilisation à la prise d’initiative auprès des jeunes, notamment lycéens et étudiants, afin qu’ils soient conscients très tôt de ce que l’esprit d’entreprise peut apporter de positif dans leur vie. Nous nous appuyons également sur des acteurs dédiés, en lien notamment avec le rectorat et les universités.
La création, c’est bien ; la transmission, c’est bien aussi. Quelles mesures souhaitez-vous prendre pour (re)lancer la transmission ?
D’ici cinq ans au moins, 30 000 établissements auront vocation à être transmis. Il s’agit donc bien d’un sujet à prendre en considération et à encourager dans le cadre des dispositifs régionaux. La transmission fait partie de la vie d’une entreprise, elle est un outil en faveur du maintien de l’emploi, une alternative intéressante à la création et peut constituer une autre forme de développement pour une entreprise en croissance. La sensibilisation des repreneurs potentiels ainsi que des chefs d’entreprise, bien en amont de la transmission, est essentielle pour encourager la reprise d’entreprises. L’objectif est de sensibiliser, d’informer les porteurs de projet des opportunités de reprises sur le territoire et de les accompagner dans leurs démarches. Un créateur peut aussi être un repreneur qui s’ignore. La formation professionnelle, notamment celle des futurs chefs d’entreprise, est aussi un outil essentiel pour la création et la transmission. La Région accompagne les demandeurs en adaptant la formation à leurs besoins, aux compétences requises.
Le panorama des structures impliquées dans la création-transmission-reprise d’entreprise est vaste. Trop vaste ? Comment amplifier leur partenariat avec la Région et entre elles ?
Les acteurs de proximité sont importants. Ils se sont structurés dans leur très grande majorité en réseau afin d’assurer une cohérence entre leurs interventions respectives. Simplicité et efficacité sont en effet les objectifs que nous poursuivons dans la refondation de la politique régionale, et nous partageons le diagnostic d’un panorama trop compliqué pour être lisible. La Région, désignée chef de file du développement économique dans le cadre de la loi NOTRe, doit en lien avec les différents acteurs sur le terrain pour définir une ligne directrice, afin d’être au service des entreprises.
“Salon Créer”, ne serait-ce pas une appellation trop limitative ?
Lors de la création du salon, le sujet principal était celui de la création d’entreprise compte tenu d’une culture entrepreneuriale insuffisamment développée. La question se pose aujourd’hui. Nous voulons donner un nouvel élan à ce salon et en faire un lieu qui accompagne la création et le développement des entreprises et des projets.