«Nous avons repris pour créer un processus de conception intégrée»

Deux ingénieurs férus d’aménagement, d’infrastructures et d’environnement, unissent leurs efforts depuis mars 2013 pour pérenniser une place de leader en ces domaines. Cette reprise conviviale permet aujourd’hui à Osmose de devenir le guichet unique de l’élu.

Aménagements environnementaux purs, sans doute une future croissante demande des EPCI.
Aménagements environnementaux purs, sans doute une future croissante demande des EPCI.

La Gazette. Quels sont votre formation et votre parcours professionnel avant cette reprise ?

 

D.R.

François Rousseau (à gauche) et Richard Caron, un tandem à la tête d’Osmose.

François ROUSSEAU. Richard Caron qui est mon associé, et moi, étions salariés d’Osmose avant la reprise. Richard via sa formation et son vécu est plus axé sur le développement et le commercial et moi plus sur la vie de l’entreprise, l’organisation et l’évolution. Moi j’ai été chanceux. J’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur ISA Lille dans la catégorie paysagiste «Itiape», en alternance à Osmose du temps du fondateur-cédant. J’ai fait mon premier stage ici puis toutes mes classes, à la fois ma formation concrète et mon parcours en entreprise. Richard aussi. Voilà donc 15 ans d’Osmose où j’ai été depuis 1997 co-dessinateur, ingénieur chargé d’études, responsable de projet puis du pôle Etudes, responsable du développement d’un secteur géographique puis responsable d’exploitation grand Nord, donc dans le management jusqu’en 2013.

 

Quel a été le facteur déclenchant votre volonté de rependre une entreprise ?

 

Avec Richard on voyait qu’on avait de plus en plus de responsabilités, le cédant s’approchant de la retraite. Disons qu’on songeait parfois à créer ou reprendre. Mais ce n’était pas une obsession, juste une éventualité plaisante. Çà s’est arrangé tout seul ! J’avais demandé à m’investir plus, les promotions suivaient car le directeur avait son idée… Je n’avais jamais fait plus de deux ans le même métier dans Osmose, j’en connaissais tous les rouages et à chaque fois, l’entreprise progressait. En fait, le cédant nous a mis en orbite et tâtait le terrain. En 2011, à 58 ans, il a enfin proposé de réfléchir à une reprise. Richard et moi, on avait la trentaine, mais le directeur se donnait un an pour conclure. Bref, on était très confiants puisqu’on connaissait Osmose de A à Z et l’activité.

On a hésité un peu entre créer et reprendre. Un stage très formateur du BRE m’a fait découvrir que j’avais déjà 15 ans d’expérience dans cette SAS à rependre alors pourquoi aller créer quelque chose ailleurs ? Pour perdre ces 15 ans ?

 

D.R.

La refonte du Stadium Nord, un très beau chantier !

Quelles actions avez-vous menées dans votre carrière pour vous faire penser que vous étiez capables de reprendre une entreprise ?

 

On restait dans nos métiers avec une formation très entrepreneuriale. C’était comme un poisson dans son bocal, très à l’aise, alors pourquoi changer de bocal, autant y rester et le racheter. On connaissait le personnel, les marchés et on ne cessait de se développer avec plein de projets innovants dans une bulle développement durable en expansion. On était aussi capable de le faire en tant que patrons.

 

Quels ont été vos partenaires durant cette reprise ?

 

La CCI Grand Lille avec le BRE, le cabinet Pro Akyes avec Didier Trolet, le cabinet CTN qui a surtout travaillé sur la valorisation, deux banques, LMI et le réseau entreprendre et Me Roussel, notaire.

 

Combien de temps entre l’idée de la reprise et la clôture ?

 

Deux ans, un an de négociations et un an de transmission. En décembre 2010, en comité de direction, le cédant déclare vendre, en septembre 2011 lettre d’intention, en décembre 2011 signature du protocole, en décembre 2012 retraite du cédant et en mars 2013 passage final chez le notaire.

 

Sur quels critères avez-vous estimé la valorisation de l’entreprise ?

 

Sur notre capacité de financement et de remboursement. Nous étions limités financièrement puisque simples salariés puis cadres.

 

Au final, comment avez-vous trouvé l’entreprise reprise ?

 

Nous savions tout d’elle. Le cédant-fondateur était un patron classique, avec de l’autorité et une forte personnalité, avec des choix clairs et forts, extrêmement loyal et cohérent. Il a joué le jeu de A à Z, il faut dire qu’on se connaissait tous et qu’on avait traversé les mêmes périodes ensemble avec à chaque fois un «plus» pour l’entreprise. Le CA sortant était de 1,7 M€, Osmose comptait 16 salariés avec une majorité de techniciens et ingénieurs. La cession s’est admirablement passée entre les cabinets, nous étions avec Richard encore salariés un an, il a fallu se mettre dans la peau de futurs dirigeants et en même temps assurer le quotidien. Tout a été clair y compris les questions financières avec une petite spécificité, Osmose maniait une lourde trésorerie. Le personnel a appris en novembre 2012 la cession avec satisfaction, on était en fait une collectivité !

 

Osmose était très structurée sur un marché grand régional de conseil et maîtrise d’œuvre dans l’installation sportive et l’environnement, deux niches, avec des techniques exportables dans d’autres métiers. Puis l’activité a progressé et s’est diversifiée. Il manquait une dimension, comment passer d’une TPE à un BE de 20 personnes ? On commençait à s’essouffler, on ne pouvait pas rivaliser avec de petites structures ni les grands, or déjà le marché se concentrait. On s’y retrouvait mais au prix d’une gymnastique car avec 20 personnes, comment gérer 150 dossiers ? Il fallait un tableau de bord. Le cédant avait les capacités mais plus l’envie, bref sur les grandes orientations, on était d’accord d’autant qu’Osmose était déjà leader et pionnier national sur plusieurs marchés. On est tout près aujourd’hui de la bonne taille.

 

D.R.

Aménagements environnementaux purs, sans doute une future croissante demande des EPCI.

Quels sont vos projets pour Osmose ?

 

Des réaménagements internes en marketing et informatique, décloisonner les services, etc. Naviguer dans nos eaux propres donc ne pas faire du Chinois mais de l’ingénierie de qualité avec nos techniques. Assumons tout, du constat à l’action. En milieu naturel, cette ingénierie globalisée n’est pas encore très développée. Or les EPCI vont avoir besoin de nous ! Notre ADN c’est de marier les contraintes administratives nécessaires avec le résultat final en étant passé par toutes les études, les solutions, les gains en coûts, les nouveautés techniques, bref un vaste éventail de conseils en cadre de vie, démarches naturelles, écoconstruction. Ne pas opposer écologie à économie et offrir à l’élu un guichet unique. C’est de la pluridisciplinarité en maîtrise d’œuvre et ingénierie préalable. Nous visons 2 M€ avant 2019 et le renforcement de nos points forts, en leadership en sport professionnel (le LOSC et Luchin, la rénovation en cours de Geoffroy-Guichard à Saint-Etienne par exemple) et en paysager avec le Parc Barbieux ou d’autres. Il faut des marchés importants, on les aura un jour. Osmose essaime, on est au Maroc, au Sénégal, on a un plan belge…

 

Trois conseils à donner à un candidat repreneur ?

 

S’entourer de cabinets compétents, solliciter des contre-avis, se faire sa propre opinion et s’allier sa famille.