«Le monde du handicap bute sur des mentalités d’un autre âge»

Entrepreneur à Seclin et créateur de la société Access’Cible à Sainghin-en-Weppes, Paul-Philippe Vandesompele cumule plusieurs postes d’observation et d’action dans la problématique immobilier d’entreprise-handicap-élus. Il privilégie l’approche pratique et le dialogue tous azimuts.

Paul-Philippe Vandesompele à la fois entrepreneur, agent immobilier et pèlerin au service de la cause de l’immobilier adapté au monde du handicap.
Paul-Philippe Vandesompele à la fois entrepreneur, agent immobilier et pèlerin au service de la cause de l’immobilier adapté au monde du handicap.

Souvent interlocuteur du monde entrepreneurial et politique, ce jeune chef d’entreprise très sportif, handicapé à la suite d’un accident de moto en 1992, interviendra lors de l’atelier no 7 «Comment adapter son entreprise aux marchés porteurs et pointus ?». Il y décrira son rôle de conseil, de diagnostic et de validation normative, via sa société dans l’aménagement de l’espace entrepreneurial ou résidentiel pour l’handicapé. Il témoignera aussi des pesanteurs administratives et de l’action des élus.

 Informer l’élu. Access’Cible immobilier s’installe dans cette niche en Nord-Pas-de-Calais en 2007. Paul-Philippe a dû déménager plusieurs fois sans jamais trouver un appartement ou une maison qui lui soit adaptée. Rapidement il comprend que s’occuper d’un handicapé physique à la recherche de son habitat déborde sur une foule de préoccupations. Cela tient autant à l’associatif qu’à l’entrepreunariat. Car il faut satisfaire une demande précise comme toute agence immobilière, mais aussi œuvrer (militer même) pour que l’offre d’immobilier soit adaptée au monde du handicap et normée. Il faut donc conseiller le constructeur et informer l’élu local de l’état du marché et de ses impératifs. Cela fait beaucoup mais après 22 ans de fauteuil et une intense pratique en handisport de haut niveau international, Paul-Philippe Vandesompele a gardé le sourire et la foi. «Maintenant, j’aperçois clairement les blocages, sourit-il. Mon entreprise a trouvé sa place sur ce marché, mais aussi auprès des professionnels qui ont besoin de mes compétences, et des élus qui sont en amont de tout cela mais rarement sur le terrain.»

 Des cas tous différents. Concrètement, quand un handicapé visite une première habitation de plain-pied (l’idéal), il voit que du parking à sa porte, il n’y a que des pièges et des dangers. Rien n’a été pensé pour lui, tout a été conçu de bonne foi mais sans l’avis d’un handicapé qui alerte sur les incohérences physiques. «Un logement ne doit pas se transformer en hôpital, remarque Paul-Philippe. Je suis souvent accompagné d’un ergothérapeute de l’APF ou d’un centre de rééducation lors des visites d’appartements». En attendant de devenir référent national dans cette bulle de l’immobilier spécialisé où on ne se bouscule pas, hélas. 

Le marché régional demande trois types d’intervention selon le donneur d’ordre : le logement classique, l’école et le bâtiment public en général, les ERP (établissement recevant du public) et donc l’entreprise. Paul-Philippe est à la fois VRP et bureau d’études s’appuyant sur l’architecte, le prospect, avec en point de mire les mises en conformité des bâtiments (d’abord obligatoires au 1er janvier 2015, le gouvernement les repousse de 3 à 9 ans avec un agenda précis des travaux, NDLR), «avec sanctions selon les dossiers» prévient-il. «Logiquement, poursuit-il, tous les ERP ont dû faire leur diagnostic. Mais quasi majoritairement, il est établi pour les fauteuils, pas pour d’autres handicaps… Les fauteuils bénéficient d’une législation très sophistiquée, la première puisque datant de 1975. Mais depuis quid des autres handicaps ? Et comment doit réagir la commission de sécurité ? Les cas sont tous épineux car différents. Prenons par exemple les commerces qui doivent modifier leur espace, parfois profondément, pour être accessibles…»

Trois interventions sont à distinguer : le diagnostic, le devis technique, la mise en œuvre. Pour le particulier, Access’Cible est commissionné pour le service rendu. Pour le public, la PME intervient selon la demande et seulement sur le diagnostic. La phase immobilière se fait à la vente pour des acheteurs handicapés.

 Les freins varient. Les lois ne peuvent pas être la panacée, seule l’intervention d’une compétence sur le terrain peut résoudre la multiplicité des situations à traiter. «Je ne suis pas un intégriste, sourit Paul-Philippe. Toutes les bonnes volontés sont à prendre malgré les maladresses, des élus par exemple qui voient trop large, trop fédérateur et jamais assez rapide et concret. Un principe à retenir : quand le handicap est bien compris par le valide, intégré et accepté, tout s’arrange. Il faut donc se parler mutuellement, sensibiliser les jeunes, aller les rencontrer dans les écoles, et parler le plus clairement possible avec l’administration. Regardez la CCI Grand-Lille, elle y parvient en proposant beaucoup d’aides et en prenant à son compte des dossiers. Il faut monter des dossiers et ouvrir les bons tiroirs. Les mentalités s’adaptent, on le constate, mais c’est encore très lent !»

 Contact : 06 11 261 261 − pilou@accessible.fr

D.R.

Paul-Philippe Vandesompele est à la fois entrepreneur, agent immobilier et pèlerin au service de la cause de l’immobilier adapté au monde du handicap.