«L’entreprise est ma passion»

Marc Lebel a repris Lebel viande service (LVS) à Michel Lebel, son dirigeant et son oncle par ailleurs. Cette entreprise spécialisée dans la découpe et la vente de viande a été créée en 1982 par son père, Bernard, et son oncle. Nous avons rencontré ce très jeune repreneur de 27 ans, ingénieur en génie électrique et très affuté – sans jeu de mot − sur le métier de boucher.

«L’entreprise est ma passion»
D.R.

A 27 ans, Marc Lebel est un repreneur qui vit avec passion son nouveau métier, lui qui installait, il y a peu, des tramways à Casablanca (Maroc) pour le groupe Vinci

 La Gazette. Quels sont votre formation et votre parcours professionnel ?

Marc Lebel. Après ma formation à La Malassise à Saint-Omer, puis deux années de prépa au lycée Wallon de Valenciennes, j’ai obtenu un diplôme d’ingénieur en génie électrique à Grenoble INP. J’ai ensuite intégré le groupe Vinci comme ingénieur projet pour participer à l’installation d’un tramway à Casablanca, au Maroc, un projet magnifique. J’ai quitté ce groupe en octobre 2012 pour me préparer à la reprise de Lebel viande service.

 Quel a été le facteur ayant déclenché votre volonté de reprendre cette entreprise ?

Nous avons un peu cela dans le sang dans la famille : nous sommes tous entrepreneurs ou en profession libérale. Mais ma mission au sein d’un grand groupe m’a amené à réfléchir au sens que je voulais donner à la poursuite de ma carrière professionnelle. Il m’est apparu que je souhaitais travailler pour moi, sur un territoire auquel je suis attaché, dans un métier noble − ce qui est le cas pour la viande, métier de bouche − et dans un domaine qui a un avenir (la qualité dans ce métier est difficilement délocalisable). C’est ainsi que je me suis formé pendant un an au métier grâce à un CQP (certificat de qualification professionnelle) technicien boucher à l’ENSMV Paris.

Par ailleurs, la dimension transversale du chef d’entreprise qui doit intervenir dans tous les domaines est passionnante : le bon achat, la vente au plus fin par rapport aux attentes des clients – le produit n’est pas standard et chaque client a son exigence selon sa région ou son positionnement commercial −, la gestion des ressources humaines et du matériel, l’optimisation des ventes − tout se vend sur un animal −, la fluctuation des prix – selon la saison les prix d’achat sont différents, difficiles à répercuter sur le client, etc. 

 Combien de temps s’est-il passé entre l’idée et la reprise ?

On dira un peu plus d’un an entre ma décision de quitter mon emploi précédent et la reprise opérationnelle de l’entreprise, le 1er janvier de cette année.

 Aviez-vous des critères de sélection particuliers de l’entreprise reprise ?

Non, pas particulièrement. La reprise de LVS s’est imposée naturellement. J’ai découvert un métier aux facettes passionnantes. Le travail garde un côté artisanal au sens premier du terme : on fait un beau steak ou une belle escalope ; on présente la viande aux clients tout en l’accompagnant dans son choix, avec parfois des conseils de cuisson ou culinaires ; on aide le client (restaurateur, collectivité, école, maison de retraite, boucher détaillant, etc.) à sélectionner sa viande en fonction de ses besoins et de son budget. Sur le plan gestion de l’entreprise, nous devons être réactifs et apporter un service sans faille, nous sommes dans l’alimentation, un métier de bouche où l’erreur n’est pas permise.

 Quels ont été vos principaux partenaires durant la reprise ?

Nous sommes dans notre monde agricole des clients fidèles. Partenaires habituels, Fidal Arras nous a aidés à construire le dossier de reprise sur le plan juridique et KPMG a assuré le volet comptable. J’ai bénéficié de prêts d’honneur et parfois d’accompagnement – je pense particulièrement à Olivier Wauters, dirigeant au sein du groupe Le Garrec à Boulogne-sur-Mer, de Réseau Entreprendre Côte d’Opale, d’Initiative 7 Vallées et de Total développement régional. Par ailleurs, bpi, banque publique d’investissement, nous a octroyé un prêt sans caution, complété par un prêt de notre banque, le Crédit agricole Nord de France.

 Que vous a-t-il manqué le plus durant la durée de la transmission ?

J’ai appris le métier lors de ma formation. Je continue à apprendre au contact de Michel Lebel qui est encore présent dans l’entreprise quelques heures par jour et assure un accompagnement parfait qui sera amené à se réduire avec le temps. Il est certain qu’il me manque la connaissance du métier de chef d’entreprise, il faut pouvoir intervenir partout, surtout en PME, et cela ne s’apprend pas vraiment en école d’ingénieurs.

 Quelques mois après la reprise, quel premier bilan faites-vous ?

Nous sommes dans une poursuite d’activité, sans rupture par rapport aux salariés, aux clients et fournisseurs. Le bilan est plutôt sur le plan mental et personnel. Je suis très conscient que je suis responsable de l’emploi de mes salariés. On ne travaille pas par contrainte, l’entreprise est devenue ma passion et on a du mal à s’en détacher.

D.R.

La boucherie est très connue localement et même au-delà, certains clients venant de loin pour se faire servir une viande de qualité.

Que pourriez-vous donner comme conseils à de futurs repreneurs ?

Ce serait plutôt un constat que des conseils. Il ne faut pas hésiter à aller voir ailleurs pour découvrir l’entreprise et sortir du cadre. Ainsi, j’ai pu découvrir la découpe de viande dans des abattoirs ou échanger avec des ingénieurs agronomes. Avant de prendre en charge l’entreprise, j’ai pu observer et découvrir tous les postes. C’est important, car dès qu’on est aux manettes, dans un premier temps on ne respire plus. Et l’essentiel pour moi est de bien s’entendre avec le cédant. Dans mon cas, ce fut une reprise idéale grâce à la compréhension de Michel Lebel.

 Quels sont les projets dont vous pouvez parler pour l’entreprise ?

Pour le moment, je continue à appréhender l’entreprise dans toutes ses dimensions. Je m’attache à être attentif aux besoins des clients  − proposer la meilleure viande − et aux évolutions du métier et surtout des changements sociétaux en termes d’alimentation. Je travaille pour que l’entreprise (nous sommes sur une niche) soit prête à saisir les opportunités : sa taille et son savoir-faire le permettent. 

 Lebel viande service à Gouy-Saint-André

D.R.Créée en 1982, Lebel viande service est spécialisée dans la vente de viande (bœuf, porc, veau, agneau et volaille) en gros, demi-gros et détail à destination des bouchers, restaurateurs, collectivités-écoles-maisons de retraite et des particuliers. L’entreprise bénéficie d’un approvisionnement de qualité auprès des éleveurs de la région (les animaux sont achetés sur pieds et abattus dans des abattoirs agréés, dont ceux de Saint-Pol-sur-Ternoise ou Nœux-les-Mines). Acteur régional dans le domaine du commerce de la viande, la société a connu un développement rapide. Un magasin a ouvert ses portes en 1986, avant d’être complété en 1990 par un atelier de désossage pour transformer la viande tout en répondant aux dernières normes européennes en vigueur. Enfin, un atelier où est préparée de la charcuterie crue complète le dispositif.  Sur le site, une boucherie est ouverte les jeudis, vendredis et samedis matin. Un site internet permet également aux clients de commander leur viande en ligne.

 Infos clés

Entreprise : Lebel viande service
Ville : Gouy-Saint-André
Statut : SASU
Chiffre d’affaires : environ 10 M€
Effectif : 30 salariés en moyenne
Dirigeant: Marc Lebel
Date de création : 25 avril 1982
Siret : 324 346 634 00011
NAF : 1011Z (transformation et conservation de la viande de boucherie)