«C’est possible !», thème de la troisième Université des entrepreneurs

«C'est possible !», telle est la thématique choisie par le Medef régional pour la troisième édition de son université d'été (en hiver), rebaptisée Université des entrepreneurs. L'occasion de faire passer auprès du millier d'entrepreneurs attendu un message d'optimisme et de donner les clés d'un monde en mouvement et en changement. Entretien avec Frédéric Motte, président du Medef Lille Métropole et Hauts-de-France.

Frédéric Motte, président du Medef Lille Métropole et Hauts-de-France.
Frédéric Motte, président du Medef Lille Métropole et Hauts-de-France.

 

D.R.

Frédéric Motte, président du Medef Lille Métropole et Hauts-de-France.

 

 

La Gazette. Quelle est la genèse de cette manifestation que vous qualifiez de «beau projet» ? 

Frédéric Motte. C’est effectivement un beau projet dont la genèse a deux explications principales. Les chefs d’entreprise ont la tête dans le guidon et n’ont pas souvent l’occasion de prendre du temps pour eux. Il est important qu’ils puissent se former et réfléchir à leur environnement. Le second point est que notre environnement est extrêmement mouvant dans un contexte de nouveaux modèles économiques, de mondialisation, d’ubérisation. La difficulté que peuvent rencontrer les chefs d’entreprise est de ne pas appréhender au mieux ces virages. Quand je sais que je dois aller d’un point A à un point B, je connais ma destination. Dans le cas présent, le chef d’entreprise sait qu’il doit bouger, mais ne sait pas trop comment. Le Medef se doit donc à la fois de défendre les entreprises, de représenter les chefs d’entreprise, mais aussi de les animer et les former.

Les chefs d’entreprise ont une belle université d’été au niveau national. Il nous a semblé important de la décliner au niveau du territoire. Nous en sommes à la troisième édition. 

 

Que retenez-vous des deux premières éditions ? 

La première édition en 2014 a été en quelque sorte un test, avec un programme mixte tourné à la fois sur les territoires et les mandats du Medef. La deuxième édition en 2015 a été plus structurée, autour du thème «Les jeunes prennent la relève», qui est un axe fort de mon mandat. J’attache beaucoup d’importance à les impliquer dans notre mouvement, à la fois pour les aider dans leur développement et les sensibiliser, et pour les mobiliser sur tous les enjeux du territoire. Le nom même de ce lieu, Entreprises et Cités, siège du Medef régional, indique bien que les entrepreneurs et les entreprises sont des acteurs de la cité. Préparée et coanimée par un groupe de jeunes, cette université 2015 nous a titillés et nous avons reçu leurs messages. Pour preuve, en matière de parité sur notre liste à la CCI, il y a maintenant 38 femmes contre 2 seulement pour le mandat précédent. Des jeunes ont mis le pied à l’étrier. Nous avons lancé une dynamique. Le développement de l’entreprise ne se fera pas sur un désert, les collaborateurs de l’entrepreneur ont besoin d’un environnement social, environnemental pour s’épanouir.

 

Qu’attendez-vous de cette troisième édition ? 

Organiser une université d’été en hiver, c’est pour le moins cocasse ! Mais le calendrier initial ne s’y prêtait pas en juillet dernier. Plus que la loi Travail, le climat n’était pas serein. L’université d’été que nous organisons n’est pas l’université des adhérents du Medef, elle est surtout celle des entrepreneurs du territoire. Nous ne voulions pas organiser notre université dans un moment de conflit et de tension. Lieu de débats et d’échanges, elle exige de la sérénité pour que tous les entrepreneurs y participent, grandes entreprises, petites entreprises, start-up, traditionnelles, issues des quartiers, entreprises familiales… C’est d’ailleurs pour cela que nous l’avons rebaptisée Université des entrepreneurs.

 

Pourquoi avoir retenu le thème «C’est possible !» ? 

Ce choix rejoint notre réflexion initiale, il est compliqué aujourd’hui d’être entrepreneur. Certes, la société commence à les aimer un peu mieux, le discours a évolué. Mais on les aime bien quand ils sont petits, pas quand ils sont grands, on les aime bien à l’Assemblée nationale, mais on ne cesse de leur mettre des chausse-trappes et d’avoir à leur égard une politique dure…

Nous voulons aider les chefs d’entreprise à réfléchir sur leur environnement, qui n’est pas facile, car il prend la forme de nouveaux modèles : modèles économiques, (économie circulaire, économie de la fonctionnalité, économie de la gratuité), mais aussi des nouveaux modèles d’emploi (on parle de la mort du CDI, de l’auto-entrepreuneuriat, de la fin du salariat au profit des missions), ou encore des nouveaux environnements de travail (incubateurs, accélérateurs, espaces coworking, fablabs) et nouveaux modes de financement… La seule certitude, c’est que tout bouge et que jamais ce ne sera “ou tout l’un” , “ou tout l’autre”. Le chef d’entreprise doit être suffisamment ouvert, mobile. Le chef d’entreprise est comme celui qui fait du vélo : s’il ne pédale pas, c’est moins fatiguant, mais il finit par tomber. L’entrepreneur doit faire face à tous ces mouvements, à toutes ces remises en cause. Nous avons convié un grand nombre d’acteurs pour y réfléchir.

 

Quels seront les moments forts de cette journée ? 

La plénière d’ouverture aura pour thème «Faire bouger le territoire, c’est possible ?». Elle mettra face à face deux grands acteurs de l’animation du territoire, Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, et Daniel Percheron, ancien président de la région Nord – Pas-de-Calais. Dans le concert des grands territoires, émergent les Régions qui ont récupéré un grand nombre de compétences économiques et sont en responsabilité de les animer, aménager, dynamiser, de les ouvrir sur le monde. Ils échangeront avec Aurélie Vermesse et Geoffroy Roux de Bézieux sur le champ des possibles dans la coopération des mondes politique et économique, en s’appuyant sur le témoignage de Jean-François Caron, maire de Loos-en-Gohelle et acteur engagé qui explicitera le possible de la transformation dans sa commune et de son élargissement à l’échelle régionale. Cette plénière s’achèvera sur une table ronde, «Les pieds dans le plat», au cours de laquelle de jeunes start-upers débattront, sur la base de leurs expériences, de leur vision de la meilleure manière de conduire ces changements. Pour compléter cette approche territoriale, dix ateliers sont prévus en fin de matinée pour compléter le panorama des possibles sur autant de thématiques qui peuvent interpeller les chefs d’entreprise, de “L’innovation sociale comme réinvention de l’entreprise» à «L’hybridation des modèles, les nouvelles formes d’entreprendre», en passant par «La transformation digitale et son impact sur l’évolution des métiers» ou encore par «Le fait religieux en entreprise» par exemple.

Le dernier grand moment de cette journée sera la plénière de clôture qui posera la question fondamentale : «Se transformer, c’est possible ?». Avant le message conclusif de Pierre Gattaz, président du Medef, plusieurs témoignages sur le vécu de transformation seront présentés. Jean-Pierre Ménanteau, directeur général d’Humanis, expliquera ainsi la transformation de son groupe de protection sociale, ; François Macé, directeur général du Crédit agricole Nord de France, la révolution digitale dans la banque ; mais aussi Gérard Mulliez, Corinne Lepage, Guy Mamou Mani, vice-président du Conseil national du numérique, Alice Zagury, présidente de The Family, Jocelyne Farrugia, des Entrées de la mer… 

Notre volonté est que cette université soit une succession de débats, d’échanges, d’interpellations et de rencontres, qu’elle soit interactive, interpellante. Pour y aider, elle sera enrichie et animée de «pitchs d’ascenseur», à l’image des pitchs que les jeunes affectionnent pour faire passer en 45 secondes un message, pour que les chefs d’entreprise repartent avec des idées, des argumentaires. Nous sommes passionnés et motivés pour cette troisième édition et quand on est passionné, tout est possible. Pour bien aimer l’entreprise parce que c’est elle qui crée la richesse et l’emploi, nous avons envie que cet écosystème s’épanouisse et se développe. C’est notre enjeu avec l’ambition qu’Entreprises et Cités soit le hub de l’entreprise, lieu où chacun peut trouver les réponses à ses questions sur l’entreprise. C’est le challenge que nous nous sommes fixé pour ce 15 décembre.

 

ENCADRE

 Au programme de l’Université des entrepreneurs

8h15 : petit-déjeuner «Faisons connaissance».

9h-10h45 : conférence plénière d’ouverture «Bouger le territoire, c’est possible ?», avec les interventions de Xavier Bertrand, Geoffroy Roux de Bézieux, Alexis Quesney, Aurélie Vermesse, Guillaume Dekonninck, Daniel Percheron, Jean-François Caron, Nicolas Lengaigne, Isabelle Bully, Valérie Dernoncourt et Benjamin Ulrich. 

11h15-12h45 : ateliers-débats. 1 : L’innovation sociale comme réinvention de l’entreprise. 2 : L’hybridation des modèles, les nouvelles formes d’entreprendre. 3 : Le fait religieux en entreprise. 4 : TPE, PME : prenez le train de la révolution digitale. 5 : Génération Medef et CJD (réservé aux membres). 6 : Jusqu’où faut-il repousser les frontières de votre business model ? 7 : La transformation digitale et son impact sur l’évolution des métiers. 8 : Et si Bruce Lee dirigeait votre PME ? 9. Education, emploi et Formation (réservé aux mandataires). 10. Patrons, pariez sur vos équipes. 

12h45-14h30 : Inauguration du village des partenaires et déjeuner. 

14h30-16h30 : conférence plénière de clôture «Se transformer, c’est possible», avec les interventions de Pierre Gattaz, Guy Mamou Mani, Jean-Pierre Menanteau, Corinne Lepage, Alice Zagury, Bernard Marchant et François Macé. 

Avec le soutien du Club des Jeunes Dirigeants d’entreprises, Femmes Chefs d’entreprises, le Club HéliOm, Eurasanté, NFID et Place de la communication. 

Campus Entreprises et Cités, 40, rue Eugène-Jacquet à Marcq-en-Barœul, de 8h à 18h. Inscription : http://www.univmedef.fr