«Bien acheter, c’est bien vendre»

A la tête d’Espace griffes, étonnant ensemble loin des grandes villes, Daniel Roquet reconnaît qu’il a su tirer parti de son expérience des magasins d’usine et de la connaissance du monde de l’habillement. Il a assouvi aussi un goût pour la création.

Daniel Roquet : un sens certain des affaires, de l’instinct, et un goût de longue date pour la création.
Daniel Roquet : un sens certain des affaires, de l’instinct, et un goût de longue date pour la création.

 

D.R.

Daniel Roquet : un sens certain des affaires, de l’instinct, et un goût de longue date pour la création.

A 65 ans, Daniel Roquet, natif de Busigny (au sud du Cateau), reste fidèle au Cambrésis. Il préside aujourd’hui la SAS Espace griffes, installée à Beauvois-en-Cambrésis, une société d’une quinzaine de personnes travaillant dans des bâtiments où l’on vend de grandes marques de prêt-à-porter : hommes, femmes, enfants et amateurs de sports/loisirs. Les surfaces de vente, de 1 500 m2 environ, ont été construites en plusieurs fois et se complètent d’un atelier de retouches et d’un grand espace destiné à la réception et préparation des vêtements. «Les gens sont étonnés de me découvrir installé à la campagne, entre Caudry et Cambrai. Alors, je leur explique qu’ici, on vend 90 000 vêtements par an et que ma zone de chalandise s’étend jusqu’à Saint-Quentin, Cambrai, Arras, Valenciennes, Douai, Maubeuge… » Sa clientèle, il le reconnaît, dispose d’un bon pouvoir d’achat.

 

Un CAP d’ébénisterie. Le parcours de Daniel Roquet n’a pas été «rectiligne». «Mon père était cheminot et ma mère s’est occupée de ses cinq enfants. J’ai obtenu mon certificat d’études primaires à 14 ans, à Caudry, puis un CAP d’ébénisterie à Saint-Quentin. J’ai toujours été attiré par la création, la décoration, le dessin d’ameublement, l’histoire de l’art… Pourtant, dans ma famille, on était plutôt orienté vers le BTP et les infrastructures ferroviaires. Au début de ma carrière, j’ai d’ailleurs occupé des emplois administratifs dans ce domaine. Après mon mariage, je me suis retrouvé chez un promoteur immobilier de la région lilloise comme surveillant de travaux. J’y suis resté de 1972 à 1982.»

 

Une opportunité et un virage. Sa vie professionnelle a alors connu un gros changement. La trentaine bien engagée, il a saisi une opportunité qu’il l’a poussé vers la direction d’entreprise et la mode. Cela a commencé avec Bidermann, à Poix-du-Nord, une société qu’il connaissait déjà en tant que client. «J’ai fait acte de candidature. Le DRH a apprécié ma démarche insolite et volontaire. Tout en me faisant remarquer que je connaissais rien au métier, il m’a proposé un projet en me laissant cinq jours de réflexion.» Daniel Roquet s’est retrouvé à la tête d’un magasin à l’Usine, à Roubaix. Plus tard, ce fut Usine center à Villepinte.

En tant que responsable des achats pour des magasins d’usine, il a découvert à la fois les secrets du négoce et le monde parisien de la mode et du vêtement. Cette expérience, les voyages, les relations nouées se sont révélés précieux dans la suite de son parcours.

Il cite volontiers cette devise : «Bien acheter, c’est bien vendre.» Et d’ajouter : «Pour assurer un bon rapport qualité/prix, il faut savoir saisir les opportunités d’achat auprès des industriels et avoir bien compris que, dans ce milieu impitoyable, le moindre faux pas se paye très cher.»

 

Merci à son banquier. Le parcours de cet homme à l’élégance sportive n’est pas simple à résumer. Disons simplement qu’une opportunité se présentera en 1996, via son ex-patron de chez Bidermann avec lequel il était toujours en bons termes, sous la forme d’une proposition de reprise en location gérance de magasins d’usine de la marque K-Way.

Daniel Roquet explique que son parcours a bénéficié d’un atout : «Si j’ai pu prendre de l’envergure un peu à la fois, c’est grâce à mon banquier. Il m’a compris, suivi, et garanti une bonne trésorerie.»

Et Beauvois-en-Cambrésis ? Son implantation, dit-il, a commencé avec des chapiteaux, installés sur un ancien terrain de la DDE et sous lesquels il écoulait des stocks excédentaires. Elle s’est poursuivie en 1997 avec l’achat du terrain. Il souligne que c’est grâce au soutien précieux du maire qu’il a pu envisager une implantation définitive.

Quant à sa participation aux Victoires des autodidactes, il la doit sans doute à sa patience. Il a découvert, explique-t-il, le concours dans une revue économique. «Je me suis dit : pourquoi pas… J’ai envoyé un dossier. Ça a pris trois ans.»