« Bien-être et santé sont deux axes majeurs pour accroître la performance de l’entreprise »

FCE, conditions de travail, bonheur en entreprise, challenge des dirigeantes… Présente à Dunkerque à l’occasion du congrès national des FCE, Marie-Christine Oghly, a pris le temps de répondre à nos questions.

Marie-Christine Oghly, Jean-Marc Puisseseau, président de la CCI Côte d'Opale, entourée des lauréates des trophées FCE France 2012
Marie-Christine Oghly, Jean-Marc Puisseseau, président de la CCI Côte d'Opale, entourée des lauréates des trophées FCE France 2012

 

Philippe Gabilliet, l'un des nombreux intervenants du congrès FCE 2012.

 

Jean-Louis Burnod, Happy Day

Marie-Christine Oghly, Jean-Marc Puisseseau, président de la CCI Côte d'Opale, entourée des lauréates des trophées FCE France 2012.

L’édition 2012 du congrès des FCE s’est achevée à Dunkerque il y a quelques semaines. Qu’en retenez-vous ?

Marie-Christine Oghly :  Avant toute chose, une immense satisfaction et une grande fierté devant la mobilisation, le dynamisme et l’enthousiasme de ces femmes dirigeantes malgré la conjoncture difficile que nous traversons. La convivialité et la réussite de ce rendez-vous, à tout point de vue, sont le symbole de la solidarité et de l’amitié de ces femmes qui partagent une passion commune, l’esprit d’entreprendre.

 L’événement était-il à la hauteur de vos attentes ? Les dirigeants ont-ils nourri les débats comme vous pouviez l’espérer ?

Tout l’intérêt de cette édition 2012 est certainement son ouverture et la présence du grand public venu nombreux. Un rendez-vous participatif, riche en débats et en propositions. Economistes, philosophes, écrivains, essayistes… Ce congrès a été l’occasion d’échanges passionnants grâce à la participation d’intervenants de grande qualité, je les en remercie.

 Le congrès était placé cette année sous le signe du Bonheur National Brut, alternative au PIB. Les nombreux intervenants ont démontré qu’il existait un réel lien entre le bonheur, ou tout du moins « positive attitude » et la réussite d’une entreprise. Ce n’est donc pas une utopie. Comment cela se caractérise-t-il dans la vie d’une entreprise ?

Parler de bonheur en entreprise n’est plus un tabou et l’amélioration des conditions de travail sous-tend toute politique de management. Pour allier performance économique et bonheur au travail, les entreprises se mobilisent de plus en plus. Cela commence par l’identification des bonnes pratiques qui apportent des solutions claires et concrètes, tout en servant la performance globale de l’entreprise par l’amélioration des pratiques internes. Notamment en matière de ressources humaines via des diagnostics, des accompagnements, des sensibilisations ou des formations.

 La place de l’humain, le respect, la confiance, les responsabilités voire la souplesse qu’un chef d’entreprise accorde à ses troupes sont donc des critères inhérents à la bonne santé d’une entreprise. Tout autant que le volet financier ?

 Oui, c’est une évidence car le bonheur au travail a une influence notable sur le comportement et la performance des salariés. Il favorise les comportements positifs comme l’altruisme, l’aide, la ponctualité, ou le fait d’effectuer le travail sans avoir besoin d’être contrôlé. Bien-être et santé sont ainsi devenus deux axes majeurs des politiques pour accroître la performance globale de l’entreprise.

 En quoi ce type de débat est important dans la vie de votre association et de ses adhérentes ?

Savoir anticiper et préparer cette évolution majeure de nos entreprises est toute l’ambition de notre organisation qui a toujours fait du développement personnel une clé de la réussite. En s’attachant à définir les contours d’un nouveau cadre de progrès social et économique, elle réaffirme son engagement en faveur d’un entreprenariat à visage humain. Nos sociétés bâties sur des modèles de développement chahutés, sans doute à réinventer, ont besoin d’un second souffle où l’épanouissement de l’individu sera le maître étalon.

 Pour revenir aux FCE et à votre combat, on sait que la femme est un chef d’entreprise comme les autres. Elle a donc un rôle à jouer dans la vie économique du pays. Pourquoi appartenir à un réseau, comme le vôtre, favorise cela ?

La force de notre mouvement réside dans l’implication de nos adhérentes dans la vie économique de leur région. Par l’exercice des mandats patronaux, elles sont incontournables. Dans les instances dans lesquelles elles nous représentent, elles écoutent et elles proposent, elles argumentent et elles échangent, elles font progresser l’entrepreneuriat. FCE France œuvre pour rompre l’isolement du chef d’entreprise, favoriser et accompagner l’implantation de nouvelles entreprises. Mais aussi être force de proposition auprès des instances publiques, mutualiser les ressources, lancer des initiatives concertées en matière d’emploi, d’insertion, de formation, de gestion de l’expansion, etc.

 Les choses bougent. Une récente étude fait même le lien entre la présence de femmes à des postes à responsabilité et la réussite d’une société. Mais parallèlement, certains stéréotypes sexistes ont la dent dure et l’accès des femmes à des postes de dirigeantes reste difficile. N’est-ce pas décourageant ?

Être femme chef d’entreprise en France aujourd’hui signe une double réussite, en tant que femme et en tant que chef d’entreprise, mais constitue également un exceptionnel challenge. En France, les femmes ne présentent que 30% des chefs d’entreprises. Crédibilité, accès au financement, conciliation entre vie familiale et vie professionnelle… Face à ce parcours d’obstacles, les femmes dirigeantes que nous sommes s’organisent et déploient des stratégies pour réussir.

 Quelles actions aident à lutter contre ces clichés ?

En confrontant nos idées, en renforçant notre présence au sein des instances économiques sur l’ensemble du territoire, en investissant les plus hautes fonctions souvent trustées par les hommes. Tout l’enjeu étant d’asseoir notre légitimité en qualité de chef d’entreprise, de décideur.

 Que peut-on souhaiter à votre association et à toutes les femmes chefs d’entreprises et aspirantes dirigeantes du pays ?

Que chacune d’entre nous ait la capacité et la volonté de se mobiliser pour continuer à exprimer, défendre et promouvoir des objectifs ambitieux malgré les difficultés conjoncturelles que nous traversons où le doute parfois peut l’emporter sur l’esprit d’entreprendre.