Budget: Bayrou cherche à apaiser les socialistes, discussions toujours dans l'impasse
Sans se renier, François Bayrou a cherché mercredi à apaiser les socialistes, très remontés contre son emploi du terme "submersion" migratoire, à la veille d'une réunion décisive sur le budget, où...
Sans se renier, François Bayrou a cherché mercredi à apaiser les socialistes, très remontés contre son emploi du terme "submersion" migratoire, à la veille d'une réunion décisive sur le budget, où la censure du gouvernement est en jeu.
Mais les négociations budgétaires semblaient toujours dans l'impasse mercredi soir avec le Parti socialiste, qui cherche à obtenir des concessions en échange d'une non-censure. La veille, le PS avait annulé des discussions pour protester contre les propos du Premier ministre sur l'immigration.
Sans se dédire de l'utilisation du terme de "submersion", le Premier ministre a invité au Sénat les parlementaires à "reconstruire ensemble" un modèle d'"intégration" qu'il juge en "panne", une proposition applaudie par plusieurs élus socialistes. Sa déclaration était lue par le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola.
Le chef de file des sénateurs PS, Patrick Kanner, s'est dit pourtant "déçu" par la réponse de François Bayrou même s'il l'a jugée "nuancée", en l'accusant de "servir la soupe à l'extrême droite".
"S'il veut encore (...) un accord ponctuel de non censure, je lui demande encore des efforts", a affirmé M. Kanner. Le PS réclame que le gouvernement ne touche pas à l'Aide médicale d'Etat (AME) pour les sans papiers, dans le viseur de l'extrême droite, et d'autres concessions sur le pouvoir d'achat et l'écologie.
Le budget de l'AME, qui permet aux immigrés sans titre de séjour régulier de se faire soigner, a été diminué de 200 millions d'euros par le Sénat à majorité de droite dans le projet de budget 2025 actuellement en discussion.
- "Bataille de mots"-
La porte-parole du gouvernement avait opposé auparavant une fin de non recevoir aux demandes socialistes, en les appelant à ne pas prendre en "otages" les finances publiques, "sujet numéro un pour notre pays".
"Les Français ne comprennent pas cette bataille de mots", avait justifié Sophie Primas à l'issue du Conseil des ministres, alors qu'un sondage publié en fin d'après-midi semblait conforter la position de François Bayrou.
Près de deux Français sur trois (64%) estiment que le Premier ministre a eu "raison" d'employer le terme de "submersion" migratoire, selon l'institut Elabe.
Mme Primas a néanmoins assuré que des négociations étaient "en cours" entre les députés et sénateurs qui se réuniront jeudi en commission mixte paritaire (CMP) pour trouver un compromis sur le projet de loi de finances pour 2025.
Calculs
Après les propos de M. Bayrou, les socialistes se placent désormais sur le terrain des valeurs.
Certains députés PS "espéraient hier encore que (les propos sur la "submersion", NDLR) soient une maladresse", selon la maire PS de Nantes, Johanna Rolland, mais François Bayrou "n'est pas un perdreau de l'année, il sait que reprendre les mots de l'extrême droite, c’est offrir une victoire à l’extrême droite".
"Quand l'essentiel est en jeu, on ne peut pas se permettre de faire des calculs" sur le budget et la stabilité, estime-t-elle.
Le gouvernement a engagé des discussions avec les socialistes sur le budget pour essayer d'obtenir qu'ils ne votent pas la motion de censure que la France insoumise (LFI) déposera la semaine prochaine et qui devrait être débattue mercredi ou jeudi.
A l'opposé, le Rassemblement national a estimé que les mots du Premier ministre n'étaient pas suffisants. "La parole ne soigne pas, ce sont les actes qui soignent", a dit Marine Le Pen sur LCI.
Dans l'expression de "submersion" migratoire, il n'y a "nulle tactique pour plaire ou déplaire à qui que ce soit" pour échapper à la censure, s'est défendu mercredi l'entourage du Premier ministre.
"Nous ne pouvons écarter ce que nos concitoyens éprouvent et expriment" sur l'immigration, s'est justifié M. Bayrou.
Outre les groupes politiques, les milieux économiques mettent la pression sur M. Bayrou.
Le patron de LVMH, Bernard Arnault, a fustigé la taxation en préparation des grosses entreprises qui "pousse à la délocalisation", et les artisans du bâtiment ont prévenu que leur secteur aurait "du mal à fonctionner" sans main d'oeuvre étrangère.
Comme en écho, le président Emmanuel Macron a défendu mercredi soir ses politiques favorables aux entreprises lors d'un déplacement dans le Nord.
"Une politique qui aide les entreprises à investir, qui récompense le travail (...), c'est une politique qui permet de créer de l'emploi et d'industrialiser. Il y a pas de secret", a-t-il souligné, prônant la "stabilité".
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