Comité des banques Grand Est de la Fédération bancaire française
Bruno Deletré : «Les banques sont là pour accompagner la relance des entreprises»
Lancement des Prêts Participatifs Relance (PPR) distribuables jusqu’à la fin juin 2022, continuité des Prêts Garantis par l’État (PGE) lancés dès le début de la pandémie, le tout dans un climat d’accompagnement renforcé des entreprises quelle que soit leur situation. L’écosystème bancaire est toujours sur le front pour participer au maintien et surtout à la relance de l’activité économique. Le point dans la région avec Bruno Deletré, président du Comité des banques Grand Est de la Fédération bancaire française.
Au début du mois de mai, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, a lancé le dispositif des Prêts Participatifs Relance (PPR) pour soutenir la capacité d’investissement des entreprises et renforcer leur bilan. Les choses prennent-elles dans le Grand Est ?
Bruno Deletré : Nous en sommes au démarrage du dispositif. Des PPR vont être décaissés très prochainement dans la région Grand Est. À l’image des PGE, les banques du Grand Est sont entièrement mobilisées sur ces nouveaux dispositifs d’accompagnement. Ils ont été coconstruits par l’État et les acteurs financiers (banques, assurances et sociétés de gestion). 90 % sont financés par un fonds d’investissement spécifique abondé par les assureurs et à 10 % par les banques.
À qui s’adressent ces PPR ?
C’est un produit ciblé sur des entreprises qui affichent des perspectives d’avenir ayant un véritable projet de rebond, des entreprises solides notées 5 + par la Banque de France, c’est-à-dire ayant de fortes capacités à honorer leur engagement financier.
Comment fonctionnent les PPR ?
Les PPR sont mis en œuvre pour une période de huit ans avec un différé d’amortissement de quatre ans, c’est presque du jamais vu. Ce sont des prêts de long terme. L’objectif est de permettre aux entreprises de rebondir et de saisir les opportunités de croissance. Ces prêts doivent faire en sorte que l’accès aux financements leur soit possible, même si elles se sont endettées pour faire face à la crise.
Les Prêts Garantis par l’État ont été mis en place dès le début de la pandémie, et ils sont encore disponibles. Quel est leur bilan dans le Grand Est ?
Près de 47 000 PGE pour un montant d’environ huit milliards d’euros (chiffre au 21 mai 2021 : NDLR) ont été mis en œuvre par les banques et l’État pour accompagner les professionnels et les entreprises. 90 % de ces PGE ont d’ailleurs été distribués à des très petites entreprises (TPE).
Comment les entreprises du Grand Est ont-elles utilisé ces PGE ?
Les entreprises ont généralement souhaité garder un maximum de trésorerie et s’engager à amortir sur une période longue. C’est un comportement très prudent par rapport à l’évolution de la situation économique. Nous continuons à distribuer ce type de prêt mais l’essentiel des besoins a aujourd’hui été pourvu dans a région.
Le gouvernement vient d’annoncer, début juin, le lancement
d’un plan d’action pour accompagner les entreprises dans la relance mais
également pour soutenir les entreprises en difficulté. Percevez-vous déjà les
effets de ces actions au sein de vos établissements ?
Pas encore mais nous sommes tous conscients, qu’il y aura un effet de rattrapage.
La situation des entreprises a été, en général, disons embellie grâce à la mise
en place des différents dispositifs de soutien.
Comment les banques participent-elles à la détection des problématiques des entreprises ?
Les banques repèrent dans leurs portefeuilles celles qui peuvent présenter des problèmes dans un laps de temps plus ou moins court. Il est nécessaire, aujourd’hui, encore plus qu’avant, que les chefs d’entreprise soient transparents et surtout qu’ils n’hésitent pas à parler avec leur banquier. Si l’entreprise rencontre des difficultés, il faut qu’elle le dise au plus vite sans rien cacher. Plus elle est transparente, plus il sera possible de trouver des solutions adaptées. Il faut maintenir une relation de confiance.
Cette confiance entre les banques et leurs clients (entreprises et particuliers) s’est-elle renforcée dans le contexte que nous connaissons ?
L’implication des banques, dès le début de la pandémie et de ses conséquences économiques, a été majoritairement reconnue, notamment de la part du tissu entrepreneurial. Il y a une reconnaissance certaine de notre implication et nous le ressentons encore fortement. Cette crise a rappelé le véritable rôle de proximité des banques auprès de leurs clients et de ce climat de confiance nécessaire. Les banques ont démontré l’utilité profonde de leur mission. Elles ont été au rendez-vous de l’urgence sanitaire et économique, faisant preuve de responsabilité, d’engagement, de solidarité et elles continuent aujourd’hui à assurer ce soutien.
Au-delà des différents dispositifs étatiques dans lesquels les banques jouent un rôle majeur, l’activité bancaire est-elle bonne aujourd’hui ?
En règle générale, l’activité bancaire est soutenue et nos opérations de crédits sont en hausse de près de 8 % sur un an dans toute la région Grand Est. Les crédits immobiliers demeurent particulièrement dynamiques au même titre que les crédits aux entreprises, hors des dispositifs étatiques.
Un signe que l’activité économique repart ?
L’économie française et régionale ont résister à la crise sanitaire. Des signaux forts sont présents pour laisser présager une véritable reprise. Il faut demeurer confiants mais également lucides et prévoyants et surtout anticiper. Les banques se positionnent dans cet état d’esprit pour accompagner au mieux la relance dans les territoires.
Au niveau de la relance, un point important sur le financement des activités dites durables est aujourd’hui mis en avant. Une réalité dans le Grand Est ?
La transition énergétique est bien palpable dans la région. Nous avons d’importants projets dans l’éolien, le photovoltaïque ou encore la méthanisation. À ces secteurs de l’énergie verte s’ajoute le vaste programme de rénovation énergétique des logements, un axe fort de développement que nous ressentons dans la région tout comme ce qui concerne la mobilité durable.
À la transition énergétique s’ajoute la transition digitale aujourd’hui en marche dans tous les secteurs. Au niveau des banques, la période actuelle a-t-elle accéléré les choses ?
Le virage du numérique, du digital, du développement des services en ligne, est aujourd’hui une réalité au sein des organismes bancaires. La crise sanitaire a confirmé que cette évolution était nécessaire, indispensable et vitale pour nos métiers. Le mouvement de la digitalisation s’est fortement accéléré en un an et dans le même temps, cette période a renforcé l’importance de la relation humaine et du contact physique. C’est un tout, le digital et l’humain doivent former un duo efficace.
La FBF : question de proximité
Utilité. Proximité. Confiance. Mobilisation. Vigilance. Les cinq maîtres-mots mis en avant par la Fédération bancaire française à l’occasion de la publication, en avril, de son rapport annuel. Utilité : «dans ce contexte particulier, les banques ont démontré l’utilité profonde de leur mission (…) Les banques font partie de la solution à cette crise inédite.» Proximité : «la profession bancaire a prouvé son agilité et sa capacité de cohésion au sein du collectif.» Confiance : «l’année 2020 a accéléré et pérenniser l’utilisation et la confiance dans les services et outils numériques.» Mobilisation : «par leur mobilisation pour le climat, la transition énergétique ou encore l’inclusion bancaire, les banques démontrent leur place centrale dans la société.» Vigilance : «il est aujourd’hui essentiel d’éviter que de nouvelles règles ne freinent la reprise économique (…) Les banques restent pleinement mobilisées et engagées au services de la relance.»