Bras de fer entre la Maison Blanche et la justice autour du sort des fonctionnaires
La tension monte lundi entre la Maison Blanche et la justice américaine, le vice-président JD Vance lui demandant de se désister alors qu'un juge fédéral doit se prononcer sur la légalité du plan de départ proposé aux...
![Manifestation contre le président américain Donald Trump et la "Commission pour l'efficacité gouvernementale" baptisée Doge d'Elon Musk devant le ministère américain du Travail à Washington, le 5 février 2025 © Drew ANGERER](/thumbs/1368×1026/articles/2025/02/36XF6U4.jpg)
La tension monte lundi entre la Maison Blanche et la justice américaine, le vice-président JD Vance lui demandant de se désister alors qu'un juge fédéral doit se prononcer sur la légalité du plan de départ proposé aux fonctionnaires par le gouvernement pour réduire les coûts.
Depuis son retour dans le Bureau ovale, il y a trois semaines, Donald Trump a multiplié les décrets visant à tailler dans les dépenses publiques fédérales après avoir nommé à cette fin le milliardaire Elon Musk à la tête d'une "Commission à l'efficacité" (DOGE) dont l'action est dénoncée par l'opposition comme contraire à la Constitution.
Mais la méthode employée, avec la fermeture brutale d'agences et la mise au chômage technique des agents, a suscité des batailles légales dans tout le pays. Plusieurs recours ont été déposés pour freiner ce que les critiques de Donald Trump présentent comme une extension illégale de son pouvoir exécutif.
Les équipes de M. Musk mènent la charge tambour battant contre l'appareil d'Etat, gelant des programmes d'aides et tentant d'imposer des réductions d'effectifs drastiques à travers un plan de départs présenté comme généreux, assorti de menaces de licenciement.
"Nous avons le droit de les limoger", a martelé Donald Trump lundi.
Démocrates, syndicats et militants, qui semblaient dans un premier temps comme sonnés par l'ampleur de l'offensive, ont lancé une série de recours en justice contre les projets du président républicain.
Dans un message posté sur X, le vice-président Vance a estimé que les juges n'avaient pas l'autorité nécessaire pour "contrôler l'action légitime du pouvoir exécutif", comparant la situation à l'hypothétique intervention d'un juge dans la stratégie militaire d'un général.
"La tyrannie judiciaire est extrêmement inappropriée," a réagi de son côté Elon Musk, proche allié de Donald Trump et l'homme le plus riche du monde.
Des commentaires qui font suite à une ordonnance de référé d'un juge interdisant l'accès des équipes du patron de X, SpaceX et Tesla aux données personnelles et financières des Américains stockées sur les serveurs du département du Trésor.
La justice avait été saisie par les procureurs généraux de 19 Etats démocrates, qui ont déposé un recours vendredi contre le président, le département du Trésor et son secrétaire, Scott Bessent.
Dans le même temps, un juge de l'Etat du Rhodes Island a estimé lundi que le gouvernement n'avait pas respecté un jugement précédent suspendant le gel de dépenses fédérales.
Dommages irréparables
"Le gel généralisé des fonds fédéraux est, comme l'a conclu la Cour, très vraisemblablement inconstitutionnel et continue de causer des dégâts irréparables dans une large portion du pays", souligne le jugement.
C'est la première fois qu'un juge fédéral accuse le gouvernement de ne pas respecter une décision de justice depuis l'investiture de Donald Trump le 20 janvier.
A Boston, un autre juge fédéral a décidé lundi que le gouvernement devait repousser la date limite de son plan de départ contesté, que des experts juridiques décrivent comme vague et potentiellement illégal.
Ce plan, annoncé fin janvier dans un email envoyé à tous les fonctionnaires fédéraux et titré "La croisée des chemins" - en écho à un email similaire envoyé en 2022 par M. Musk aux salariés de Twitter, désormais X - propose à ceux qui accepteraient de partir huit mois de salaire ou de risquer un futur licenciement.
Le Bureau de gestion du personnel (OPM) a reculé une première fois la date limite, initialement prévue jeudi, à lundi 23H59, mais le juge George O'Toole a demandé un nouveau report le temps de prendre une décision.
Des syndicats de fonctionnaires avaient saisi la justice pour demander une pause du plan de départs jusqu'à ce que la décision soit tranchée sur le fond.
"C'est un acte sans précédent, réalisé dans un calendrier sans précédent entraînant des dommages irréparables", a estimé la procureure Elena Goldstein durant l'audience, selon la chaîne WHDH-TV.
Au moins 65.000 fonctionnaires ont d'ores et déjà accepté ce programme de démissions, selon la presse américaine.
Malgré tous les recours, le gouvernement a continué de sabrer dans les dépenses publiques, annonçant lundi la mise en sommeil de fait du Bureau de protection des consommateurs de services financiers (CFPB). Censé réguler l'action des banques et protéger leurs clients, il était critiqué depuis sa création, en 2011, par les républicains.
Lundi, Donald Trump a également limogé le directeur du Bureau américain pour l'éthique gouvernementale, chargé de lutter contre les conflits d'intérêt au sein de l'appareil d'Etat.
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