Soutien aux entrepreneurs

Bpifrance, bras droit de l'Etat en temps de crise

En complément du travail des banques traditionnelles et en soutien aux aides publiques, Bpifrance porte sa pierre à l'édifice de la relance post-Covid. Tour d'horizon avec Yannick Da Costa, nouveau directeur régional.

Yannick Da Costa, nouveau directeur régional Bpifrance.
Yannick Da Costa, nouveau directeur régional Bpifrance.


«Eteindre le feu et relancer l'après-crise», voilà les deux missions de Bpifrance en cette période de pandémie.

Depuis bientôt un an, les entreprises font face à un manque de chiffre d'affaires et continuent d'avoir des charges à couvrir. Les prêts de trésorerie, comme les PGE, ont pour but de passer le cap de la crise sanitaire.

Selon Yannick Da Costa, nommé Directeur régional de Bpifrance en janvier dernier, l'important est de penser à l'après. «Broyer du noir ne fera pas ralentir la crise. La question n'est pas de savoir s'il y aura une reprise, parce qu'il est certain qu'il y en aura une, mais de savoir quand. L'espace temps est encore assez opaque, mais dans toute crise il y a une opportunité à saisir.»

Beaucoup ont été sujets à l'introspection pendant la crise sanitaire. Il en est de même pour les dirigeants d'entreprise, prêts à repositionner leur modèle et à investir pour mieux repartir. «Nous sommes là pour accompagner ceux qui en ont la volonté. Si ce n'est pas le cas, nous essayons de les inciter. Nous n'avons pas un discours optimiste parce que cela nous plaît, mais parce que nous y croyons», martèle Yannick Da Costa.


Penser à l'après dès aujourd'hui


Pour ce faire, un plan de relance a été lancé par le Gouvernement dès septembre 2020, afin de subventionner les entreprises des secteurs les plus fragilisés (notamment dans l'automobile), dès lors qu'elles avaient des projets d'investissements déjà mûrs avant la crise. Dans ce cadre, Bpifrance intervient aux côtés de l'Etat en tant qu'opérateur. «Les projets sont déposés sur un site internet dédié, et l'intervention en aide est validée par la Région, les préfectures et la Direccte. Ensuite, Bpifrance s'occupe de la contractualisation», détaille le Directeur régional. Le procédé est identique pour l'appel à projets Territoire d'industrie, réservé à tout industriel.

Focus sur les CHR et l'événementiel

Mais Bpifrance a également développé une gamme de financements en interne. «Nous avons tout d'abord déployé un plan tourisme avec la Banque des Territoires et en collaboration avec le Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Action et des Comptes publics et les régions, qui touche au sens large l’hôtellerie, la restauration et l'événementiel. Leur chiffre d'affaires est aujourd'hui de zéro. Pour autant, leur activité marchait, leur modèle était viable avant la crise. On ne peut pas les laisser tomber pour ce simple motif conjoncturel», indique Yannick Da Costa, avant de détailler : «Cette gamme de financement patient peut aller jusqu'à dix ans et peut intégrer un différé de deux voire trois ans selon les cas, pour un remboursement après la crise, voire après le remboursement du PGE. Ces financements sont sans garantie et nous les décaissons sans facture pour fluidifier le process et agir rapidement.»

Une gamme d'obligations convertibles (OC FAST) a aussi été créée à destination des exploitants touristiques : «Nous sommes encore plus patient car l'entreprise ne rembourse pas de capital pendant cinq ans,  puis ensuite rembourse en tranches annuelles pendant 3 ans».

En collaboration étroite avec la Région, le prêt Rebond est quant à lui valable pour tout type de PME. «Ce sont des prêts à taux zéro sur sept ans dont deux ans différés. Les fonds proviennent de la Région Hauts-de-France.»

Cependant, Yannick Da Costa prévient : «Il faut avoir conscience que ces dispositifs ne sont pas un acquis une fois la demande déposée. Nous nous intéressons à la solvabilité de l'entreprise avant-crise. Il ne faut pas que ce soit une aubaine pour les entreprises qui allaient déjà mal. L'idée est de se dire qu' il n'y a pas de raison qu'une entreprise performante avant la crise ne le soit plus après.»

La décarbonisation des entreprises, axe majeur pour 2021

Bpifrance a déployé un plan Climat bien avant la pandémie, mais les équipes ont décidé d'en faire un axe majeur de l'année à venir. «La crise nous a plus que jamais fait comprendre qu'il fallait accélérer les choses», commente Yannick Da Costa. 

Ce plan consiste à soutenir les entreprises souhaitant décarboner leur entreprise et propose aux non-convaincus d'élaborer un diagnostique «Eco-flux». «Ce diagnostique débouche sur un plan stratégique qui, souvent, nécessite des investissements, pour changer de machines par exemple...» 

Des financements tels que le prêt Vert ADEME existent pour accompagner les dirigeants dans leur démarche. Bpifrance n'hésite pas à en faire la promotion. «Notre souhait est de devenir une banque de référence sur le sujet, indique le Directeur régional. Nos conseillers sont formés pour informer les dirigeants et suivre le processus de l'amont à l'aval. Si l'on veut atteindre l'objectif gouvernemental de zéro émission nette en 2050, c'est maintenant que ça se joue. Nous devons réagir maintenant et non 2045», appuie le directeur régional.