Activités portuaires : Boulogne qui rit, Calais qui pleure
La direction de la Société d’exploitation des ports du Détroit (SEPD ; Port Boulogne-Calais) a tenu sa conférence de presse annuelle. Retour sur une année 2021 compliquée : les ports ont perdu de l’argent dans un contexte incertain.
Encore une année exceptionnelle : depuis deux ans, les deux ports de Calais et de Boulogne-sur-Mer semblent naviguer à vue. En 2021, la SEPD affiche ainsi un chiffre d'affaires de 93 millions d’euros. C'est aussi l'année de l’inauguration formelle du nouveau port, le 31 octobre dernier. Celui-ci coûtera 863 millions d’euros sur 40 ans. «Cela a été un démarrage un peu difficile, mais il faut imaginer qu’on a tout transporté de l’ancien terminal au nouveau. Les compagnies aussi ont dû se roder. Et nous sommes dans la première année du Brexit», explique Jean-Marc Puissesseau, président de la SEPD. «La catastrophe que certains annonçaient n’a pas eu lieu», souligne, quant à lui, Benoît Rochet, directeur général.
À Calais : le transmanche en surcapacité
Pour autant, les trafics sont en berne : à Calais, le segment tourisme est toujours à l’arrêt et les autres trafics sont en baisse. En 2021, 2,4 millions de passagers ont fait la traversée, soit 27% de moins qu’en 2020. Ils étaient 8,4 millions en 2019 et 8,9 millions en 2018. Pour les véhicules de tourisme, le ralentissement est extrêmement prononcé : moins de 250 000 véhicules (- 42% par rapport à 2020) contre 1,4 million en 2019…
Deux secteurs font mieux que résister au vu des contextes sanitaire et post-Brexit : le fret, qui perd à peine 1%, et les marchandises qui affichent 38,2 millions de tonnes. Calais a aussi accueilli une nouvelle compagnie maritime, Irish Ferry, «la première fois depuis longtemps», dixit son PDG. Ainsi, le Calais-Douvres redevient la ligne rapide : en effet, la nouvelle compagnie irlandaise a affecté deux navires sur la ligne en 2021 et un troisième devrait arriver dans les prochains mois. Ainsi, entre P&O et DFDS, Calais-Douvres sera desservi par dix navires. Enfin, P&O a annoncé l’arrivée de nouveaux navires encore plus grands (230 mètres, 1 800 passagers). En attendant que les clients reviennent, les compagnies ont envoyé une partie de leur flotte en maintenance.
Par ailleurs, Calais voit la nouvelle ligne, à peine ouverte, vers Sheerness suspendue par DFDS sur le secteur du non-accompagné. La grève des dockers qui défendent un droit du travail français a refreiné la compagnie maritime qui n'a, pour l'heure, pas annoncé de décision définitive.
Boulogne-sur-Mer : de bons résultats
A Boulogne-sur-Mer, malgré une année 2021 mouvementée pour les pêcheurs boulonnais, victimes de la lenteur administrative britannique pour l’obtention de leur permis, les chiffres sont quasiment tous en hausse. Globalement, le trafic total du port de commerce s’établit à 1,26 million de tonnes, dont près de 700 000 tonnes à Boulogne-sur-Mer.
Côté pêche, le tonnage a crû de 2%, à 28 459 tonnes, pour une valeur de 73 millions d’euros (en hausse de 13%), avec un prix moyen au kilo de 2,58 euros (en hausse de 10%). Dans le détail, la marée affiche des hausses sur la grande majorité des espèces : maquereau, hareng, merlan, coquilles, seiche, sardine, roussette, sole, griset et vive. Quelques variétés sont cependant en chute libre comme le merlu d’Europe (-60% ) et l’encornet (-23%) dont le prix croît de près de 22%.
Autre bonne nouvelle, les investissements se poursuivent dans la zone d’activité dédiée aux produits de la mer Capécure. Ainsi, les sociétés Pure Salmon (projet de ferme aquacole) et Direct Océan étendent leur périmètre, tout comme Mondial Navys Emballages, tandis que d'autres s’installent. Ainsi, John Driedge emménage sur sa nouvelle parcelle de 9 000 m². Grand Frais est arrivé en 2021 avec 2 hectares. La société de mareyage devrait prendre une nouvelle option foncière en 2022. Cette année devrait également voir la concrétisation du projet de ferme aquacole de Local Océan - 7 hectares derrière le port de commerce -, 180 millions d’euros seront investis et 150 emplois, créés.