Boeing sous pression, un procès pénal lié aux crashes de 2018 et 2019 fixé en juin

Le juge fédéral texan chargé de l'affaire des crashes de deux Boeing 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, qui ont fait au total 346 morts, a créé la surprise mardi en fixant au 23 juin l'ouverture d'un...

Le juge fédéral texan chargé de l'affaire des crashes de deux Boeing 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, a créé la surprise mardi en fixant au 23 juin l'ouverture d'un procès pénal avec jury populaire contre l'avionneur américain © JUSTIN TALLIS
Le juge fédéral texan chargé de l'affaire des crashes de deux Boeing 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, a créé la surprise mardi en fixant au 23 juin l'ouverture d'un procès pénal avec jury populaire contre l'avionneur américain © JUSTIN TALLIS

Le juge fédéral texan chargé de l'affaire des crashes de deux Boeing 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, qui ont fait au total 346 morts, a créé la surprise mardi en fixant au 23 juin l'ouverture d'un procès pénal avec jury populaire contre l'avionneur américain.

Le juge Reed O'Connor, qui siège à Fort Worth (Texas), a également "annulé" la date butoir fixée au 11 avril pour que Boeing et le ministère de la Justice l'informent de leurs avancées concernant l'accord de plaider-coupable de l'avionneur dans ce dossier.

Il ne donne aucun détail supplémentaire, hormis un calendrier sur le processus à suivre par les parties en vue du procès.

"Comme précisé par les parties dans de récents documents déposés auprès du tribunal, Boeing et le ministère de la Justice continuent de mener des discussions de bonne foi pour un règlement approprié à cette affaire", a indiqué l'avionneur.

Sollicités par l'AFP, le ministère a refusé de commenter et les avocats américains des familles n'ont pas réagi immédiatement.

"Yes! Enfin!", a réagi auprès de l'AFP Catherine Berthet, qui a perdu sa fille Camille dans l'accident d'Ethiopian Airlines en mars 2019.

"Je suis heureuse évidemment qu'il y ait enfin un procès!!! Tellement soulagée. Des années de combat!", a-t-elle ajouté, disant avoir une "très grande reconnaissance" envers le juge.

"Je me bats (...) pour la manifestation de la vérité et de la justice. Un procès est nécessaire pour la manifestation de cette vérité", a-t-elle poursuivi, regrettant que les dirigeants de Boeing "ne soient pas poursuivis à ce stade".

Malgré la décision de mardi, Boeing a encore la possibilité, avant la date fixée par le juge, de s'entendre avec le ministère public sur un nouveau plaider-coupable, qui lui éviterait un procès.

Fraude

Un premier plaider-coupable est intervenu en juillet 2024 après que le ministère de la Justice a estimé que Boeing avait bafoué un premier accord dit de poursuites différées (DPA).

Ce dernier avait été conclu en janvier 2021, concernant les accidents de 737 MAX 8 des compagnies Lion Air en octobre 2018 et Ethiopian Airlines en mars 2019.

Il ne porte que sur un seul chef d'inculpation: Boeing reconnaît avoir, "en toute connaissance, et avec l'intention de commettre une fraude, conspiré et s'être entendu avec des tiers pour commettre une fraude envers les Etats-Unis" lors du processus de certification du 737 MAX.

Après les accidents, tous les 737 MAX ont été immobilisés au moins vingt mois dans le monde entier. Boeing a admis en avril 2019 que son logiciel anti-décrochage MCAS était en partie responsable.

D'une durée de trois ans, l'accord initial imposait notamment à Boeing d'améliorer le programme de conformité de sa production.

Mais, en janvier 2024, un 737 MAX 9 d'Alaska Airlines a perdu en vol un panneau de fuselage. L'appareil avait été livré en octobre.

Crise profonde

Cet incident, qui n'a fait que quelques blessés légers, intervenait après des mois marqués par des problèmes de qualité de production. Il a plongé Boeing dans une crise existentielle.

En juillet, Boeing et le ministère ont finalement annoncé un second DPA, incluant en particulier la désignation d'un superviseur indépendant.

Pour être définitif, cet accord devait être approuvé par Reed O'Connor, qui l'a rejeté début décembre et a renvoyé Boeing et le ministère à l'écheveau.

Sans aborder le fond de l'affaire dans sa décision de douze pages, il s'est concentré sur le mode de désignation du superviseur qui, selon lui, "marginalis(ait) à tort" le rôle du tribunal et n'offrait pas de garanties en termes de diversité (DEI).

Après plusieurs reports successifs, les parties devaient l'informer de leurs intentions au plus tard le 11 avril.

Mais le magistrat a décidé mardi d'"annuler" cette échéance "et, au contraire, de fixer une date de procès pour cette affaire au lundi 23 juin 2025".

Le Wall Street Journal (WSJ), faisant référence à plusieurs sources non identifiées, a écrit lundi que l'avionneur cherchait à faire annuler ce second DPAIl "cherche un traitement plus indulgent de la part du ministère de la Justice qui, sous l'administration Trump, examine de nombreuses affaires pénales dont le procès n'est pas encore ouvert ou qui n'ont pas encore été validées par un juge".

"Boeing devrait profiter du nouveau regard porté par le ministère de la Justice de Trump, qui est plus enclin à modifier au moins partiellement cet accord", écrivait le WSJ.

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