Bétharram: Bayrou "ne savait pas" et "ne pouvait pas comprendre", dit sa fille

François Bayrou, Premier ministre et désormais "père d'une victime" dans l'affaire Bétharram, "ne pouvait pas comprendre" le "système pervers" de l'établissement catholique, a déclaré jeudi sa fille sur France Inter, à l'occasion de la sortie...

L'établissement catholique Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantique, le 12 février 2025 © Philippe LOPEZ
L'établissement catholique Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantique, le 12 février 2025 © Philippe LOPEZ

François Bayrou, Premier ministre et désormais "père d'une victime" dans l'affaire Bétharram, "ne pouvait pas comprendre" le "système pervers" de l'établissement catholique, a déclaré jeudi sa fille sur France Inter, à l'occasion de la sortie du livre du porte-parole des victimes Alain Esquerre.

Dans "Le Silence de Bétharram", publié aux éditions Michel Lafon, Hélène Perlant (née Bayrou) raconte son passage à tabac, lors d'une colonie de vacances, par un curé qui intervenait par ailleurs à Igon, établissement pour filles géré par la congrégation de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques) où elle était scolarisée.

François Bayrou "est le père d'une victime, ce qu'il ne savait pas" jusqu'à mardi, a déclaré sa fille aînée au micro de France Inter, se disant "victime quelconque", "parmi d'autres", d'un "dispositif pervers".

"Ce système, et c'est absolument génial, à la fin ça se retourne contre les parents qui n'ont rien vu, qui sont accusés", a-t-elle déclaré, prenant la défense de son père, ancien ministre de l'Éducation nationale (1993-1997).

"Lui, comme les autres, ne pouvait pas comprendre parce que ça fonctionne comme ça, en fait: on a tout sous les yeux (...) sauf qu'on l'a tellement sous les yeux qu'on ne voit rien, on ne peut pas comprendre", a-t-elle insisté.

Hélène Perlant a aussi évoqué son "effroi" face aux violences subies par un camarade, devant ses yeux, durant l'année scolaire 1987-1988. Un "épisode oublié", rappelé à son souvenir par une plainte pour "non-dénonciation de crime et délit" déposée en février contre son père, "forcément" mis au courant de l'épisode par sa fille, selon le plaignant.

François Bayrou doit être entendu le 14 mai par la commission d'enquête parlementaire née du scandale. Accusé d'avoir été au courant, dans le passé, des agissements dénoncés aujourd'hui, il a démenti fermement à plusieurs reprises.

"Ça me poignarde le cœur", a réagi mercredi le Premier ministre après les révélations de sa fille.

En février, le parquet de Pau a ouvert une information judiciaire après une année d'enquête et plus de 200 plaintes déposées. Un ex-surveillant a été mis en examen pour viol et agression sexuelle. Deux autres mis en cause ont bénéficié de la prescription des faits.

Devant ce qu'il décrit comme "la plus importante affaire" pédophile en France, Alain Esquerre a milité jeudi pour une "libération de la parole". "Si tout le monde se met à parler, nous allons en avoir la nausée, on est des millions, on est des légions."

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