Bernard Cazeneuve, une option crédible pour un retour à Matignon?
Retour vers le futur: et si le prochain Premier ministre était un ancien locataire de Matignon? Alors que la France s'enfonce un peu plus dans la crise politique, le nom de l'ex-socialiste Bernard Cazeneuve...
Retour vers le futur: et si le prochain Premier ministre était un ancien locataire de Matignon? Alors que la France s'enfonce un peu plus dans la crise politique, le nom de l'ex-socialiste Bernard Cazeneuve revient avec insistance pour remplacer Gabriel Attal.
Homme d'Etat respecté par une grande partie de la classe politique, connu du grand public pour avoir été ministre de l'Intérieur pendant les attentats de 2015, ce proche de François Hollande pourrait être un Premier ministre autour duquel Emmanuel Macron pourrait essayer de construire une majorité de centre-gauche.
Son nom est revenu avec insistance pendant l'été, même si l'intéressé a nié plusieurs fois avoir échangé avec le président.
Lundi encore, il disait à l'AFP ne pas avoir été invité à l'Elysée où Emmanuel Macron enchainait en début de semaine les consultations, pour essayer d'enfin trouver un Premier ministre.
Mais "Cazeneuve ne peut pas dire qu'il n'a eu aucun contact", balaie, sans plus de précisions, un proche du président.
Bernard Cazeneuve "m'a dit: +moi, s'il le faut, je ne me déroberai pas+. Mais il m'a surtout dit: +pour le moment, personne ne m'en a parlé+", ajoute un de ses récents interlocuteurs. Un autre confie: "Il dit qu'il a un job, qu'il gagne bien sa vie" en tant qu'avocat. "Il est peut-être un de ceux qui est le moins ouvertement candidat" au poste, ajoute-t-il.
Le chef de l'Etat et son Premier ministre putatif se connaissent bien: ils ont été ensemble ministres de François Hollande. Un quinquennat que Bernard Cazeneuve a même fini à Matignon où il a passé un peu plus de cinq mois - record du bail rue de Varenne le plus court sous la Ve République - après la démission de Manuel Valls.
Mais les relations entre Bernard Cazeneuve et Emmanuel Macron se refroidissent quand ce dernier s'envole pour l'Elysée: le député de la Manche lui reproche un manque de "loyauté" vis-à-vis de François Hollande et un défaut d'"élégance".
- "Un des nôtres" -
Même si les deux anciens collègues parvenaient à mettre leurs désaccords de côté, resterait à trouver une majorité sur laquelle s'appuyer, le président ayant écarté l'option Lucie Castets au nom de la "stabilité institutionnelle", à savoir le risque de censure rapide qu'aurait connu son éventuel gouvernement.
Bernard Cazeneuve, extrêmement critique de La France insoumise, a quitté le PS en 2022 après les accords de la Nupes. Avant de monter dans la foulée son propre mouvement, La Convention, au succès confidentiel.
Cependant le nom de l'ancien fabusien continue de faire recette chez les socialistes, notamment dans l'aile la plus sociale-démocrate
"Bernard pourrait faire avancer des politiques de gauche. Bien sûr, ce ne serait pas +rien que le programme et tout le programme du Nouveau Front populaire+", la formule des Insoumis, note le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, principal opposant d'Olivier Faure.
"Le sujet c'est ce qu'il proposera. S'il défend le programme du NFP on regardera avec intérêt ce qu'il dit", dit un député socialiste, qui ajoute que le groupe du PS à l'Assemblée ne se positionnera "ni sur un soutien automatique, ni sur une censure automatique".
"Ca reste un ancien Premier ministre socialiste, c'est un des nôtres", ajoute cet élu, en regrettant le "délit de sale gueule qui peut être fait à son égard à gauche, parce qu'il met des costumes trois pièces".
Convaincre à gauche
Car le plus difficile devrait bien être les relations entre M. Cazeneuve et le reste de la gauche.
Ecologistes et Insoumis se sont clairement prononcés contre sa nomination, qui "affaiblirait mécaniquement" le NFP a reconnu Jean-Luc Mélenchon, en se référant notamment à la mort du militant écologiste Rémi Fraisse en 2014 ou à la loi Cazeneuve de 2017 sur l'usage des armes à feu par les policiers, accusée par une partie de la gauche d'avoir permis la mort du jeune Nahel à Nanterre l'année dernière.
Un de ses anciens collègues au gouvernement sous François Hollande prévient: "cliniquement ce serait une cohabitation (...) l'acquiescement d'une partie du PS ne sera pas gratuit, et Cazeneuve tient à son image de gauche".
Pas suffisant pour les Insoumis.
Le député Paul Vannier, membre de la direction de LFI, qualifie le scénario de "cohabitation sans alternance".
"Pour citer Alain Delon et Le Guépard, peut-être que pour Emmanuel Macron, il faut que tout change pour que rien ne change", ajoute-t-il.
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