Beaucoup de projets dont le retour de la consigne du verre…

Enorme machine à retraiter les déchets qui gère 109 communes sur un territoire allant jusqu’au Bas- Cambrésis en passant par la Haute-Sambre et tout le Denaisis, le Siaved ne cesse de lancer des opérations innovantes. La dernière en date est très sérieuse : d’ici 2016 mettre en place une filière “consigne de verre” qui soit viable financièrement.

Daniel Tison (à gauche) et Charles Lemoine sont à la tête d’un puissant syndicat.
Daniel Tison (à gauche) et Charles Lemoine sont à la tête d’un puissant syndicat.

 

Daniel Tison (à gauche) et Charles Lemoine sont à la tête d’un puissant syndicat.

Daniel Tison (à gauche) et Charles Lemoine sont à la tête d’un puissant syndicat.

A la jointure de Douchy-les-Mines et de Denain, le Syndicat interarrondissement de valorisation et d’élimination des déchets (Siaved) occupe tout un quartier avec son unité d’incinération et l’établissement privé Recydem, situé lui à Lourches. Trois communes appartenant à la CA Porte du Hainaut qui soutient le retraitement des déchets en assumant financièrement leur ramassage, deux unités de retraitement mais tout cela dans un but unique : éduquer les populations à la gestion et la production de leurs déchets et tenter de rassembler, avec les communes adhérentes au syndicat, les moyens de créer des actions innovantes écocitoyennes comme la collecte de bouchons dans les déchetteries ou ce projet de retour de la bonne vieille consigne des bouteilles en verre. Et il n’y a pas que ça…

Une structure puissante. Avec 109 communes issues de trois EPCI, la CAPH, Coeur d’Ostrevent et le Syctomec (Cambrésis et Sambre), le Siaved oeuvre pour 287 000 habitants. Mais les demandes d’adhésion s’amplifient : le Pays de Matisse, la communauté de communes de la Haute-Sambre, celle d’Espace Sud-Cambrésis, liste non close. Charles Lemoine, président, s’en réjouit : “Plus d’adhérents, plus de moyens financiers, plus de volumes à traiter !” Le budget de 29 M€ est effectivement assuré à 69% par les communes (cotisation d’environ 20 000 € par an pour chacune), puis par l’emprunt (9%), les déchets des CHR et les ventes d’électricité (6% chaque). Ces questions financières sont suivies de très près car le Siaved a mis trois ans à assainir sa situation après être passé tout près de la “correctionnelle”. En 2009, un excédent de 1,6 M€ a été enregistré. Mais sa taille, l’ampleur de ses tâches et son attractivité permanente plaident pour lui : gérer autant de stations d’épuration depuis Mortagnedu- Nord à la frontière belge jusqu’aux confins du Sud- Cambrésis n’est pas à la portée de toutes les structures. Le tandem directionnel Charles Lemoine-Daniel Tison (DGS) pilote une lourde machine : un bureau d’études (ATC 59) et une quarantaine de collaborateurs. De plus, la tendance est à la hausse… “On est en train de récupérer une 14e déchetterie, celle de la société Malaquin, ce qui porte le total à 36, toutes en régie dorénavant, explique le président. Et les fusions de communes vont encore amplifier ce phénomène, nous avons terminé celle de Mortagne, celle de Denain sera finie en juillet.” Cela dit, le Siaved traîne un boulet lié à l’interdiction d’incinérer plus de déchets et la difficulté à mobiliser autour de projets innovants les industriels sans lesquels rien n’est possible. Pourtant, certaines pistes sont bien séduisantes pour l’entrepreneur qui croit dans la vertu fondatrice du risque.

Un Centre de valorisation qui pourrait tourner plus. En 2004, l’usine d’incinération de Douchy-les-Mines, en bas de laquelle se sont installés les services du Siaved, est devenue Centre de valorisation énergétique produisant de l’électricité via une turbine à vapeur. En moyenne elle a à brûler 88 000 tonnes de déchets par an dont 6 000 provenant des hôpitaux de la grande région Nord de la France. Le président Lemoine dévoile la problématique : “Ce tonnage pourrait augmenter. Mais déjà avant le Grenelle, un texte national a bloqué le procédé technique de l’’incinération et dans le Nord, il y aurait assez de lieux de transformation des déchets. Résultat, nous sommes gelés dans nos capacités à brûler plus alors que la demande émanant de l’étranger à incinérer des déchets nous parvient régulièrement. Quel paradoxe quand on sait qu’on a massivement rénové ces installations qui nous coûtent chaque année 1,5 M€. On est aux normes, on peut recevoir plus de tonnage sans rien avoir à adapter, on ralentit même… Cet arrêté préfectoral de 2001 ne tient pas compte de certaines réalités locales. Sachez que la CA du Cambrésis est obligée d’enfouir chaque année 12 000 tonnes de déchets. Nous, on n’est pas anti-Grenelle. Cependant le plan départemental sur cette question de l’incinération stipule qu’on ne peut plus augmenter les capacités techniques des centrales existantes sauf si sur un CVE (Centre de valorisation énergétique) on a un projet de cogénération : dans ce cas on peut admettre une augmentation de l’incinération. Nous travaillons donc à un projet avec notre BE, il s’agit d’utiliser la vapeur pour chauffer des serres. Il y a des subventions dormantes, on cherche un industriel. On travaille aussi à un projet de centrale de lavage du verre pour le projet de consigne. Avec l’aide de la CAPH pour le foncier, on arriverait à créer un site qui produise de l’énergie pas chère – quatre fois moins chère que l’actuelle d’après les études préliminaires –, qui pourrait être revendue à Bils Deroo qui est en face. Pour l’instant la vapeur est gâchée.

Daniel Tison (à gauche) et Charles Lemoine sont à la tête d’un puissant syndicat.

Daniel Tison (à gauche) et Charles Lemoine sont à la tête d’un puissant syndicat.

Un projet de cogénération. Un bilan carbone du Siaved s’est révélé positif, il faudrait concentrer les lieux de traitement dans un projet de cogénération, le syndicat y réfléchit. Avec 210 000 tonnes de déchets traitées dont un tiers en déchetteries, le Siaved ne craint pas les fusions de territoires puisqu’elles profiteraient aux populations en termes de services et qu’elles entraîneraient une multiplication des équipements. Ce que résume le président : “L’avenir est à un territoire plus grand encore, peut-être de 600 000 habitants, et deux usines. L’accent est mis surtout sur la baisse de production des ordures ménagères à l’horizon 2015. On a quatre permanents sur le dossier. Depuis un an et demi on discute avec les collectivités, des actions de baisse ont commencé mais il nous faut un industriel qui prenne les choses en mains.”