BD de la semaine

BD de la semaine

Le chanteur perdu

Cette BD attachante – signée Didier Tronchet, célèbre auteur originaire de la région – suit les pas de Jean, bibliothécaire qui, après un burn-out, décide de retrouver Rémy-Bé, le chanteur de sa jeunesse contestataire. Fasciné par la liberté de ton des chansons, Jean voit dans cette recherche improbable l’occasion de renouer avec le personnage qu’il n’a pas osé être. Enregistrées sur une vieille cassette audio, ses compositions l’ont suivi pendant des années, seul vestige du passé. Cependant, personne ne semble se souvenir de ce chanteur… Sa seule piste : la pochette du disque avec le viaduc de Morlaix en arrière-fond. Néanmoins, Jean pourra peu à peu renouer le fil avec le seul secours des paroles d’une douzaine de chansons, agencées comme un puzzle mystérieux. Au bout du chemin, il fera la découverte de celui qu’il est, à travers celui qu’il aurait pu être… Tronchet signe ici une œuvre émouvante et vibrante, qui nous questionne : est-ce bien la vie que nous voulions vivre ? L’enquête fantaisiste menée par cet anti-héros se lit avec un plaisir communicatif.

Dupuis.

 

Divine

Surnommée par la presse «la Divine», Sarah Bernhardt (1844-1923) est considérée comme la plus grande tragédienne française du XIXe siècle. Ce personnage éminemment romanesque méritait bien une BD à la hauteur de son aura. Le récit s’ouvre en 1871 alors que la France et sa capitale viennent de connaître des mois sombres. Pendant le conflit avec la Prusse, qui a affamé Paris assiégé, Sarah avait transformé le théâtre de l’Odéon en hôpital et s’était muée en infirmière. Alors que la vie reprend son cours, Sarah doit faire ses preuves sur les planches et jouer dans une pièce qui démontrera toute l’étendue de son talent. Victor Hugo se présente alors et lui propose le rôle de la reine dans son Ruy Blas. Les deux artistes se découvrent des affinités et la pièce connaît un immense succès… Soit le premier triomphe d’une comédienne éloignée du conformisme de l’époque qui n’hésitera pas à jouer selon son envie des rôles féminins ou masculins. Elle devint rapidement une muse pour Edmond Rostand, Marcel Proust ou Sacha Guitry… et Jean Cocteau inventa pour elle l’expression de «monstre sacré». Eddy Simon (scénario) et Marie Avril (dessins) signent une biographie aussi libre que la vie de cette femme hors du commun, féministe avant l’heure, qui milita contre la peine de mort et soutint Zola dans l’affaire Dreyfus.

Futuropolis.

 

Les dossiers Kennedy

Deuxième tome d’une trilogie qui, au-delà du mythe du clan Kennedy, raconte l’histoire fascinante du début de l’une des grandes dynasties de la politique américaine, La Guerre en Europe se déroule à Londres, en 1938. Alors que le millionnaire autodidacte Joseph P. Kennedy veut devenir le premier président catholique irlandais des États-Unis, le président Roosevelt l’envoie en Angleterre en tant qu’ambassadeur. La presse et le peuple adorent la famille photogénique, toute américaine. Mais pendant ce temps, des nuages sombres se rassemblent au-dessus de l’Europe, où l’Allemagne nazie devient de plus en plus agressive. Sympathisant nazi, corrupteur et corrompu, Joseph Kennedy tente de convaincre Roosevelt de ne pas s’impliquer dans le conflit européen… Les dessins de Mick Peet, proches de la ligne claire, épousent l’efficacité d’un récit qui s’appuie sur un scénario classique ponctué de faits historiques. Erik Varekamp relate ainsi l’incroyable saga des Kennedy avec une pointe d’humour et n’hésite pas à peindre Jack, futur JFK, comme un subtil politique mais aussi comme un insatiable Don Juan…

Dargaud.