Bayrou dit n'avoir "jamais été informé" des agressions sexuelles au collège-lycée Bétharram

François Bayrou a assuré mardi n'avoir "jamais été informé", dans le passé, des agressions sexuelles dont sont soupçonnés des membres d'un établissement catholique du Béarn qu'ont fréquenté ses enfants, et...

Le Premier ministre François Bayrou à l'Assemblée nationale à Paris, le 10 février 2025 © ALAIN JOCARD
Le Premier ministre François Bayrou à l'Assemblée nationale à Paris, le 10 février 2025 © ALAIN JOCARD

François Bayrou a assuré mardi n'avoir "jamais été informé", dans le passé, des agressions sexuelles dont sont soupçonnés des membres d'un établissement catholique du Béarn qu'ont fréquenté ses enfants, et a annoncé "une plainte en diffamation".

Le parquet de Pau mène l'enquête depuis un an sur une centaine de plaintes visant des faits présumés de violences, agressions sexuelles et viols commis au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, entre les années 1970 et 1990.

Le chef du gouvernement, originaire de la région, a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cette institution et son épouse y a enseigné le catéchisme.

En avril 1996, alors que François Bayrou était ministre de l'Education, une plainte avait déjà dénoncé les violences physiques d'un surveillant à Bétharram sur un enfant de la classe d'un de ses fils, condamné par la suite. Puis en mai 1998, alors qu'il était redevenu député des Pyrénées-Atlantiques et président du conseil général, un ancien directeur de l'institution avait été mis en examen et écroué pour viol.

"Je n'ai jamais été informé de quoi que ce soit, de violences ou de violences a fortiori sexuelles. Jamais", a affirmé François Bayrou à l'Assemblée nationale, en réponse à une question du député Paul Vannier (LFI).

La semaine dernière, des témoins interrogés par l'AFP, après une enquête de Mediapart, ont affirmé le contraire.

"Comme Cahuzac, Bayrou a menti devant l’Assemblée. Comment imaginer qu’il conserve ses fonctions après pareil parjure devant la représentation nationale ?", a réagi sur X le député insoumis, accompagné d'une capture d'écran d'un nouvel article de Mediapart.

Dans un article publié mardi soir, le média d'investigation a réitéré ses accusations de mensonges, en dévoilant notamment une lettre d'un ancien élève, reconnu victime par la Commission reconnaissance et réparation (CRR), qui accompagne les personnes abusées dans des congrégations catholiques. 

Adressée avec accusé de réception en mars 2024 à François Bayrou à la mairie de Pau, la missive, qui raconte des faits d'attouchements subis à la fin des années 1950 par cet ancien pensionnaire de Bétharram, est restée sans réponse selon Mediapart.

Devant l'Assemblée, le chef du gouvernement a exprimé sa "sympathie" pour "les personnes, les hommes ou les garçons, qui ont été en souffrance dans ces affaires-là" et avancé "deux preuves" de son ignorance des faits.

D'une part "lorsque la première plainte est déposée", selon lui "en décembre 1997", il a "quitté déjà le ministère de l'Education nationale depuis des mois" - en mai de la même année. 

D'autre part, "est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans des établissements" où l'on aurait "soupçonné ou affirmé qu'il se passe des choses de cet ordre ?", a ajouté M. Bayrou.

"Je peux vous assurer que tout est faux et qu'une plainte en diffamation sera évidemment portée", a-t-il conclu, sans préciser qui était visé.

En mars dernier, interrogé par Le Parisien, François Bayrou avait répondu que "la rumeur, il y a 25 ans, laissait entendre qu'il y avait eu des claques à l'internat", ajoutant n'avoir "jamais entendu parler (...) de risques sexuels".

Selon les journaux Le Monde et La République des Pyrénées, l'actuel Premier ministre avait rencontré cependant, en 1998, le juge chargé d'instruire le dossier de viol à Notre-Dame-de-Bétharram. Cet ancien magistrat affirme qu'ils avaient évoqué l'affaire et a dit à Mediapart ne pas comprendre pourquoi François Bayrou le "dément aujourd'hui".

"Dès que quelqu'un occupe des responsabilités, on s'ingénie à inventer de toutes pièces des scandales", a lancé le chef du gouvernement à l'Assemblée. Et "si on ne répond pas et qu'on se tait, on est coupable. Et si on répond et qu'on dément, on est immédiatement mis en accusation." 

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