Batteries Event à Dunkerque : la filière garde le cap malgré quelques vents contraires
Evénement international où se retrouvent les acteurs du secteur de la batterie, le Batterie Event s’est tenu pour la première fois à Dunkerque début avril, là où une toute une filière autour de la mobilité électrique est en train de naître. Alors que le secteur très prometteur connaît quelques soubresauts, chacun s’est voulu optimiste, tout en appelant les pouvoirs publics à accompagner un démarrage de la filière, en Europe, plus complexe qu’attendu.

Plus de 800 personnes ont assisté au Batteries Event dunkerquois qui avait lieu du 1er au 3 avril. Organisé à Lyon depuis une vingtaine d’années, il s’est délocalisé à Dunkerque pour la première fois. Une certaine logique quand on sait que s’est sur ce territoire qu’est en train d’émerger une véritable filière, avec l’implantation de deux usines géantes de fabrication de batteries (Verkor et ProLogium), auxquelles vient s’ajouter une entreprise, Neomat, qui interviendra en amont et en aval avec la fabrication de cathodes et le recyclage des rebuts d’usine et de batteries en fin de vie.
Pendant trois jours, ont alterné plénières, ateliers et échanges en B to B entre professionnels de la filière. Une visite de la toute nouvelle usine de fabrication de batteries Verkor installée à Bourbourg, dont la production doit démarrer avant la fin du premier semestre, était également au programme.
Au-delà des enjeux que l’émergence de cette filière impliquent pour les territoires concernés (formation, montée en compétences, emplois, logements…), ses acteurs ont unanimement voulu montrer un visage optimiste, alors même qu’elle connaît, en Europe, quelques difficultés d’ordre structurel. À l’image du suédois Northvolt, considéré comme le champion européen du secteur et dont l’annonce de la faillite en mars dernier en raison de son incapacité à atteindre ses objectifs industriels, a jeté un grand froid.
Ainsi, si «on garde le cap» restait mot d’ordre de ces trois jours, les industriels ont tous unanimement appelé les pouvoirs publics à soutenir une filière dont les débuts sont plus complexes que prévus. Et qui se prend de plein fouet l’avance de plusieurs années prise par les Chinois en terme de productivité dans ce secteur.
Un merci et un appel aux pouvoirs publics
Interrogé sur ce thème, Yann Vincent, directeur d’ACC, la gigafactory de fabrication de batteries installée à Billy-Berclau qui produit depuis 2024 pour le groupe automobile Stellantis, a eu un discours combattif, martelant que «l’on doit avoir une industrie de la batterie européenne qui soit compétitive car elle demeure un sujet majeur, et cela même si l’on observe un ralentissement de la croissance du véhicule électrique». Toutefois, l’industriel ne nie pas les difficultés en raison «de l’agressivité de fabricants chinois, très dynamiques et très compétitifs». «Nous, Européens, avons actuellement un écart de 25% de compétitivité avec eux. Il y a donc nécessité à travailler sur les facteurs explicatifs : augmenter notre capacité d’innovation qui n’est pas suffisante, inciter les instances européennes à traiter directement avec les producteurs de métaux rares pour sécuriser les approvisionnements et enfin garantir un coût énergétique bas».
Avant de conclure : «La montée en cadence de nos usines géantes est plus difficile que prévu, les investissements sont plus importants. Alors, tout en disant merci aux pouvoirs publics de nous avoir soutenus parce qu’il faut bien se rendre compte que sans leur soutien financier, il n’y aurait pas de fabricants de batteries en Europe, j’ai envie de leur dire : 'Continuez à nous soutenir, corrigez pendant quelques temps les écarts de performances entre européens et chinois pour aider les entreprises qui ont investi massivement à passer le cap du temps des dépenses sans recettes en retour'».