Balades new-yorkaises
Coffret indispensable, Outside réunit quatre films de Morris Engel et Ruth Orkin qui, au cours des années 1950, révolutionnèrent le cinéma américain en réalisant et produisant des films en dehors des studios hollywoodiens.
Avec Le Petit Fugitif (1953), Lovers and Lollipops (1955) et Weddings and Babies (1958), le duo signe des œuvres éprises de liberté, filmant au plus près la réalité quotidienne de leurs contemporains. Un geste cinématographique entre documentaire et fiction à travers lequel les artistes posent un regard bienveillant, incisif et nostalgique sur New York et ses habitants. Ce qui fera dire à François Truffaut que la «Nouvelle Vague n’aurait jamais eu lieu si le jeune Américain Morris Engel ne nous avait pas montré la voie.»
Un éloge né de la vision du Petit Fugitif qui nous plonge dans le Brooklyn des années 1950. Le récit suit les pas de Lennie qui doit garder son petit frère Joey alors qu'il avait prévu de passer le week-end avec ses amis. Irrité de devoir emmener son petit frère partout avec lui, il décide de lui jouer un tour en simulant un accident de carabine… Filmé dans un noir et blanc somptueux au cœur de Coney Island, lieu mythique de New York, Le Petit Fugitif est considéré comme le film précurseur du cinéma indépendant américain, qui inspira les premiers longs-métrages de John Cassavetes et Martin Scorsese.
Une rareté à découvrir
Cette magnifique trilogie new-yorkaise proposée en version restaurée est complétée par le long métrage inédit de Morris Engel, I Need a Ride to California (1968), splendide témoignage sur le New York hippie de l'époque. Le film se déroule à la fin des années 1960 alors que Lilly, une jeune Californienne, débarque à New York pour vivre la révolution hippie. Elle explore les rues de la métropole appareil photo à la main, mais se rend vite compte que la ville et les gens qu’elle rencontre ne sont pas aussi bienveillants qu’elle l’imaginait…
Tourné par Morris Engel à une époque où la révolution flower power bat son plein, I Need a Ride to California est l’œuvre de la maturité pour le cinéaste, tant par son esthétisme que par son sujet, annonçant le bouleversement du paysage sociopolitique de la décennie future. Morris Engel s’inspire du climat de libération sexuelle et d’agitation sociale, ainsi que du mouvement psychédélique, pour signer un portrait complexe, parfois cru, d’une jeune fille lâchée dans le Manhattan underground, berceau de la contre-culture. Entre légèreté, amertume et mélancolie, I Need a Ride to California est une rareté inédite en Europe, désormais visible dans une splendide restauration.
Carlotta Films.