Avec "Assassin's Creed Shadows", Ubisoft espère un succès pour sortir la tête de l'eau
Séduire les joueurs sans les lasser: le géant français du jeu vidéo Ubisoft espère avoir trouvé la bonne formule pour "Assassin's Creed Shadows", quatorzième épisode de sa série phare lancé jeudi...

Séduire les joueurs sans les lasser: le géant français du jeu vidéo Ubisoft espère avoir trouvé la bonne formule pour "Assassin's Creed Shadows", quatorzième épisode de sa série phare lancé jeudi et avec lequel l'éditeur espère se relancer.
Venu dans un magasin parisien pour se procurer le jeu dès sa sortie, Thibault, 28 ans, a été convaincu par "les combats et les graphismes, mieux faits que dans les autres Assassin's Creed".
"J'ai hâte mais, en même temps, je suis un peu réservée", confie pour sa part Melinna, infirmière de 25 ans, également venue l'acheter même si elle avait trouvé l'opus précédent "répétitif".
Pour Maximilien Metrouh, responsable régional au sein du revendeur spécialisé Micromania, "c'est un titre qui est très attendu" par les fans. Pour preuve, dès le premier jour, le jeu a franchi le cap du million de joueurs, a annoncé sur X le compte officiel d'"Assassin's Creed Shadows".
Depuis 2020, Ubisoft, l'un des plus gros acteurs du jeu vidéo dans le monde avec près de 18.000 employés, a connu une longue série de revers: lancements décevants, chute du cours de Bourse, scandales de harcèlements sexuel et moral visant d'anciens cadres, mouvements de grève...
Désormais au pied du mur, il mise sur cet épisode ancré dans le Japon féodal — son plus gros projet à ce jour — pour retrouver un second souffle.
Près d'une vingtaine de studios et des centaines de personnes ont travaillé dessus pendant environ cinq ans, pour un budget de plusieurs centaines de millions d'euros, selon certaines estimations.
"Nos développeurs ont donné tout ce qu'ils avaient pour créer le meilleur jeu possible", assure Thierry Dansereau directeur artistique d'Ubisoft Québec, au Canada.
Plutôt bien reçu par les critiques, "Assassin's Creed Shadows" — commercialisé sur PC, PS5 et Xbox Series — affiche une note "globalement favorable" de 81 sur 100 sur le site d'agrégation d'avis Metacritic, soit un point de plus que l'épisode "Valhalla", sorti en 2020 et plus gros succès de la série.
Critiques japonaises
Les premiers retours des joueurs sur internet sont également encourageants pour l'éditeur: le jeu enregistre 80% de critiques positives sur la plateforme de ventes de jeux sur PC Steam et une moyenne de 4,8 sur 5 pour près de 3.000 avis sur le Playstation Store de Sony.
De quoi faire remonter le cours de l'action d'Ubisoft à la Bourse de Paris jeudi, où elle a clôturé en hausse de 3,85% à 13,08 euros.
Pourtant, avant même sa sortie, "Assassin's Creed Shadows" avait été la cible de nombreuses polémiques, notamment liées à la présence d'un samouraï noir parmi ses deux protagonistes.
Au Japon, une pétition critiquant un "manque d'exactitude historique et de respect culturel" de la part des développeurs a recueilli plus de 100.000 signatures ces derniers mois, tandis que, mercredi, un député local s'est ému de la possibilité donnée aux joueurs de détruire l'intérieur d'un sanctuaire shinto.
Face à ces critiques, Ubisoft a déployé jeudi un correctif rendant le mobilier des temples et sanctuaires indestructibles et réduisant les effusions de sang dans ces lieux.
Avenir incertain
"Tout le monde croise les doigts pour que cette sortie soit un énorme succès", résume auprès de l'AFP Charles-Louis Planade, analyste à Midcap Partners, qui rappelle qu'avec environ 4.000 salariés en France sur les 15.000 que compte le secteur, "Ubisoft est la locomotive du jeu vidéo" dans ce pays.
Pour sortir la tête de l'eau, l'entreprise avait entamé début 2023 un plan de réduction des coûts, entraînant des fermetures de studios et le départ de près de 2.000 salariés.
Cette mauvaise passe, dans un secteur en pleine crise de croissance depuis deux ans, a aussi poussé Ubisoft à annoncer en janvier qu'il étudiait désormais "plusieurs options" pour son avenir, entraînant bon nombre de spéculations.
Si un rachat conjoint avec le géant chinois de la tech Tencent — qui possède 10% de son capital— pour sortir l'entreprise de la Bourse a été évoqué dans un premier temps, plusieurs médias rapportent désormais la possible création d'une nouvelle entité, recentrée sur les marques phares du groupe, qui céderait le reste de son catalogue.
"Toutes les options sont sur la table", résume M. Planade, pour qui le rapport de force dans la négociation sera en grande partie déterminé par le succès de "Shadows".
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