Avant les annonces du gouvernement, les agriculteurs ne "lèvent pas le camp" sur les routes de France

"Pas de mesurettes": les agriculteurs mobilisés dès les premières heures vendredi matin attendent avec impatience des mesures à effet rapide de la part du Premier ministre Gabriel Attal pour répondre à leurs revendications, menaçant de poursuivre les blocages commencés il y a une semaine...

 © Thomas BERNARDI
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"Pas de mesurettes": les agriculteurs mobilisés dès les premières heures vendredi matin attendent avec impatience des mesures à effet rapide de la part du Premier ministre Gabriel Attal pour répondre à leurs revendications, menaçant de poursuivre les blocages commencés il y a une semaine si elles ne sont pas à la hauteur. 

Confronté à sa première crise depuis sa nomination, Gabriel Attal doit se rendre vendredi auprès des agriculteurs pour faire "des propositions concrètes de mesures de simplification", en compagnie du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau. Selon la FNSEA, il est attendu dans l'après-midi en Haute-Garonne, où a commencé le premier blocage d'autoroutes il y a une semaine. 

En attendant ces annonces, les agriculteurs restaient mobilisés vendredi aux premières heures du jour. Sur l'autoroute A1 à Seclin, au sud de Lille, des agriculteurs étaient déjà debout vers 07H00, a constaté une journaliste AFP. Sous la bruine et dans l'obscurité trouée par les phares d'un tracteur, ils agitaient des drapeaux des Jeunes agriculteurs devant une barrière de bottes de paille.

"Je pense qu'aujourd'hui on aura peut-être une réponse", espère Pierre Lambin, ouvrier agricole de 43 ans qui a passé la nuit sur place. "Mais tant qu'on n'aura pas toutes les réponses, on ne lèvera pas le camp", prévient-il.

Rencontrés dans de multiples lieux de France par l'AFP, les agriculteurs ont des revendications diverses, selon qu'ils sont éleveurs de volailles frappés par la grippe aviaire l'an dernier, viticulteurs dont les vins se vendent moins, cultivateurs bio aux légumes boudés par les Français, ou grands céréaliers. 

Certains réclament une baisse du GNR (gazole non routier). D'autres veulent un prix minimum pour leurs produits, ou le versement d'aides ou d'indemnisations dues de longue date, voire un moratoire sur l'interdiction des pesticides, comme nouvellement demandé par la FNSEA. Une partie des 140 revendications portées par le syndicat majoritaire nécessitent une loi ou des négociations à Bruxelles.

Pas de paroles en l'air

Un peu partout dans le pays, les manifestants s'en sont pris jeudi à des symboles de l'Etat et des grandes surfaces, donnant l'image d'une colère se radicalisant. Plus de 55.000 personnes se sont mobilisées, selon un décompte de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire proche du pouvoir, qui tente depuis une semaine de canaliser un mouvement démarré en Occitanie.

Dans l'Oise, une poignée d'hommes a passé une nouvelle nuit sur l'autoroute A16, au niveau du péage d'Amblainville, se réchauffant à la flamme et aux cafés brûlants. Une quinzaine de tracteurs sommeillaient sur la chaussée, dans le noir, attendant que de nouvelles forces vives ne rejoignent le convoi pour une nouvelle journée de manifestation. 

Selon Vincent Verschuere, éleveur laitier de Saint-Aubin, ils devraient être en 100 et 150. "On va attendre les annonces de notre gouvernement, même si on a peu d'espoir qu'elles soient suffisantes à satisfaire l'ensemble du monde agricole", confie-t-il à l'AFP. 

Devant la "colère" et la "résignation extrême" des agriculteurs, "on n’attend pas des mesurettes, on attend pas des paroles en l’air", a martelé sur franceinfo Cyrille Milard, le président de la FDSEA 77.

Pour le moment "dans l'expectative" des annonces gouvernementales, "on ne s’interdit pas d’aller bloquer Paris" si celles-ci ne paraissent pas à la hauteur, prévient-il, même si cela devrait plutôt prendre la forme d'un blocage des grands axes routiers que d'une entrée dans la capitale.

"On n'avait pas l'intention de gêner les gens, mais il y a que ça en France pour faire bouger les choses", estime-t-il, "Il y a un moment où on est obligé de durcir le ton (...), on est en train de rentrer dans un rapport de force extrême".

Et l'écologie ?

Les ministres de l'Agriculture et de l'Economie mèneront vendredi, à 11H00, un comité de suivi des négociations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs, qui ont une incidence sur le revenu des producteurs.

Alors que les agriculteurs sont également mobilisés en Allemagne, Belgique, Pologne ou Suisse, le mouvement est populaire en France, mais tous les syndicats ne plaident pas pour sabrer les normes environnementales. La Confédération paysanne, 3e syndicat représentatif, classé à gauche, propose des solutions bien différentes de celles des syndicats FNSEA, Jeunes agriculteurs et Coordination rurale.

Les ONG écologistes s'alarment des appels à débrider les règles sur l'eau ou les pesticides. "Ce n'est pas en réduisant les mesures environnementales que l'agriculture règlera sa crise, ça ne fera qu'aggraver la situation", dit Sandrine Bélier, directrice de l'ONG Humanité et Biodiversité.

Deux experts qui siègent avec la FNSEA dans des conseils environnementaux confient d'ailleurs à l'AFP leur sidération face à la subite surenchère du syndicat.

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