Aux Etats-Unis, la baisse des taux pourrait regonfler l'optimisme des consommateurs avant l'élection
La très attendue décision de la banque centrale américaine (Fed) de baisser ses taux pourrait apporter un regain d'optimisme aux consommateurs américains, et cela pourrait bénéficier à Kamala Harris face à Donald Trump...
La très attendue décision de la banque centrale américaine (Fed) de baisser ses taux pourrait apporter un regain d'optimisme aux consommateurs américains, et cela pourrait bénéficier à Kamala Harris face à Donald Trump pour l'élection très serrée du 5 novembre.
Le candidat républicain avait immédiatement taxé les responsables de la Fed de jouer le jeu des politiques, et la démocrate avait salué une "bonne nouvelle" pour les Américains.
Toutefois, "les conséquences pour les consommateurs à court terme seront assez limitées", a expliqué à l'AFP Greg Daco, chef économiste pour EY.
La Fed a annoncé mercredi sa première baisse des taux depuis 2020, les réduisant d'un demi-point de pourcentage. Mais cela ne devrait pas changer grand-chose à court terme, car les marchés avaient anticipé ce mouvement.
Et cela "a déjà commencé à faire baisser les taux d'intérêt, sur les prêts immobiliers par exemple", souligne Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics.
"Les consommateurs ressentent déjà les bénéfices des baisses de taux, avant même que la Fed n'ait appuyé sur la gâchette", a souligné auprès de l'AFP David Wessel, spécialiste de la Fed pour la Brookings Institution.
La Fed avait, depuis 2022, relevé ses taux pour lutter contre l'inflation, faisant flamber le coût du crédit. Ainsi, les taux d'intérêts des prêts immobiliers culminaient au printemps à plus de 7% pour un prêt à 30 ans, tant la Fed avait resserré sa politique face à l'inflation. Ils sont à 6,20% désormais.
Choix de société
Et cette baisse des taux vise aussi à empêcher le taux de chômage de grimper dans les mois à venir.
Ainsi, d'ici l'élection du 5 novembre, "nous ne verrons peut-être pas une énorme différence dans les données économiques", mais sans doute "un effet positif sur le moral des consommateurs", souligne Nancy Vanden Houten.
Cela fera-t-il pencher certains électeurs indécis au moment de remplir leur bulletin de vote, alors que l'économie figure parmi leurs principales préoccupations ?
"Ce n'est pas une baisse des taux de 50 points de base par la Fed qui déterminera le résultat de cette élection", mais, le scrutin étant si serré, un optimisme renouvelé peut "donner probablement un petit avantage à la vice-présidente", note encore Nancy Vanden Houten.
"Tout ce qui aide (les consommateurs) à se sentir mieux face à l'économie est un plus pour Harris", pense également David Wessel.
Mais "étant donné le choix de société face auquel nous nous trouvons entre Kamala Harris et Donald Trump, j'ai vraiment du mal à croire que des variations des taux d'intérêt d'un quart, d'un demi, voire d'un point de pourcentage, puissent réellement faire une différence".
Trop tard
D'autant plus que les effets des décisions de la Fed mettent du temps à se faire sentir dans l'économie réelle.
"Je ne pense pas que (la baisse des taux de la Fed) aura une quelconque influence sur le résultat des élections. L'impact sur l'économie sera progressif et modeste", juge Greg Daco.
Cette baisse des taux arrive "trop tard pour affecter l'économie avant les élections", renchérit Diane Swonk, cheffe économiste et directrice générale de KPMG Economics dans une note, mais "cela n'empêchera pas les politiciens des deux côtés de rejeter la faute sur la Fed".
Donald Trump avait insinué mercredi soir, à l'issue de l'annonce de la Fed, que soit "l'économie est très mal en point", soit les responsables de la Fed "jouent le jeu des politiques".
Le président de la Fed, Jerome Powell, martèle que "rien d'autre" que les considérations économiques n'entre en compte dans les décisions.
Diane Swonk rappelle encore qu'en 2008, à quelques semaines puis quelques jours de l'élection, la Fed avait baissé ses taux "de manière agressive pour faire face au début de la crise financière mondiale".
C'est le démocrate Barack Obama qui avait remporté la course à la Maison Blanche.
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