Automobile: la promesse de taxes américaines punitives déroute partenaires commerciaux et constructeurs

La volonté du président Trump d'imposer dès la semaine prochaine des taxes punitives sur les voitures importées aux Etats-Unis suscite jeudi la stupeur de ses partenaires...

Le président américain Donald Trump montre le décret des droits de douane sur les automobiles qu'l vient de signer dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, le 26 mars 2025 à Washington © Mandel NGAN
Le président américain Donald Trump montre le décret des droits de douane sur les automobiles qu'l vient de signer dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, le 26 mars 2025 à Washington © Mandel NGAN

La volonté du président Trump d'imposer dès la semaine prochaine des taxes punitives sur les voitures importées aux Etats-Unis suscite jeudi la stupeur de ses partenaires commerciaux et percute toute une industrie.

Donald Trump a annoncé qu'il imposerait à partir du 3 avril (04H01 GMT) 25% de droits de douane additionnels non seulement sur les voitures fabriquées en dehors des Etats-Unis, mais aussi sur "certaines" pièces détachées qui composent les véhicules assemblés sur le sol américain.

Signe du choc que l'annonce représente pour les partenaires commerciaux, le Premier ministre canadien, Mark Carney, n'a pas hésité à déclarer jeudi qu'à ses yeux, Washington n'était plus un "partenaire fiable".

"L'ancienne relation que nous avions avec les États-Unis, basée sur l'intégration approfondie de nos économies et une coopération étroite en matière de sécurité et de défense, est terminée", a-t-il insisté lors d'une conférence de presse.

Foudroyée, la fédération des constructeurs automobiles allemands, gros pourvoyeurs de luxueuses berlines pour le marché américain, a déploré "un signal fatal pour le libre-échange".

Berlin a appelé l'Union européenne à une réaction "ferme". Et Paris, par la voix du président Emmanuel Macron, "espère (...) que le président Trump pourra revenir sur cette décision".

Pour Tokyo, "toutes les options sont sur la table" désormais.

"Nous allons faire payer les pays qui font des affaires dans notre pays et prennent notre richesse", a justifié le président américain. 

Constructeurs américains secoués

Donald Trump entend faire prospérer l'industrie nationale, tout en lui imposant de remodeler son modèle de production, très dépendant des importations pour les milliers de pièces entrant dans la fabrication d'un seul modèle.

L'annonce a provoqué le recul des actions des constructeurs et équipementiers automobiles d'un bout à l'autre de la planète.

Y compris américains: vers 16H15 GMT, General Motors lâchait 7,18%, Ford 2,62% et Stellantis 1,96%. 

Dans un communiqué commun, ces constructeurs ont affirmé qu'il était "crucial" que les droits de douane ne fassent pas "monter les prix pour les consommateurs", et plaidé pour la "compétitivité" de la production automobile "nord-américaine" à cheval entre Etats-Unis, Canada et Mexique.

Même Elon Musk, proche allié de Donald Trump et patron de Tesla, craint d'y laisser des plumes. Les nouveaux droits de douane auront un effet "non négligeable" sur le coût de production des Tesla, via les pièces détachées importées, selon lui.

Pour les experts, une hausse du prix des véhicules neufs aux Etats-Unis ne fait aucun doute et va se répercuter, dans un second temps, sur un marché de l'occasion atrophié car les propriétaires vont garder leurs véhicules plus longtemps.

Sur un segment très haut de gamme, l'italien Ferrari, qui l'an dernier a réalisé près d'un tiers de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis, a annoncé jeudi qu'il y augmenterait ses prix de jusqu'à 10%.

UE et Canada menacés

Cette annonce marque une nouvelle étape dans l'escalade de la guerre commerciale enclenchée par Donald Trump contre les principaux partenaires des Etats-Unis, avec les droits de douane comme arme principale.

Le président américain a déjà imposé 25% de taxes sur l'acier et l'aluminium importés. Il a aussi annoncé, en reportant largement leur application, des droits de douane de 25% sur tous les biens en provenance du Mexique et du Canada.

Il a également singulièrement relevé les droits de douane sur les produits chinois (+ 20 points de pourcentage depuis son investiture). L'Europe, qu'il a accusée d'avoir été "conçue pour entuber les Etats-Unis", est aussi dans le collimateur.

La prochaine étape de cette offensive est prévue mercredi 2 avril, que Donald Trump appelle le "Jour de la libération". Le président américain devrait alors détailler son plan concernant ce qu'il appelle les "droits de douane réciproques", qui concerneront potentiellement l'ensemble des produits importés aux Etats-Unis.

"Ils nous taxent, on les taxe" au même niveau, a déjà esquissé le chef de l'Etat. 

Donald Trump a aussi menacé Bruxelles et Ottawa de droits de douane encore alourdis s'il leur venait l'idée de coordonner leur riposte. 

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