Aurélien Rousseau, éphémère ministre de la Santé au coeur à gauche
Il devait être l'une des incarnations de l'aile gauche de la Macronie, mais symbolisera finalement sa fracture: Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne devenu fin juillet ministre de la Santé, a choisi mercredi de claquer la porte...
Il devait être l'une des incarnations de l'aile gauche de la Macronie, mais symbolisera finalement sa fracture: Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne devenu fin juillet ministre de la Santé, a choisi mercredi de claquer la porte devant la droitisation du projet de loi immigration.
Après le vote mardi soir du projet de loi immigration au Parlement, nettement durci en commission mixte paritaire par rapport à la version initiale et soutenu par le Rassemblement national, Aurélien Rousseau a officiellement démissionné de son poste après une nuit et une matinée où l'exécutif a entretenu le flou sur son maintien dans le gouvernement. La ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo assurera l'intérim.
Ancien membre du PCF dans sa jeunesse, puis haut fonctionnaire et ex-directeur de l'Agence régionale de Santé d'Ile-de-France pendant la crise sanitaire, cet homme de 47 ans avait été nommé fin juillet au ministère, à l'occasion d'un remaniement, succédant à François Braun.
Avec pour mission notamment de retisser le lien délabré entre pouvoir et soignants, mais aussi celui, de plus en plus ténu, entre majorité et sociaux-démocrates.
Petites lunettes rondes et accent chantant des Cévennes, ce travailleur acharné natif du Gard offrait une image sociale, sympathique et proche du public.
Devant les soignants ou lors de ses passages média, il usait souvent du langage courant, voire familier, évoquant tour à tour "l'hosto" ou la "clope". "Ça me rend ouf!", a-t-il lancé devant des sages-femmes à Créteil fin septembre, évoquant un manque de données d'analyse sociale sur l'augmentation du recours à l'IVG.
Pendant son court séjour au ministère --cinq mois--, Aurélien Rousseau a notamment relancé les négociations tarifaires avec les médecins. Il avait bien apaisé le climat avec des syndicats de médecins libéraux aux nerfs à vif, mais il part avant d'avoir dévoilé ses cartes sur la question cruciale des tarifs.
Galère
Le désormais ex-ministre de la Santé s'était opposé très rapidement à la suppression de l'Aide médicale d'Etat (AME) voulue par le Sénat, dans les débat sur ce projet de loi immigration qui a finalement provoqué son départ.
Un refus conforme à ses convictions et à celles des soignants, très largement favorables à son maintien et qui redoutaient les conséquences de sa suppression en termes de santé publique --l'AME pour les sans-papiers a finalement été maintenue, moyennant une réforme du dispositif en 2024.
Dans son escarcelle figurait aussi le projet de loi sur la fin de vie, un texte sensible et clivant dont la publication a été repoussée à janvier 2024. Comme son prédécesseur François Braun, il avait largement laissé à la ministre déléguée Agnès Firmin Le Bodo le soin de conduire les travaux.
Historien de formation et énarque rattaché au Conseil d'Etat, Aurélien Rousseau avait été nommé directeur de cabinet d'Elisabeth Borne le 17 mai 2022. Il avait travaillé auparavant au cabinet de l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, puis auprès des Premiers ministres socialistes Manuel Valls et Bernard Cazeneuve.
M. Rousseau est marié à Marguerite Cazeneuve (sans lien de parenté avec l'ancien chef du gouvernement), spécialiste des retraites et ancienne conseillère santé à Matignon puis à l'Elysée, devenue numéro deux (directrice déléguée) de la Caisse nationale d'assurance maladie. Son beau-père est le député Jean-René Cazeneuve, rapporteur du budget.
Au moment de sa nomination, Pierre Mansat, ancien adjoint communiste à la mairie de Paris qui avait eu Aurélien Rousseau dans son cabinet, avait salué les qualités de cet homme, démontrées par exemple lorsqu'il pilotait l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France pendant la crise du Covid.
"Mais que va-t-il faire dans cette galère?", s'était-il aussi interrogé.
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