Auer met le turbo sur la transition énergétique à Feuquières-en-Vimeu

D’ici la fin de l’année, l’entreprise Auer (Groupe Muller) installée à Feuquières-en-Vimeu depuis 1892 sera dotée de 8 000 m² d’ateliers supplémentaires, ce qui portera sa surface à 45 000 m², un investissement d’environ 6 millions d’euros en comptant le parc machines. L’ambition est de porter sa production à 50 000 chauffe-eaux thermodynamiques par an le plus vite possible et parvenir à un premier palier de 15 000 pompes à chaleur haute température par an, puis de 30 000 d’ici deux ans. 

Une ambition qui ne pourra pas se faire sans l’autre défi auquel Auer, comme beaucoup d’autres entreprises fait face : le recrutement. Elle compte 240 salariés - avec les intérimaires - et en recherche plus d’une cinquantaine : soudeurs, commerciaux, techniciens…

Une croissance qui passe entre autres par l’innovation

La réglementation thermique et environnementale RE 2020, couplée à une accélération des chantiers de rénovation que ce soit dans l’individuel, le tertiaire, le collectif ou l’industrie booste la croissance d'Auer. Les exportations (pour le moment 25 % du CA) et la sous-traitance sont elles aussi en hausse.

Dans un secteur longtemps décrié, Auer a su se faire une place de choix en misant sur l’innovation. Ses pompes à chaleur haute température peuvent fonctionner jusqu’à -10/ -15 °C sans requérir à un apport électrique supplémentaire et surtout très énergivore. En Pologne, elles tourneraient sans problème à plus de -25 °C.

En cette période où les énergies fossiles battent des records tarifaires, le directeur du site, Lionel Palandre, affirme : « Avec nos pompes à chaleur, la facture énergétique pour une famille se chauffant au fioul est divisée par quatre et presque par trois pour celle bénéficiant du gaz. Concernant nos chauffes eaux thermodynamiques, on parvient à une économie de 80% ! Certes le coût de l’électricité augmente mais ce sera toujours moins cher que le fioul ou le gaz. »

C’est en 2010 que l’entreprise a pris le tournant du thermodynamique afin déjà de penser à la survie du site spécialisé dans les chaudières gaz. Elle possède un centre de recherche performant unique en Europe. Plus de 1 000 m² de laboratoire de recherche permettent de de tester les machines dans des conditions réelles de fonctionnement. Auer a même conçu un bâtiment d’habitation collective expérimental ! Une vingtaine de personnes travaillent au service Recherche et développement.

Des produits certifiés Origine France Garantie

« Nous garantissons toute la performance, la fiabilité, l’efficacité énergétique et le rendement maximal de chacun de nos produits, poursuit le directeur. Nous avons relocalisé notre fabrication de cuves en acier émaillé. Nos produits sont 100% certifiés Origine France Garantie ce que nous a permis d’être lauréat du plan France Relance. Nous avons fait le pari de fabriquer ici car on considère que c’est un moyen de protéger nos inventions. C’est aussi un moyen de réduire l’empreinte carbone et donc la performance énergétique des bâtiments. » Dans le cadre des prix France Origine Garantie, le groupe Muller vient de recevoir le prix de l’Environnement pour sa pompe à chaleur Auer-HTi Haute température.

Auer se targue de commercialiser des produits simples à mettre en place, et ce par exemple sans toucher à l’installation existante. Mille installateurs viennent se former chaque année sur trois sites dédiés en France, dont à Feuquières-en-Vimeu, des sites voués à se multiplier dans tout le pays : « C’est essentiel autrement il peut y avoir notamment du sur-dimensionnement, justifie le directeur qui regrette toutefois des tarifs parfois trop élevés : « Dans ce monde de la transition énergétique et des aides diverses, il y a des éco-délinquants qui profitent d’un système pour gonfler les prix. Même si nos produits sont plus élaborés et plus techniques que les autres, cela ne se justifie pas. »

Grâce à son imposante ZéPac (Zé pour zéro émission carbone), elle espère bien se tailler une part du lion dans le secteur des pompes à chaleur nouvelle génération pour les logements collectifs. La maintenance est plus aisée que celle d’une chaufferie car il n’y a pas de conduit de fumées, pas de brûleurs. Sa puissance jusqu’à 1 200 kW en cascade permet d’adresser un large panel de bâtiments :

« Dans les 36 000 communes de France, il y a quelque part une école, une mairie, un collège, un gymnase, une entreprise… dont la chaufferie a besoin d’être changée. Les artisans que nous formons sont là pour aller à la rencontre de nos interlocuteurs. Nous manquons de communication, de pédagogie dans le tertiaire, l’industrie et le collectif. Il faut que nous soyons encore plus proches des besoins de nos clients, leur dire que nous sommes prêts et que nous avons des solutions pour eux », conclut Lionel Palandre.