Au Salvador, les adeptes du bitcoin se frottent les mains

Dans la petite station balnéaire d'El Zonte, prisée des touristes et des surfeurs, Maria dit sa satisfaction d'avoir investi dans le bitcoin, monnaie légale depuis 2021 au Salvador...

Une affiche promouvant les transactions en bitcoin à El Zonte, le 16 mars 2024 au Salvador © Marvin Recinos
Une affiche promouvant les transactions en bitcoin à El Zonte, le 16 mars 2024 au Salvador © Marvin Recinos

Dans la petite station balnéaire d'El Zonte, prisée des touristes et des surfeurs, Maria dit sa satisfaction d'avoir investi dans le bitcoin, monnaie légale depuis 2021 au Salvador qui vient d'atteindre des niveaux records.

L'envolée "a été formidable et je suis très heureuse", se félicite auprès de l'AFP cette commerçante qui tient une supérette dans le village de 3.000 habitants, à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de la capitale San Salvador.

Elle dit avoir investi 2.200 dollars dans la monnaie virtuelle il y a quatre ans et disposer désormais d'un pécule de 19.000 dollars.

Le bitcoin a touché jeudi dernier un record absolu de 73.797 dollars, avant de redescendre légèrement. Fin 2022, la cryptomonnaie s'échangeait en dessous de 17.000 dollars.

Le bitcoin m'a apporté une "meilleure stabilité économique", assure Maria Aguirre, 53 ans, racontant avoir pu acheter grâce à ses investissements dans la cryptomonnaie un lave-linge, une cuisinière et un réfrigérateur. 

Sur la façade de son commerce baptisé "Tienda Mary" une affiche indique: "bitcoin accepté". A El Zonte, mais aussi dans les villages autour, la monnaie virtuelle est utilisée pour effectuer des paiements au quotidien. 

La pittoresque station balnéaire a été surnommée "Bitcoin Beach" pour avoir été le premier endroit du pays à adopter massivement la cryptomonnaie.

"Bitcoin Beach" est également le nom d'une application utilisée dans la région pour effectuer des transactions.

Assise sur une chaise dans son petit restaurant, Rosalina Franco assure servir quotidiennement de nombreux clients qui paient en bitcoins. La plupart du temps, ce sont des touristes étrangers.

"Ce que je reçois en bitcoins je le garde, je ne le dépense pas, c'est une épargne", explique cette femme de 70 ans.

Méfiance des gens

En 2021, le Salvador est devenu le premier pays au monde à introduire le bitcoin comme monnaie légale, à l'initiative du président Nayib Bukele, qui s'est lui aussi frotté les mains ces derniers jours face à l'envolée de la monnaie.

La semaine dernière, il a annoncé que le pays allait mettre de côté, soit hors ligne, des milliers de bitcoins pour une valeur de 407 millions de dollars.

Le jeune chef d'Etat de 42 ans avait introduit le bitcoin afin de tenter de revitaliser son économie dollarisée et dépendante des envois de fonds de l'étranger, malgré les avertissements du FMI et de la Banque mondiale sur l'extrême volatilité de la cryptomonnaie.

Mais celle-ci est loin d'avoir convaincu l'ensemble de la population: d'après une enquête de l'Université d'Amérique centrale (UCA), 88% des Salvadoriens ne l'ont pas utilisée dans leurs transactions en 2023.

"Ce qui est clair, c'est que les gens continuent d'utiliser des méthodes plus traditionnelles pour envoyer (des fonds) et cela a beaucoup à voir avec la méfiance des gens à l'égard de la volatilité des cryptomonnaies", souligne auprès de l'AFP l'économiste indépendant César Villalona.

Blanca Castillo tient un magasin de fleurs artificielles et de jus naturels à El Zonte. 

Si la commerçante de 25 ans se réjouit aussi des "bénéfices" engrangés grâce au bitcoin, elle reconnaît les risques encourus.

"Quand on voit que la valeur de la monnaie va baisser, on sent qu'on va avoir des pertes (...) il faut constamment garder un oeil pour voir comme elle va évoluer", note-t-elle.

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