Au procès Depardieu, les attaques de la défense ne font pas trembler les plaignantes

Altercation, invectives et moqueries: au procès de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles, l'avocat de l'acteur a cherché mardi à déstabiliser les plaignantes et leurs conseils, faisant monter la tension à son paroxysme dans la...

Gérard Depardieu (c) et son avocat Jérémie Assous (d) quittent la salle d'audience pendant une pause au tribunal correctionnel de Paris, le 25 mars 2025 © Dimitar DILKOFF
Gérard Depardieu (c) et son avocat Jérémie Assous (d) quittent la salle d'audience pendant une pause au tribunal correctionnel de Paris, le 25 mars 2025 © Dimitar DILKOFF

Altercation, invectives et moqueries: au procès de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles, l'avocat de l'acteur a cherché mardi à déstabiliser les plaignantes et leurs conseils, faisant monter la tension à son paroxysme dans la salle bondée du tribunal correctionnel de Paris.

"Arrêtez de le cuisiner pendant une heure ! C'est tellement abject ! Ça n'a pas de sens, c'est stupide", s'emporte Me Jérémie Assous, alors que Gérard Depardieu est interrogé par l'avocate d'Amélie, une des plaignantes.

"C'est insupportable de vous entendre", ajoute l'avocat de Gérard Depardieu, allant jusqu'à se moquer de la voix de sa consœur, Me Carine Durrieu Diebolt. 

Les avocates des parties civiles, traitées d'"hystériques" par Me Assous, se lèvent et protestent.

Dans la salle d'audience bondée, le public retient son souffle. A la barre Gérard Depardieu, vêtu tout de noir, observe la scène tout comme les deux plaignantes, Amélie et Sarah. 

Après un rappel à l'ordre du président, les questions ont repris sans que l'acteur de 76 ans ne change de version.

Selon ses souvenirs de ce jour de tournage en septembre 2021, il a seulement pris Amélie par les hanches "pour ne pas glisser" de son tabouret alors qu'il l'attaquait sur la décoration du film. 

A de nombreuses reprises, Gérard Depardieu avoue ne pas se rappeler, ne comprend pas la question, demande de répéter, de mieux articuler.

Dans la matinée, le prévenu a contesté l'agression sexuelle à la barre: "Il y a des vices que je ne connais pas", a-t-il expliqué, au deuxième jour de son procès.

"Je ne vois pas pourquoi je m'amuserais à peloter une femme, des fesses, des seins, je ne suis pas un frotteur dans le métro", a-t-il lancé, assis sur un tabouret face au président du tribunal.

C'est quoi, graveleux ?

Interrogé dans la matinée sur les propos grossiers qu'il aurait tenus à l'encontre de la décoratrice, Gérard Depardieu s'est emporté: "C'est quoi, graveleux ? C'est dire +chatte+ ? +Chatte+, mais ça m'arrive tout le temps de le dire, même à moi-même, je trouve ça drôle !".

Dans la salle, assise au premier rang à côté de l'autre plaignante, Amélie, 54 ans aujourd'hui, a écouté attentivement celui qu'elle accuse avant de prendre sa place pour donner une version complètement différente.

Sur le tournage selon elle, Gérard Depardieu "gesticule", "grogne". "Ce n'est pas du tout le monsieur qu'on a là aujourd'hui", poursuit-elle, qualifiant l'acteur de "fauve".

J'aime la féminité

La décoratrice a raconté avoir évoqué le décor du film avec Gérard Depardieu et sa recherche de parasols des années 70 pour la suite du tournage dans le sud de la France.

Cheveux blonds mi-longs, Amélie a raconté doucement la suite: "Il referme alors les jambes, il m'attrape les hanches", mime-t-elle à la barre. "Il m'avance, il me coince, il a beaucoup de force et il malaxe", poursuit Amélie, se remémorant "son gros visage", "ses yeux rouges, très excités" et les propos de Gérard Depardieu: "Viens toucher mon gros parasol, je vais te le mettre dans la chatte !".

Pendant au moins trente minutes, l'avocat de Gérard Depardieu a interrogé la décoratrice sur la disposition de l'appartement, assurant en brandissant un plan que l'agression ne pouvait pas avoir eu lieu.

La voix calme et posée, la mère de famille a maintenu sa version. 

Concernant sa plainte contre Gérard Depardieu, déposée après trois ans, Amélie a expliqué qu'elle n'avait pas envie d'en parler, qu'elle se sentait "humiliée", précisant avoir eu beaucoup de mal à trouver du travail dans le cinéma une fois cet épisode connu dans le milieu.

"Moi ça fait trois ans !" a réagi plus tard Gérard Depardieu. "C'est horrible ce qu'on me fait en me refusant des contrats !", s'est-il écrié. "A chaque fois que j'ai essayé de chanter, j'avais une vingtaine de folles avec des pancartes qui m'attaquaient", a-t-il ajouté, faisant référence à ses concerts de reprises de Barbara perturbés par des manifestations féministes.

"Je défends la liberté de parole, j'aime la féminité mais pas les femmes qui sont dans l'hystérie", a insisté le comédien.

Figure du cinéma français connue dans le monde entier, Gérard Depardieu a été accusé de comportements identiques par une vingtaine de femmes mais plusieurs procédures ont été classées pour cause de prescription des faits.

La comédienne française Charlotte Arnould, présente dans la salle depuis le début du procès, a porté plainte pour viol en 2018. Le parquet de Paris a requis un procès à l'encontre de l'acteur.

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