Au-delà des clichés
Dans la sélection livres de la semaine : une villa Belle Epoque transformée en studio d'enregistrement et un périple dans l'Europe centrale avant et après la chute du mur de Berlin.
Rolling Stones
Pour les afficionados du légendaire groupe de rock, la villa Nellcôte est le lieu mythique où les Rolling Stones enregistrèrent leur sublime album Exile On Main Street durant l'hiver 1971. Au printemps de la même année, les Stones doivent quitter leur Angleterre natale pour des raisons fiscales et le guitariste Keith Richards loue la villa Nellcôte à Villefranche-sur-Mer, près de Nice. Mick Jagger s'installe à Paris tandis que les autres membres rejoignent le sud de la France. Le sous-sol de Nellcôte devient alors leur studio d’enregistrement improvisé à l’aide du camion de leur studio mobile. Pour Keith Richards, l’atmosphère du sous-sol s’est gravée sur le disque : «C’était vraiment funky comme endroit. J’ai dû marcher dans un couloir pendant cinq bonnes minutes pour trouver Charlie Watts. C’était de la folie. Mais quand tout a été enregistré, on savait qu’on tenait quelque chose. C’était organique.» Cet enregistrement – désormais entré dans la folle histoire du rock – a été immortalisé par le photographe Dominique Tarlé, qui vécut six mois à leurs côtés. Ses photos sont le cœur révélateur de ce livre tandis que Benoît Jarry et Florence Viard se sont penchés sur l'histoire de ce bâtiment Belle Époque construit en 1905 et sur ses occupants successifs : milliardaires, diplomates, industriels réputés, ou stars du rock. Par leur travail minutieux, ils nous invitent à un voyage sur la Côte d’Azur du début du XXe siècle et dans l’intimité des Rolling Stones, lors d'une session créatrice parmi les plus fécondes de leur histoire.
Les Rolling Stones & Nellcôte. La véritable histoire d’une villa mythique. Textes de de Benoît Jarry & Florence Viard. Photos de Dominique Tarlé (Editions Le Mot et le Reste).
À l’est de nulle part
Cet ouvrage passionnant offre un regard empathique sur la réalité de la vie quotidienne en Europe centrale et orientale avant et après la chute du mur de Berlin. Tout commence en 1987 lorsque Fabio Ponzio se lance dans une odyssée photographique à travers l’Europe centrale, l’Europe orientale et le Caucase. Partant d’Istanbul, il se dirige vers la Pologne et découvre au fil de son voyage les magasins vides, les longues files d’attente pour acheter les produits de première nécessité, et des pays sur le point de s’écrouler. À l’automne 1989, alors que les différents régimes des pays communistes, de Budapest à Bucarest, commencent à s’effondrer, tout change. Au fil des années, équipé d’un Leica, de trois Nikon et de rouleaux de film, Fabio Ponzio retourne inlassablement dans les villages et les villes de l’Europe de l’Est, s’efforçant de documenter les multiples visages des peuples de cette région et les innombrables facettes de leur existence. Ses images témoignent de la pauvreté endémique et de l’oppression généralisée qui ont marqué les dernières années des régimes communistes, et du mélange d’énergie, d’espoir, d’incertitude et de désolation absolue provoqué par leur effondrement. Son oeuvre offre une vision poignante de l’existence humaine – des traditions et de la foi profonde, de l’humilité et du courage, du sacrifice et de l’instinct de survie de ces populations.
À l’est de nulle part de Fabio Ponzio. Préface de Herta Müller, prix Nobel de littérature en 2009 (Editions Actes Sud).