Entreprises

Au CERM, quelle mobilité demain ?

Dans le cadre de son mois de la mobilité, le Club Entreprises Rives de Moselle organise le 15 février prochain une matinale consacrée à la mobilité de demain. Une thématique derrière laquelle se jouent d’importants enjeux, tant pour les collectivités locales, que pour les entreprises. 

Près de neuf conducteurs sur dix vont au travail en solo.
Près de neuf conducteurs sur dix vont au travail en solo.

«Quelle mobilité pour demain ?» Voilà assurément un sujet qui ne cesse d’alimenter les débats et se place au cœur des politiques publiques, tant il est dense et complexe. Cet enjeu sociétal se situe au carrefour des réalités économiques et de rentabilité incontournables - les finances des collectivités territoriales et les budgets des entreprises n’étant pas extensibles à l’infini -, de l’adaptation au dérèglement climatique, de la prise en compte de la transition énergétique et de nos modes et habitudes de civilisation contemporaine. Tout cela, on s’en doute, ne présente pas une équation aisée à résoudre. La mobilité de demain, donc. Elle nourrit de louables ambitions, pas mal de fantasmes aussi. Certains la voient de manière idéalisée, voire utopique, d’autres de façon plus pragmatique et raisonnée. Une chose est certaine : ce n’est pas à court, ni à moyen terme, que nous irons demain tous travailler en transports en commun ou à vélo.

Enjeux territoriaux

Cette mobilité de demain sera au cœur d’un P’tit Déj du Club Entreprises Rives de Moselle, le jeudi 15 février prochain, au Novotel Metz Amnéville/Hauconcourt (de 8 h 30 à 10 h). Le CERM, dans son déroulé de rendez-vous réguliers axés sur les problématiques posées aux entrepreneurs locaux, facilitateur et apporteur de solutions partagées aussi, aborde là un champ de réflexion collective qui ne manquera assurément pas d’arguments. Deux intervenants seront le fil rouge de cette session matinale. Patrick Abate, maire de Talange, vice-président de la communauté de communes Rives de Moselle, en charge des mobilités, reviendra sur les déplacements sur ce territoire communautaire de 130 km². Enjeux inter-ECPI, évolution des compétences des ECPI dans le domaine, attente des usagers, projets et expérimentations : il y a là beaucoup à co-construire. De son côté, Thierry Schidler, apportera sa vision de chef d’entreprise. Les autocars Schidler en Moselle, c’est une réussite familiale exemplaire, née en 1930, à travers laquelle se sont transmises l’exigence et la passion, de génération en génération. L’entreprise a fait l'objet d'une cession récente au groupe luxembourgeois Voyages Vandivinit, sans perdre son identité - nom, effectif et autocars, activité depuis Metz et Bouzonville conservés -. Thierry Schidler, président de la CPTR-FNTV 57 -, aura été à la tête de l’affaire familiale durant quarante ans. Quand on lui parle de mobilité pour demain, il rectifie : «plutôt mobilité pour après-demain. Car ces prochaines années, la mobilité sera très proche de celle d’aujourd’hui.».

De lourds investissements

Au CERM, Thierry Schidler évoquera les défis liés aux nouvelles énergies, cette mobilité multimodale et ses conséquences sur les infrastructures, le changement de comportement des usagers. «Pour que cela change de façon conséquente, il faudrait des investissements massifs dans les transports en commun, des amplitudes horaires plus importantes. Tout cela est affaire de choix politiques. C’est incontestable. On le sait, tout cela a un coût colossal. Où trouvera-t-on l’argent, même si la volonté est là ?» On peut également se poser la question de la fracture territoriale entre des zones qui bénéficieraient de passages réguliers de bus quand pour d’autres ils seraient plus rares, on pense ici à la ruralité. Mais pas seulement. Se rendre sur le site où est implantée son entreprise n’est pas toujours une sinécure pour nombre de salariés. Sans faire preuve de pessimisme sur le sujet, Thierry Schidler a davantage une vision réaliste, lucide, forgée à l’expérience de ses décennies passées dans son cœur de métier : «On ne sortira pas de l’autosolisme. C'est une illusion de prétendre le contraire. D’abord, parce que la majorité d’entre nous a besoin de sa voiture pour aller travailler, chez le médecin, pour ses loisirs. Le vélo ? Certes. Mais, cela revient à repenser nos voies cyclables, nos voiries. Et, donc, à faire des investissements. On voit de bons exemples de co-voiturage, avec l’apport des réseaux sociaux. Ici, je crois plus à la débrouillardise, l’entraide entre citoyens, plus qu’à un système où tout serait institutionnalisé.»

Le bon sens d'abord

Les statistiques donnent raison à Thierry Schidler. Le 1er baromètre de l’autosolisme en 2022 était sans équivoque. Sur un million de véhicules analysés, seul 14,8 % contenaient plus d’une personne. C’est un fait : nous nous déplaçons largement en solo dans notre voiture, entre 8 h et 9 h, pour les déplacements domicile-travail. Le taux d’autosolisme est de 87 % entre 7 h et 8 h 30, pour décroître à partir de 8 h 30, pour atteindre 79 % à 10 h. Pic lors des heures de pointe : 87,2 %. Dès lors, uniformiser un mode de transport, voire l'imposer, est une chose peu réaliste. Tout simplement, parce que, chaque déplacement est d’abord individuel. Nous sommes différents, nous nous déplaçons pour des motifs qui nous sont propres. Ce rythme cadence notre vie qui n’est pas celle du voisin. Ce qui n’exclut pas de trouver, dans un quartier, un village, des exemples de belles solidarités. Cela tient du bien vivre ensemble, de la courtoisie de proximité. Dans cette recherche d’une mobilité pensée et concrétisée autrement, l’entreprise a son rôle à jouer : en réduisant ou en optimisant les déplacements de ses collaborateurs, via le télétravail ou une mutualisation des moyens de déplacement. À l'heure où la voiture électrique est loin d'être démocratisée et reste inatteignable en matière de prix pour la majorité des ménages, où le covoiturage reste marginal avec 3 % des déplacements, l'alternative immédiate tient en deux mots-clés : s’organiser et s’adapter. L'adage dit «qui veut peut». Pas toujours vérifié sous l'angle de la mobilité, pour un faisceau de raisons géographiques, sociales ou économiques.