Au Cambodge, le rêve improbable d'un jeune footballeur français

Un jeune Français savoure une popularité "improbable" sur les réseaux sociaux, où il documente sa vie de footballeur globe-trotteur en quête d'un premier contrat professionnel...

Le footballeur youtubeur Antoine Lemarié (à gauche) lors d'un entraînement avec son club cambodgien, le Boeung Ket FC, ici le 3 janvier 2024, à Phnom Penh © TANG CHHIN Sothy
Le footballeur youtubeur Antoine Lemarié (à gauche) lors d'un entraînement avec son club cambodgien, le Boeung Ket FC, ici le 3 janvier 2024, à Phnom Penh © TANG CHHIN Sothy

Un jeune Français savoure une popularité "improbable" sur les réseaux sociaux, où il documente sa vie de footballeur globe-trotteur en quête d'un premier contrat professionnel, un rêve devenu réalité au Cambodge.

Pendant plusieurs jours, fin 2023, Antoine Lemarié a figuré aux côtés des superstars Kylian Mbappé et Cristiano Ronaldo dans le top 10 des joueurs les plus recherchés sur le site de référence Transfermarkt.

"J'ai halluciné, c'est improbable", sourit le joueur de 27 ans qui, en France, végétait au niveau régional, à des années-lumière du haut-niveau.

Dans l'anonymat du championnat cambodgien, le milieu de terrain suscite la curiosité grâce à sa chaîne YouTube, qui connaît un développement sans précédent ces dernières semaines.

Depuis le Covid, Antoine Lemarié raconte à ses milliers d'abonnés son odyssée dans le monde amateur, en quête d'un club où il puisse vivre de sa passion.

Vendeur de glaces, pizzaiolo, déménageur, voiturier... De la Finlande à l'Australie, entre petits boulots et stades champêtres, il montre la face cachée d'un football que les clichés associent habituellement au bling-bling.

En Grèce l'an dernier, il a quitté en catastrophe un petit club de troisième division sans avoir été payé, après qu'un dirigeant l'a menacé de l'agresser.

Son cas, qui avait fait réagir le syndicat mondial des joueurs (Fifpro), a rappelé la brutalité d'un milieu où des intermédiaires sans scrupules peuvent abuser de la précarité de joueurs livrés à eux-mêmes, loin de chez eux.

Pression supplémentaire

Le cauchemar est redevenu rêve au Cambodge, un petit pays d'Asie du Sud-Est qui essaye de développer son championnat local, malgré une sélection nationale parmi les plus faibles du continent.

En décembre, il s'est engagé pour la première fois comme footballeur à temps plein, auprès des "Dragons bleus" de Boeung Ket FC, l'une des équipes de Ligue 1 khmère basée dans la capitale Phnom Penh.

Son contrat professionnel à quelques milliers de dollars par mois, courant jusqu'à la fin de la saison, en mai, comprend un appartement et un scooter payés par le club.

"Ma vie a complètement changé", savoure le footballeur. Des amateurs en France le contactent pour des conseils, explique-t-il.

La vidéo racontant son premier match a cumulé plus de 140.000 vues, un record pour sa chaîne.

Cet ancien étudiant en école de journalisme consacre en moyenne une dizaine d'heures pour réaliser chaque vidéo. Celles-ci durent généralement quinze minutes, et abordent aussi sa découverte de la culture locale.

Demande de maillots de l'étranger, exposition médiatique... Sa présence a bouleversé le quotidien du Boeung Ket FC.

"Il peut filmer, ça ne me dérange pas, ça fait la promotion du football cambodgien", explique son entraîneur, Hong Pheng.

Mais il doit conduire l'équipe vers la victoire, insiste-t-il.

Dans un championnat où le nombre d'étrangers est fixé à six par équipe, Antoine Lemarié, seul Français en lice, ressent les attentes élevées, qui le conduisent à accélérer son adaptation en dépit de la chaleur.

Etre pro, "ça rajoute une pression supplémentaire", concède-t-il.

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