Attentat près de la tour Eiffel: l'assaillant toujours en garde à vue, a fait allégeance à l'EI

Toujours en garde à vue dimanche, l'islamiste radical qui a tué un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes à proximité de la tour Eiffel à Paris samedi soir avait fait allégeance au groupe Etat islamique avant son passage à l'acte, qui pose...

La Première ministre Elisabeth Borne (2eG) préside une réunion sécuritaire à Matignon au demain de l'attaque meurtrière au couteau près de la tour Eiffel, le 3 décembre 2023 à Paris © JULIEN DE ROSA
La Première ministre Elisabeth Borne (2eG) préside une réunion sécuritaire à Matignon au demain de l'attaque meurtrière au couteau près de la tour Eiffel, le 3 décembre 2023 à Paris © JULIEN DE ROSA

Toujours en garde à vue dimanche, l'islamiste radical qui a tué un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes à proximité de la tour Eiffel à Paris samedi soir avait fait allégeance au groupe Etat islamique avant son passage à l'acte, qui pose aussi la question du suivi psychiatrique de certains jihadistes.

Sa mère avait signalé fin octobre son inquiétude sur le comportement de son fils, par ailleurs fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT) selon une source proche de l'enquête, a indiqué dimanche le procureur anti-terroriste, Jean-François Ricard.

L'attaque est survenue à quelques mois des JO-2024 à Paris et moins de deux mois après celle d'Arras (Pas-de-Calais), qui a coûté la vie à un enseignant mi-octobre et conduit au relèvement du plan Vigipirate au niveau maximal "urgence attentat". 

S'exprimant en langue arabe dans une vidéo, Armand Rajabpour-Miyandoab, un Franco-Iranien de 26 ans, y a apporté "son soutien aux jihadistes agissant dans différentes zones", a déclaré le procureur lors d'une conférence de presse dimanche soir.

"Cette vidéo était notamment mise en ligne sur son compte X", ouvert début octobre et qui comportait "de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine", selon le magistrat.

Fin octobre, la mère de l'assaillant, voyant que son fils "se repliait sur lui-même", avait fait un signalement auprès de la police. Les services de police avaient tenté en vain qu'il soit examiné par un médecin et de le faire hospitaliser d'office, ce qui n'a pas été possible en l'absence de troubles, selon une source proche du dossier. Sa mère, en outre, ne voulait pas demander l'hospitalisation forcée de son fils. Quelques jours après son signalement, elle avait assuré qu'il "allait mieux", toujours selon la même source.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a réclamé dimanche soir que les autorités "puissent exiger une injonction de soins" pour une personne radicalisée suivie pour troubles psychiatriques afin de prévenir des passages à l'acte, à l'issue d'une réunion interministérielle à Matignon.

L'acte a "potentiellement été préparé depuis plusieurs semaines", analyse une source proche du dossier. Les enquêteurs cherchent notamment à déterminer quand les armes de l'agression ont été achetées.

En garde à vue, l'assaillant n'a pas choisi de garder le silence et "s'exprime", selon une source proche du dossier. Trois autres personnes, membres de sa famille ou de son entourage, sont en garde à vue.

Les faits se sont déroulés samedi vers 21h30 dans ce lieu hautement touristique de la capitale, à proximité du pont de Bir Hakeim enjambant la Seine. 

Le touriste tué au couteau, 23 ans, était de nationalités allemande et philippine, et se trouvait avec deux autres personnes d'origine philippine. Il a reçu "deux coups de marteau et quatre coups de couteau", a indiqué le magistrat.

L'assaillant a crié à plusieurs reprises "Allah akbar" et déclaré être "muni d'une ceinture d'explosifs", selon le procureur anti-terroriste.

Il s'en est aussi pris, avec un marteau, à deux hommes, un Français de 60 ans et un Britannique de 66 ans, légèrement blessés. 

Il a été maîtrisé par les forces de l'ordre à l'aide d'un pistolet à impulsion électrique peu après l'attaque et placé en garde à vue dans les locaux de la section antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle de Paris. L'enquête de flagrance est ouverte pour "assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation de crimes d'atteinte aux personnes". 

Profil très instable

"Issu d'une famille sans aucun engagement religieux", Armand Rajabpour-Miyandoab s'est converti à l'islam à l'âge de 18 ans, en 2015, et a "très rapidement" versé dans "l'idéologie jihadiste". 

Fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT), selon une source proche de l'enquête, il avait été condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme, après un projet d'action violente à la Défense, en 2016. Il était sorti en mars 2020 de prison après quatre ans de détention.

Il avait "noué des liens avec des individus ancrés dans l'idéologie jihadiste", tels que "l'un des futurs auteurs de Saint-Etienne-du-Rouvray", a noté M. Ricard, mais sans que ces contacts ne soient opérationnels dans la préparation d'attentats.

L'enquête va désormais tenter de faire la lumière sur la manière dont a été effectué le suivi médical de l'auteur, un homme au "profil très instable, très influençable", selon une source sécuritaire interrogée par l'AFP.

"L'évolution de certains troubles psychiatriques déjà relevés lors de sa détention" avait conduit le Pnat "à requérir la réalisation d'une nouvelle expertise psychiatrique", a notamment rappelé Jean-François Ricard.

"A la suite de cette dernière, l'auteur était soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur. Ce suivi était effectif jusqu'à la fin de la mise à l'épreuve le 26 avril 2023", a-t-il ajouté.

Environ 5.200 personnes sont connues pour radicalisation en France, dont 1.600 personnes sont particulièrement surveillées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), selon une source au sein du renseignement, qui précise que 20% de ces 5.000 personnes ont des troubles psychiatriques.

La France est "durablement sous le coup de la menace islamiste radicale", a insisté dimanche soir Gérald Darmanin. Le ministre de l'Intérieur a envoyé un télégramme aux préfets leur demandant une "extrême vigilance" lors de Hanouka, la fête juive des lumières, du 7 au 15 décembre.

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