Attal seul en scène face aux députés et quelques passes d'armes

Hormis quelques passes d'armes avec le RN, le PCF ou LFI sur les finances publiques ou l'assurance chômage, Gabriel Attal a répondu seul en scène mercredi aux questions...

Gabriel Attal devant les députés à l'Assemblée nationale, le 3 avril 2024 © Bertrand GUAY
Gabriel Attal devant les députés à l'Assemblée nationale, le 3 avril 2024 © Bertrand GUAY

Hormis quelques passes d'armes avec le RN, le PCF ou LFI sur les finances publiques ou l'assurance chômage, Gabriel Attal a répondu seul en scène mercredi aux questions des députés sans vraiment renouveler l'exercice.

"Bon bah ça ne change rien", pouvait-on entendre dans les couloirs du palais Bourbon à l'issue de ce premier face-à-face inédit d'environ 45 minutes entre le Premier ministre et les députés.

"Ravi de pouvoir expérimenter ce nouveau format", Gabriel Attal a expliqué d'entrée qu'il acceptait "toujours les propositions qui (lui) sont faites s'agissant des comptes à rendre en tant que Premier ministre vis-à-vis de la représentation nationale et de la presse". 

Expérimentée jusqu'à fin mai, cette nouvelle formule avait été validée avec le soutien des macronistes de Renaissance, de la droite et de l'extrême droite. Mais sans la gauche qui craignait un "show" du Premier ministre avant les élections européennes, ni les alliés du camp présidentiel Horizons et MoDem.

Devant des bancs dégarnis, mais moins que la semaine dernière selon Matignon, dix orateurs pas toujours connus du grand public se sont succédé sur des thématiques parfois techniques. 

La séance ne s'est réveillée qu'avec les questions des partis les plus radicaux, comme celle de Sébastien Chenu (RN) qui a fustigé "l'air de flûte" du gouvernement sur les finances publiques qui "n'a rien d'enchanté pour les Mozart de la finance".

Pschitt

"Avec vous, ça serait le crépuscule des retraites et la dette enchantée. C'est ça le programme du Rassemblement national", lui a répondu Gabriel Attal, pendant que Marine Le Pen cheffe de file des députés RN criait "c'est vous la ruine" et que les députés Renaissance applaudissaient debout le chef du gouvernement.

Quand Gabriel Attal a défendu les groupes de niveau à l'école "une mesure profondément sociale", les députés de la France insoumise se sont agités. "Personne n'en veut", a lancé Antoine Léaument. "Ce n'est pas la peine d'essayer de hurler pour m'empêcher de parler", lui a répliqué le Premier ministre, toujours applaudi par son camp.

Un court échange sur le taux de chômage a aussi opposé Gabriel Attal à Adrien Quatennens quand le député LFI s'en est pris à la nouvelle réforme de l'assurance chômage que même certains dans la majorité contestent. Le chef du gouvernement a défendu un "modèle social plus incitatif à l'activité".

Sébastien Chenu (RN) a trouvé après coup l'exercice "réussi" parce qu'on "est en prise directe avec celui qui décide" mais cela "mérite un peu d'huile dans les rouages".

"Je me demande si ça ne va pas faire pschitt", s'est toutefois demandé le chef du groupe indépendant Liot Bertrand Pancher, pourtant favorable à la nouvelle formule. 

Il a déploré des réponses "très générales et pas assez techniques" alors que les parlementaires "attendent des réponses précises".

"C'est un peu plus vivant", mais le "théâtre n'est pas plein", a relevé le LR Philippe Gosselin.

Semaine de rodage

Aux yeux du patron du parti communiste Fabien Roussel, c'est un "fiasco" parce que Gabriel Attal "ne peut pas répondre à toutes les questions sur un champ aussi vaste". "C'est mépriser le Parlement" dans un "exercice de propagande", a-t-il grincé.

Pour le député MoDem Erwan Balanant, ce seul en scène "diminue le rôle de toute le monde: le rôle des parlementaires d'avoir des réponses précises à des questions et le rôle des ministres".

Gabriel Attal n'a pas fait d'annonces mais réaffirmé que "jamais" le gouvernement augmenterait la fiscalité sur les "Français qui travaillent" ou "le fruit de leur épargne", alors que l'augmentation des impôts pour résorber le déficit divise sa majorité.

L'exercice s'inspirait de celui du Prime Minister's Questions à la Chambre des communes britannique.

Comme le veut la tradition des questions au gouvernement, les sujets choisis par l'opposition n'étaient pas dévoilés à l'avance. Les orateurs étaient en revanche connus en amont, mais n'étaient pas des chefs de groupe.

L'entourage du Premier ministre a souligné qu'il s'agissait encore d'une "semaine de rodage".

Gabriel Attal se prêtera encore à l'exercice mercredi prochain juste avant de s'envoler pour le Canada. Suivront vacances parlementaires et jours fériés, avant un nouveau rendez-vous mi-mai. 

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