Entreprises
Atonie hexagonale : la Moselle au diapason du coup de poing sur la table du BTP Grand Est
Les 11 présidentes et présidents des Fédérations françaises du Bâtiment (FFB) régionale et départementales du Grand Est ont cosigné une tribune interpelant sur les difficultés actuelles et à venir du secteur dans un climat décisionnel hexagonal illisible sur bien des points. Quand l'attentisme durable devient un danger pour nos entreprises locales...
Confrontées à une absence de perspectives claires, des décisions budgétaires tardives et des difficultés croissantes depuis 2020, avec une succession de crises en nourrissant d’autres, de nombreuses entreprises du bâtiment sont aujourd’hui au bord de la cessation d’activité. Comme ailleurs, la Moselle n’est pas épargnée. Clairement, les voyants sont au rouge. Une tendance devient perfectible : aux côtés des entrepreneurs dont les entités font défaut, on en trouve, de plus en plus, qui jettent tout simplement l’éponge, lassés, éreintés.
Tension dans les territoires...
Dans ce contexte, les 11 présidentes et présidents des Fédérations régionale et départementales appellent «le gouvernement à prendre des mesures immédiates pour éviter une crise majeure.» Parmi ces voix, le président de la Fédération BTP Moselle, Pierre Schaeffer. Dans leur tribune, ils constatent «l’inquiétude partagée par l’ensemble des chefs d’entreprise du secteur du bâtiment, confrontés à une situation alarmante qui menace l’avenir de leurs entreprises et les emplois de leurs salariés. Confrontés à une absence de perspectives claires et à une instabilité politique persistante, ils alertent sur la nécessité et l’urgence de mesures concrètes pour éviter une situation critique.» C’est incontestable, dans nos territoires, l’exaspération monte, quand ce n’est pas un sentiment de colère face à un calendrier budgétaire national incertain et à une absence de décisions limpides qui aggravent les tensions dans le secteur.
Situation difficile sur le terrain
Les présidentes et présidents l’expriment : «de nombreuses entreprises, déjà mises à mal par des défis inédits depuis 2020 (répercussions des crises sanitaires et des conflits internationaux, hausse du coût des matières premières…) se retrouvent dans une situation délicate. Beaucoup peinent à maintenir leur activité et certaines sont déjà au bord de la cessation d’activité. Les effets directs de cette absence de visibilité se répercutent également sur les collectivités territoriales, légitimement incapables de planifier leurs budgets sans connaître leur niveau de dotations. Certaines collectivités locales ralentissent l’engagement de projets importants pour maintenir l’activité, privant ainsi de nombreuses entreprises du territoire (souvent des TPE et PME), de marchés. D’autres collectivités territoriales ont compris les enjeux stratégiques pour soutenir notre secteur en maintenant une politique d’investissement offensive. Le BTP, en tant qu’industrie de main-d’œuvre, a toujours su maintenir ses emplois pendant les crises précédentes. Mais cette fois, la situation est différente. Sans une prise de conscience rapide de l’État, le secteur risque de subir un ajustement de main-d’œuvre douloureux. Rappelons ici que la filière du bâtiment s’est déjà vue amputée de 34 000 emplois en France en 2024 et que les prévisions pour 2025 sont tout aussi inquiétantes.» Concrètement, les 11 présidentes et présidents des départements du Grand Est demandent «solennellement ce jour, une réaction de l’Etat pour voter un projet de loi de finances rapidement pour plusieurs raisons et sur plusieurs sujets : financement des aides à la rénovation énergétique, soutien aux bailleurs sociaux, extension du prêt à taux zéro, soutien aux collectivités locales, rétablissement de la TVA à 5,5 % sur les chaudières à gaz, maintien des aides nationales à l’apprentissage.» En somme, du concret, rien que du concret.
«Les 11 présidentes et présidents FFB du Grand Est et des départements alertent donc sur la situation inquiétante du bâtiment, et appellent à une réaction rapide du gouvernement. Sans celle-ci, les entreprises du BTP prendront des initiatives fortes», exprime le collectif.