Start-up

ASSISTERre : le choix des démarches vertueuses

Restée en gestation pendant trente ans, ASSISTERre est officiellement née en 2021 à Nancy, sous l’impulsion de Bernard Lachana qui intervient auprès des collectivités publiques et maîtres d’ouvrages privés avec la volonté de promouvoir et accompagner le développement de la construction responsable et bas carbone.

© Laurence Deleau- Bernard Lachana a créé ASSISTERre en 2021 à Nancy.
© Laurence Deleau- Bernard Lachana a créé ASSISTERre en 2021 à Nancy.

Les émissions de gaz à effet de serre à réduire, les exigences règlementaires à respecter, les matériaux biosourcés à privilégier… si ces nouveaux paradigmes de la construction responsable sont à la mode, Bernard Lachana évoque plutôt «une profonde conviction faite de bon sens» qui prend sa source, chez lui, au milieu des années 90 quand il était alors coopérant du service national en Afrique. De cette expérience, il avoue volontiers que «tout était prêt pour créer ASSISTERre» ; un fœtus qu’il portera pendant près de trois décennies avant de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. À son retour dans l’Hexagone, il est happé par sa carrière comme salarié et va multiplier les expériences dans le montage et le suivi d’opérations de constructions en Rhône-Alpes puis en Alsace. Sa rencontre en 2003 avec Jean-Marc Leroux, le directeur emblématique de la Solorem, marque un tournant. Une étape décisive. «Il m’a tout appris de l’aménagement urbain et de la relation si particulière avec les élus», confie-t-il aujourd’hui, sans masquer son émotion et son profond respect pour «un grand professionnel passionné, droit et humaniste qui écoutait la journée et travaillait la nuit.» Pendant quinze ans, il va ainsi observer, apprendre mais pas seulement. Force de propositions, il participe à l’aventure de projets d’ampleur. Un autre temps où l’agglomération nancéienne porte alors le nom de Communauté urbaine du Grand Nancy et où les chantiers, tous plus importants, se succèdent autour de Nancy Grand cœur ou encore de la ZAC de Brabois qui s’étend sur plus de 330 hectares.

«Des années d’exception pour l’aménagement urbain où la maison d’arrêt de Nancy a été démolie puis reconstruite sur le plateau, où le centre des congrès est sorti de terre et surtout, la reconstruction de la ville sur elle-même», énumère-t-il. Des projets pionniers également.

La naissance d’ASSISTERre

En 2008, la livraison d’un bâtiment 0 émission sur la ZAC de Brabois symbolise la réalité de l’éco-construction, bien avant les obligations règlementaires. L’aventure avec la Solorem se termine en 2018. Après avoir pris la direction à Grenoble des sociétés d’économie mixte gérées alors par la mairie et au bord de la faillite qu’il redresse, Bernard Lachana saisit l’opportunité, après la crise sanitaire du Covid, de créer sa start-up en 2021, « en peu de temps et avec peu de moyen ». À cinquante ans, il sait bien que l’heure a sonné. Son projet imaginé trente ans plus tôt a évolué, s’est étoffé au gré de ses expériences professionnelles, des dossiers d’aménagement qu’il a suivis et livrés mais sa volonté de conseiller et d’amener les collectivités publiques comme les maîtres d’ouvrage vers «des déclinaisons de matériaux écologiques, dans des démarches vertueuses» est restée intacte. Issu d’une famille lyonnaise d’entrepreneurs du bâtiment, il saute le pas avec toutefois une seule interrogation : son site d’implantation. Entre Lyon, sa ville natale et Nancy qui l’a vu grandir professionnellement, il n’hésitera pas longtemps, mettant en avant «l’honnêteté d’élus engagés dans l’aménagement dans le Grand Est.» L’époque est toutefois bien différente. «Il reste encore quelques visionnaires, mais on ne peut être que saisi par l’absence de dynamique de constructions des grandes agglomérations. À Lyon, par exemple, très peu de grues sont actuellement déployées dans les différents quartiers», regrette le spécialiste de l’assistance à maîtrise d’ouvrage, à la conduite d’opération et à la programmation.

Si pendant longtemps, les pôles urbains ont été à la pointe, force est de constater que les territoires ruraux savent aussi s’engager. Après avoir suivi de A à Z, la création du pôle d’excellence rurale d’Écurey alors qu’il était encore à la Solorem, le fondateur d’ASSISTERre se rappelle d’«une belle référence et un projet d’exception où seulement cinq millions d’euros ont été investis pour traiter 8 hectares.» Actuellement, la start-up nancéienne accompagne la mairie de Nomexy dans les Vosges dans l’aménagement d’une zone d’activité concertée où la création d’un écoquartier devrait prochainement voir le jour avec à la clef 110 logements sur les terrains d’une ancienne friche industrielle. «Ces projets sont rendus possible grâce à la volonté d’élus qui avancent et ne se laissent pas impressionner par le marasme actuel ou par les procédures. Et la volonté paie dans ce cas précis avec plus de trois millions d’euros de subventions obtenues», analyse le jeune dirigeant, rappelant que ces projets «demandent inévitablement du temps.» Autre chantier actuel, celui de la rénovation du CCAS de Pont-à-Mousson où une enveloppe d’un million d’euros avait été prévue. «Nous sommes désormais sur un projet de cinq millions d’euros, compte tenu du désamiantage ou encore de la qualité....» C’est d’ailleurs tout l’enjeu d’aujourd’hui : «privilégier une construction qui va assurer une pérennité dans le temps.» Le défi de demain sera de trouver les solutions techniques, de choisir les matériaux et d’assurer le financement des bâtiments publics ou privés qu’il faudra réhabiliter. Et ils sont nombreux avec entre autres les établissements scolaires, véritables passoires énergétiques. ASSISTERre y jouera la carte du bas carbone et de la promotion des matériaux biosourcés.