La Capeb plaide pour une politique de la rénovation

En 2024, l'activité des artisans du bâtiment a reculé de 3,9%, d'après la Capeb. Selon son président, la politique publique du logement devrait favoriser davantage la rénovation. Il met en garde contre l'exaspération des artisans.

(c) adobestock
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La politique du logement ? «On fait une erreur de diagnostic. (…) On se trompe de défi», insiste Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment. Il intervenait lors de la présentation à la presse du bilan d'activité 2024 de la Capeb, tenue à Paris et en ligne, le 21 janvier. Au moment même où les sénateurs discutaient du PLF, Projet de loi de Finances 2025, Jean-Christophe Repon a critiqué très vivement les orientations de la politique du logement. Pour le président de la Capeb, elle se concentre beaucoup trop sur le soutien à la construction. Pourtant, l'effort dans ce domaine correspond déjà globalement aux besoins identifiés, selon la Capeb. Laquelle met en regard les 330 900 autorisations et 258 500 mises en chantier prévues pour 2025 et les études de l'Ademe, Agence nationale de la transition écologique, qui évalue le nombre de logements neufs nécessaires entre 120 000 et 350 000 unités par an.

Pour la Capeb, le véritable «défi» se situe dans la rénovation. Elle constitue un «potentiel considérable»,  pour lutter contre la crise du logement que connaît la France, argumente Jean-Christophe Repon : 11 millions de logements, soit un tiers du parc français, relèvent du bâti ancien ou patrimonial. 5,8 millions de logements sont des passoires thermiques, et déjà, 567 000 d'entre eux ne peuvent plus être loués depuis le 1er janvier... Pour les adhérents de la Capeb, la rénovation constitue un enjeu fort et un sujet dolent. Plusieurs mesures qui avaient fait l'objet de concertations avec les ministres successifs du logement des deux dernières années sont restées lettre morte. À commencer par la simplification et l'élargissement de l'accès au label RGE, «reconnu garant de l'environnement» dont les entreprises doivent se prévaloir pour que leurs clients particuliers soient éligibles à MaPrimeRénov’, aide financière à la réalisation de travaux de rénovation énergétique.

Parmi les autres mesures restées dans les limbes figure la possibilité pour de petites entreprises de se regrouper afin de répondre à un marché, sans que cela n'engendre de solidarité financière. «Ce sont toutes des décisions qui peuvent être prises par décrets, par arrêtés ; elles ne coûtent rien aux finances publiques», insiste Jean-Christophe Repon qui souligne la «forte exaspération des artisans».

Une mauvaise année 2024

Les flottements de la politique publique – et en particulier les revirements sur le dispositif MaPrimeRenov’- ont contribué au mauvais bilan de l'activité des adhérents de la Capeb en 2024. Tous les indicateurs sont au rouge. Au total, l'an dernier, l'activité des artisans du bâtiment a reculé de 3,9%, succédant à une légère érosion en 2023 (-0,6 %). Dans le détail, l'activité de l'entretien-rénovation a fléchi de 1%, alors qu'elle avait légèrement progressé en 2023 (+0,1%). Mais c'est dans la construction neuve que la chute a été la plus rude : -8,5 % en 2024, contre -2,3 % en 2023. Par ailleurs, tous les corps de métier ont connu une diminution de leur activité, maçonnerie et menuiserie-serrurerie subissant les baisses les plus marquées (-6,5 % au 4ème trimestre 2024).

Autre constat, les difficultés sont généralisées sur l'ensemble du territoire ; le recul de l'activité s'accélère partout. Les régions Bourgogne-Franche-Comté et Pays de la Loire sont particulièrement affectées, avec des baisses atteignant respectivement 8% et 7%. Autre tendance négative, celle de l'apprentissage :-10% en 2024. Et selon la Capeb, 2025 devrait prolonger la tendance négative de l'année précédente. Par exemple, 11% des entreprises déclarent envisager de licencier ou ne pas renouveler des contrats au premier semestre 2025, contre seulement 8 % qui prévoient de recruter.

Fait inédit, Jean-Christophe Repon s'est refusé à donner les prévisions d'activité pour 2025. «J'espère faire bouger le gouvernement aussi vite que possible pour faire revenir l'activité», a-t-il commenté. Le président de la Capeb a évoqué la « mort lente» du secteur, un «mécontentement qui monte», une «faute politique inexcusable» des pouvoirs publics qui n'entendent pas les artisans... «Si la petite entreprise continue à être méprisée, inévitablement, il y aura un mécontentement qui va s'exprimer», a-t-il prévenu.

Promesse ministérielle sur MaPrimeRénov'

«Les paramètres de MaPrimeRenov' ne changeront pas, il n'y aura pas de nouveau ‘stop and go’ sur les monogestes. Et si jamais la demande était supérieure à la prévision, nous abonderons l'enveloppe en conséquence, en fin d'année. J'en ai reçu l'assurance du Premier ministre», a déclaré Valérie Létard, ministre du Logement dans une interview au quotidien Les Échos, le 24 janvier.