Arthur Mensch, la comète française de l'intelligence artificielle
À la tête de la start-up Mistral AI, Arthur Mensch a fait en quelques mois de son entreprise la vitrine de la scène française de l'intelligence artificielle (IA), soucieuse de...
![Le fondateur et dirigeant de la start-up française d'intelligence artificielle Mistral AI, Arthur Mensch, pendant une visite à l'agence France Travail à Paris le 4 février 2025 © Ludovic MARIN](/thumbs/1368×1026/articles/2025/02/36QU9NT.jpg)
À la tête de la start-up Mistral AI, Arthur Mensch a fait en quelques mois de son entreprise la vitrine de la scène française de l'intelligence artificielle (IA), soucieuse de peser face aux mastodontes américains et chinois.
Jusqu'ici peu connu du grand public, ce polytechnicien et normalien aux cheveux en bataille apparaît en première ligne lors du Sommet international de Paris pour l'action sur l'intelligence artificielle, multipliant les prises de parole pour promouvoir cette technologie et asseoir la notoriété de Mistral.
Apparition dans le journal du soir de la chaîne de télévision TF1, interview dans la matinale de la radio France Inter -- la plus écoutée du pays --, entretiens à la presse écrite... Le dirigeant de 32 ans est devenu en quelques jours le visage de l'IA "made in France" pour le grand public, à grand renfort d'annonces comme l'installation d'un premier centre de données dans le pays, pour un investissement de plusieurs milliards d'euros.
Passé par le laboratoire d'IA du géant américain Google, DeepMind, Arthur Mensch a fondé Mistral en avril 2023 avec deux compatriotes, Guillaume Lample, l'un des créateurs du modèle de langage Llama de Meta, et Timothée Lacroix, lui aussi ancien chercheur chez Meta.
"Je suis parti au moment où j'ai perçu les opportunités de révolution industrielle" que cette technologie apportait, confiait ce féru de mathématiques, qui a grandi dans les Hauts-de-Seine (région parisienne), à l'AFP mi-janvier.
Si les opérations de Mistral ont débuté au coeur de la capitale française dans une quarantaine de mètres carrés baptisés "le frigo", en raison du manque de chauffage, elles se poursuivent sur tout un étage où s'activent plus d'une centaine d'employés derrière une forêt d'écrans dernier cri.
Vive Le Chat!
Témoin de ce changement de dimension, le groupe vient de lancer une application mobile "Le Chat", son concurrent de ChatGPT qui profite d'un soutien politique au plus haut niveau de l'Etat.
"Vive Le Chat!", a ainsi écrit le président français Emmanuel Macron sur le réseau social X, avant d'inviter ses compatriotes à télécharger ce logiciel lors d'une interview sur la chaîne de télévision France 2.
A l'image de son patron, Mistral AI a connu une ascension fulgurante et est désormais valorisée à hauteur de 6 milliards d'euros environ.
"Le sujet" pour cette entreprise, "ce n'est pas la levée de fonds: ils claquent des doigts et, demain, ils ont 2-3 milliards d'euros", a estimé Nicolas Dufourcq, le directeur général de la banque d'investissement Bpifrance, sur la chaîne BFM Business lundi.
"Le sujet, c'est les revenus. Il faut que Mistral fasse 500 millions de chiffre d'affaires en 2025", a-t-il poursuivi. "Mistral est la chance européenne" et "il n'y en a qu'une", "donc, tout le monde doit travailler avec Mistral".
Sa force a été de présenter dès ses débuts des modèles en source ouverte (accès libre au code de programmation), capables de concurrencer ceux de Meta, Google ou OpenAI, le créateur de ChatGPT, la positionnant en championne européenne au moment où les dirigeants de l'UE ambitionnent de placer le Vieux Continent sur la carte mondiale de l'IA.
Tout simplifier
"Toutes les régions du monde prennent conscience à des vitesses plus ou moins grandes qu'il faut se mettre (à l'IA) et le faire avec une certaine indépendance vis-à-vis des acteurs américains", selon Arthur Mensch, qui souligne l'importance d'une approche "décentralisée" pour "avoir le contrôle sur cette technologie sur le long terme".
La start-up a toutefois signé de nombreux partenariats de distribution avec Google, Microsoft, Amazon ou IBM pour rendre ses produits facilement accessibles. Elle a aussi conclu des partenariats avec France Travail, l'agence publique chargée de l'emploi, ou le géant des services à l'environnement Veolia, quelques semaines après un accord avec l'Agence France-Presse (AFP) pour utiliser ses dépêches d'actualité afin de répondre aux requêtes de ses utilisateurs.
Comme beaucoup de ses homologues, Arthur Mensch fustige une réglementation européenne "extrêmement pénible et obsolète".
"Il y a plein de questions qui ne sont plus pertinentes au regard de ce qu'est l'IA générative aujourd'hui", affirmait-il en décembre lors d'une conférence à Paris.
L'entrepreneur a ainsi invité les régulateurs à "tout repenser, tout simplifier et tout unifier pour supprimer ces freins" auxquels ne sont pas confrontés ses concurrents américains.
Ces obstacles réglementaires n'ont jusqu'ici pas bloqué l'élan du trentenaire désigné en septembre par le magazine Time comme l'une des 100 personnes les plus influentes de l'intelligence artificielle.
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