APF Calais rend les insectes comestibles pour les humains

L’entreprise APF basée à Calais travaille avec des personnes en situation de handicap sur le conditionnement, les espaces verts, la découpe, le lavage… Aujourd’hui, la société se focalise sur le développement d’une activité particulière : la production d’insectes comestibles.

Eric Souilleux, responsable de production de la société. © Aletheia Press/E.Chombart
Eric Souilleux, responsable de production de la société. © Aletheia Press/E.Chombart

Du coléoptère à l’assiette. Il y a deux ans, la société APF Entreprise de Calais s’est lancée un pari fou : élever et produire des insectes comestibles. Au-delà des bienfaits pour l’environnement et des économies que cela peut engendrer, ces petits vers de farine sont riches en protéines, en minéraux et en vitamine D3. «15 mètres carrés de vers correspondent au même apport que 10 boeufs sur une parcelle» assure Eric Souilleux, responsable de production de la société. Ce projet est mené en collaboration avec Virginie Mixe, patronne de la société d'insectes comestibles Minus Farm, qui travaille avec l’entreprise comme conseillère technique.

Si l’entreprise n’a pas eu de mal à obtenir les agréments pour vendre ses vers à la consommation animale… Les agréments permettant d’entrer sur le marché de la consommation humaine s’avèrent être un peu plus complexes à décrocher. «Nous travaillons avec une ferme à Calais. Nous lui fournissons des vers vivants pour les poules. Nous commençons seulement la commercialisation de produits dérivés pour les humains. C’est à présent autorisé au sein de l’UE» explique encore Eric Souilleux.

Passer de 150 à 500 kg

Ces petites larves de quelques centimètres seront vendues dans quelques jours en petits sachets de seulement quelques grammes (aujourd’hui 6 g) et avec des goûts différents. Il existe des vers soufflés, nature, au curry, et même au piment. La fabrication est simple : les coléoptères donnent naissance à des œufs qui se développent et grandissent pendant 4 à 5 semaines pour devenir des vers de farine.

Ensuite l’entreprise les exporte vivants à des clients locaux ou les déshydrate et les ébouillante en fonction de la demande. Entre 140 à 150 kg de vers vivants sortent des ateliers de la société tous les mois. «Ce secteur-là, c’est aujourd’hui ma priorité, insiste le responsable avant de compléter. J’aimerais faire passer notre production de 140 kilos à 400/500 kg par mois. Nous aurions ainsi des bases solides».

Pour nos animaux, nos assiettes, nos jardins…

Les déclinaisons sont multiples ; ces petits insectes peuvent, par exemple, être produits sous forme de poudre pour s’insérer dans des biscuits. «C’est la biscuiterie de Sophie Farrugia à Wimereux qui se charge d’introduire nos larves en poudre dans ses biscuits.» ajoute le responsable production. Les restaurants et épiceries fines sont aussi intéressés, mais le cadre aimerait aller plus loin en introduisant les produits dérivés de ces petites larves dans les cantines. «Tout est bon dans le ver, même ses excréments appelés : le guano» affirme Eric Souilleux.

D’ailleurs, avec sa société, qui emploie une soixantaine de personnes, le responsable production entend recycler le guano en engrais pour les plantes. «Il nous manque une machine qui coûte 15 000 euros pour cela, mais nous avons un partenariat possible avec la société lilloise Jungle Feed.» La notoriété auprès du public a commencé : «Sur des salons et congrès les gens sont conquis, ils adorent. Il faudrait juste que l’on arrive à casser les réticences et à faire goûter nos produits au plus grand nombre» conclut Eric Souilleux.