Annus horribilis pour la coopérative maritime étaploise

Placement en procédure de sauvegarde puis en redressement judiciaire, incendie du siège et des ateliers boulonnais, plan social qui a supprimé 70 postes et vente de son unité de commercialisation et de transformation, la CME a vécu, de l'aveu même de ses dirigeants, la pire année de son existence.

De gauche à droite, le secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, Frédéric Cuvillier, le président de la CME, Bruno Margollé, et le directeur général, Eric Gosselin.
De gauche à droite, le secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, Frédéric Cuvillier, le président de la CME, Bruno Margollé, et le directeur général, Eric Gosselin.
D.R.

De gauche à droite, le secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, Frédéric Cuvillier, le président de la CME, Bruno Margollé, et le directeur général, Eric Gosselin.

L’assemblée générale annuelle au siège étaplois fait apparaître un chiffre d’affaires consolidé de 28,9 millions d’euros, loin des 36,8 millions de 2012. Pire, le résultat net (part du groupe) affiche un déficit de 2,34 millions d’euros : plus du double de celui de l’exercice précédent.

En 2013, la flottille qui ne comptait plus que 51 bateaux a débarqué 20% de moins en volume et 15% de moins en valeur. Seules quelques espèces ont vu leur tonnage augmenter, comme le turbot, la barbue, la roussette et le grondin, mais leurs cours, en contrepartie, ont baissé.

Si les chalutiers coquillards ont tiré leur épingle du jeu grâce à l’ouverture en totalité de la baie de Seine et à des prix corrects, les quelques fileyeurs adhérents et surtout la flottille des chalutiers de 21 à 25 mètres ont souffert en raison de la disparition des espèces à bonne valeur ajoutée comme l’encornet, le barbet ou le bar. Sont donc toujours dans le collimateur du président Bruno Margollé, «les senneurs néerlandais qui pillent la ressource en Manche-Est : en 2013, rappelle-t-il, les Etaplois n’ont pêché que 45 tonnes de rouget-barbet alors qu’ils en pêchaient 2 000 tonnes en 2007».

Frédéric Cuvillier, présent, davantage avec sa casquette de maire de Boulogne-sur-Mer qu’avec celle de secrétaire d’Etat, a fait face aux nombreux reproches des artisans auxquels il est habitué : la concurrence des Néerlandais, la pêche électrique, la faiblesse des moyens pour renouveler la flottille, l’abandon du prix de retrait, l’interdiction des rejets en mer… Il les a invités à candidater très vite pour les aides du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) qui réservera à la France , de 2014 à 2020, une part trois fois plus importante que l’ancien Fonds européen à la pêche (FEP) durant la période 2007-2013.

Renaître de ses cendres.

La procédure de redressement judiciaire a été prolongée de six mois, et la coopérative compte profiter de ce délai pour peaufiner un plan de sortie de crise et d’apurement de la dette. Elle échafaude même des projets en misant sur les atouts dont elle dispose encore, notamment ses 14 000 tonnes de quotas annuels, pour redonner de l’espoir à la communauté étaploise. «L’avenir passera par un renouvellement de la flottille avec des bateaux plus polyvalents et moins consommateurs de gasoil», assure Bruno Margollé. «Nous travaillons sur un projet d’armement afin d’installer des jeunes patrons sur des outils neufs, mieux adaptés et plus petits. Nous avons des contacts très prometteurs avec des partenaires extérieurs intéressés pour nous accompagner dans l’investissement», ajoute le directeur général Eric Gosselin, qui a effectué une grande partie de sa carrière dans le groupe Intermarché, premier armateur à la pêche de France.