Atelier Seconde vie

Amiens : réduire sa consommation textile avec Les Robin.e.s des bennes

Dans le cadre des ateliers Seconde vie organisés par Amiens Métropole, l’association Les Robin.e.s des bennes animait début avril l’atelier "La face cachée de nos vêtements". Une matinée pour informer, sensibiliser et pour réduire notre consommation textile.

Julie Drouet prend en charge le volet Vestimentaire des Robin.e.s des bennes. @Aletheia Press/ DLP
Julie Drouet prend en charge le volet Vestimentaire des Robin.e.s des bennes. @Aletheia Press/ DLP

« Comment jugez-vous votre consommation de vêtements et quelles sont vos habitudes d’achats ? » C’est la question que pose aux visiteurs, Julie Drouet, chargée de mission Vestimentaire au sein de l’association Les Robin.e.s des bennes, à l’occasion des ateliers Seconde vie. Un moyen d’introduire le premier atelier, dédié à "La face cachée de nos vêtements", qu’elle anime dans les locaux de la déchèterie ouest d’Amiens.

Hausse des dons

Avec Les Recyclettes, En Savoir Plus et Zero Waste Amiens, l’association propose régulièrement des événements de ce genre à la demande d’Amiens Métropole. Une façon concrète d’interpeller le grand public sur sa façon de consommer mais aussi de faire œuvre de pédagogie. L’assemblée, presque exclusivement féminine, réfléchit un instant. Si globalement toutes s’accordent à dire qu’elles sont des consommatrices « moyennes », elles concèdent aussitôt avoir trop de vêtements. « On estime qu’on ne porte qu’un tiers de ce qu’il y a dans sa penderie », confirme Julie Drouet. Un constat d’autant plus dramatique quand on connaît le coût environnemental et sociétal de cette industrie.

Des géants comme Vinted ont popularisé la seconde main, une solution parmi d’autres pour moins consommer. Mais des acteurs locaux comme Les Robin.e.s des bennes, Emmaüs, Le Secours Populaire ou encore La recyclerie des Astelles permettent eux aussi de prolonger la durée de vie de nos vêtements. « Depuis janvier, nous faisons remplir des questionnaires de satisfaction pour mieux connaître les gens qui viennent à nos événements. Le public est vraiment diversifié, il y a autant de personnes qui viennent par conviction que par besoin », souligne Julie Drouet qui observe une hausse constante des volumes de vêtements donnés.

Lors de l’atelier, quelques exemples de réemploi ont été montrés. @Aletheia Press/ DLP


« Le stockage devient un vrai sujet. Au départ, nous avions besoin d’un camion de 20 m3 pour transporter les vêtements pour l’organisation de nos friperies. Aujourd’hui, un 30 m3 n’est plus suffisant », confie-t-elle. Si les friperies, le chalet solidaire et plus globalement les dons de vêtements permettent de faire progresser la seconde main, Julie Drouet encourage aussi les participants à transformer les pièces trouées ou trop usées pour être portées. « Les chutes peuvent aussi bien servir à faire des chiffons, des tawashis, d’autres vêtements ou des accessoires », assure Christelle, bénévole aux Robin.e.s des bennes, en montrant quelques exemples.

Une réutilisation qui pourrait réduire le taux de vêtements jetés à la poubelle aujourd’hui estimé à 30%. Côté recyclage, la filière commence à s’organiser et quelques projets voient le jour comme le Métisse, isolant imaginé par Le Relais, mais ces initiatives restent plus qu’insuffisantes pour absorber le flot de textile : moins d’un quart est recyclé.

Une industrie polluante

Deuxième industrie la plus polluante au monde après la pétrochimie, la mode reste cependant un secteur incontournable. En 2018, les Français ont dépensé 35,7 milliards d’euros pour l’habillement et les chaussures (source, Statista, étude sur la consommation des ménages en habillement dans l'Union européenne en 2018, par pays). De quoi hisser l’Hexagone au quatrième rang des pays les plus dépensiers en Europe.

Si le marché connaît un ralentissement depuis la crise sanitaire de 2020, l’Ademe estime cependant que plus de 100 milliards de vêtements sont vendus dans le monde chaque année. « Le documentaire Vêtements, n’en jetez plus ! rappelait qu’en moyenne, une femme achetait environ 30 kilos de vêtements par an », soupire Christelle, bénévole aux Robin.e.s des bennes, qui rappelle aussi le poids social et environnemental de cette industrie.