Santé/ recherche

Amiens : naissance de l'Institut Faire Faces

Inauguré début mai, l'Institut Faire Faces, situé près du CHU Amiens-Picardie a pour but de réunir en un seul lieu les ressources humaines, technologiques et matérielles nécessaires pour mener à bien sa triple vocation de recherche multidisciplinaire, de formation au geste chirurgical et de sensibilisation du grand public au handicap facial.


En 2005, le Professeur Bernard Devauchelle (à g.) et son équipe ont réalisé la première greffe de visage au monde.
En 2005, le Professeur Bernard Devauchelle (à g.) et son équipe ont réalisé la première greffe de visage au monde.

D'une surface de 3 400 m², l'Institut Faire Face a été livré début mai après deux ans de travaux. Le projet architectural a été mené par Architecturestudio. Parmi ses grands projets figurent le Parlement européen, le centre de recherche de Danone, la restructuration du Campus de Jussieu, le grand auditorium de la Maison de la Radio, le théâtre national de Bahreïn, le Centre culturel de Jinan, le quartier Parc Marianne à Montpellier, l’immeuble de bureaux "Summers" à Buenos Aires ou encore le NCHU de la Guadeloupe. 

La caractéristique principale du centre de recherche est de recevoir sur un même lieu des activités très diverses, qui doivent pouvoir se dérouler sans se déranger les unes aux autres. « L’organisation de l’Institut se structure donc en trois strates. Une première qui s’encastre dans le terrain en pente, dédiée à la formation, dans laquelle on retrouve, entre autres, une halle opératoire et un amphithéâtre. Un étage transparent, ouvert sur la nature environnante et sur le paysage, lieu d’échanges informels, de présentations et d’expositions. Un étage supérieur plus isolé, destiné au laboratoire Chimère et aux bureaux avec notamment une bibliothèque. Le plateau de chirurgie expérimentale est aménagé au rez-de-chaussée », décrit Laurent-Marc Fischer, l'architecte. 

Un grand bloc opératoire permet en effet d’aménager les six tables d’opération autour d’une table maître. La salle est éclairée naturellement par de grandes fenêtres implantées de façon à éviter tout effet de contre-jour inconfortable. La salle de bilan pédagogique est en liaison directe avec la salle d’opération.

Laurent-Marc Fischer, l'architecte et Professeur Sylvie Testelin, lors de la visite de l'Institut.

Premier centre de recherche dévolu à la défiguration du CHU d’Amiens

Imaginé après la première greffe du visage au monde il y a 15 ans, réalisée par les Professeurs Bernard Devauchelle et Sylvie Testelin, l’Institut Faire Faces accueillera progressivement plusieurs équipes de recherche déjà investies. 

Le bâtiment devrait être en pleine activité en fin d’année 2022. « La vocation de ce bâtiment est de réunir des chercheurs issus de cultures différentes autour d'un même objet de recherche afin de croiser les regards. Ils sont biologistes, chirurgiens, mathématiciens, biochimistes, universitaires, ingénieurs de l'UTC... », liste le professeur Devauchelle qui avec cet Institut leur garantit l’accès à un équipement de pointe. 

Sans oublier de proposer une meilleure coordination de montage de projets collaboratifs et augmentation de la capacité de réponse des chercheurs aux appels à projets nationaux et européens. Les domaines de recherche vont bien au-delà de la tête et du cou avec de larges champs d’application : cosmétique, cancérologie, orthopédie, développement de dispositifs médicaux et un très fort potentiel scientifique et économique. 

De nombreux partenaires

Pour gérer ces projets, l’association Institut Faire Faces se transforme en Fondation de coopération scientifique et s’appuie sur un vaste réseau de partenaires régionaux et européens, et contribue à faire rayonner l’excellence scientifique et chirurgicale de la région des Hauts-de-France. 

« Rappelons aussi que depuis sa création, l’Institut a reçu le soutien de nombreux partenaires, en particulier celui du Conseil régional des Hauts-de-France et de l’Europe via le Feder, dont les financements à hauteur de 14 millions d’euros ont rendu possible la construction du bâtiment. Cet institut est aussi un témoignage de la considération que l'on porte à celui que l'on prend en charge », rappelle Danielle Portal, Directrice générale du CHU d'Amiens-Picardie. L’Institut travaille également en étroite collaboration avec SimUSanté©, le plus grand pôle d’excellence européen dans le domaine de la pédagogie active et de la simulation en santé.

L'Institut Faire Faces ouvre ses portes, après 18 mois de travaux. ©Antoine-Duhamel

Trois axes d'actions majeurs

L’Institut Faire Faces s’est fixé trois objectifs dont la recherche fondamentale, translationnelle et interdisciplinaire qui vise à développer des méthodes innovantes de diagnostic, de traitement préventif et curatif des pathologies de la tête et du cou. 

La valorisation de cette recherche est également l’une des priorités de l’Institut, afin de transformer les découvertes et les savoirs en solutions au bénéfice de la société et de l’économie. 

« Nous sommes praticiens, chercheurs mais aussi enseignants. Nous sommes dotés d’un bloc chirurgical expérimental de sept tables pour former les chirurgiens et étudiants aux techniques chirurgicales de reconstruction de pointe et développer un réseau collaboratif multidisciplinaire pour l’excellence chirurgicale », explique le professeur Devauchelle pour qui la formation ainsi que la diffusion des connaissances et des savoir-faire est une mission essentielle de l’Institut, qui dispose en son nouveau bâtiment d’un amphithéâtre de 135 places. 

« Enfin, la dimension humaniste est au cœur du projet de l’Institut, qui ambitionne de changer le regard que la société porte sur les personnes porteuses d’une différence faciale, en organisant des campagnes et événements en faveur d’une plus grande inclusivité, conclut le Professeur Testelin. Les espaces d’exposition et de convivialité du bâtiment, accessibles à tous, permettront également d’informer le grand public à travers des visites, des conférences et des débats. » 

Avec un fort ancrage européen, le projet de l’Institut est un projet pionnier, qui fait converger chercheurs, médecins, chirurgiens, associations de patients et industriels afin d’améliorer la prise en charge des malades.

La recherche en marche

Le laboratoire Chimere, CHirurgie IMagerie REgénération de l’université de Picardie Jules-Verne constituera le socle permanent de chercheurs de l’Institut et regroupe une soixantaine de scientifiques et cliniciens. 

Ce laboratoire a pour objet d’étude la régénération et la réparation des tissus et organes détruits ou lésés essentiellement par les tumeurs, les malformations ou les traumatismes de l’extrémité céphalique. 

Partie prenante du Groupement de recherches et d’études en chirurgie robotisée (Greco), l’Institut Faire Faces consolide ainsi les travaux sur cette thématique. Parmi les projets majeurs figurent restaurer la mobilité faciale, réparer les malformations congénitales, personnaliser la rééducation d’une paralysie faciale, modéliser les mouvements du visage et développer des "jeux sérieux" dans la réhabilitation de la paralysie faciale, prévenir les rejets de greffe
, optimiser le geste chirurgical au moyen du robot
 et mieux traiter les cancers des voies aérodigestives supérieures
.