Amiens : Damel’s Market, la plate-forme de livraison équitable

Informaticien de formation, Mouhamadou Niang a toujours eu envie d’entreprendre. Pendant le confinement, alors que le pays est bloqué et que les livraisons à domicile rencontrent un succès phénoménal, il a alors l’idée de lancer une plate-forme éthique, Damel’s Market, pour contrer les géants Uber Eat ou Deliveroo qui se partagent le marché. « Les modes de consommation ont changé, c’est un fait et les commerçants, notamment les restaurateurs, ont été obligé de s’adapter. Mais les conditions d’utilisation ne sont bonnes pour personne », souligne l’Amiénois.

Des conclusions tirées d’une enquête qu’il a menée auprès de 300 consommateurs, des restaurateurs et des livreurs. « Les restaurateurs se plaignaient beaucoup du pourcentage pris par les plates-formes, de l’ordre de 35%. C’est énorme, ils sont donc obligés d’augmenter leurs prix pour pouvoir s’y retrouver », note Mouhamadou Niang. De l’autre côté, les consommateurs voient le coût des livraisons et des frais de service comme des freins et les livreurs, auto-entrepreneurs pointent une rémunération trop faible.

Une plate-forme éthique

Ces retours d’expérience permettent à Mouhamadou Niang d’établir un cahier des charges pour sa propre plateforme. « Je voulais apporter quelque chose qui soit différent. Un système où tout le monde pourrait s’y retrouver », confie-t-il. Une équation complexe qui lui a demandé deux ans de travail avant que naisse officiellement Damel’s Market.

Cette plate-forme de livraison locale propose aux restaurateurs un abonnement mensuel au prix de 125 euros HT. Un coût relativement faible qui leur donne la possibilité de vendre leurs produits exactement au même prix que le reste de leur carte. Une bonne opération pour les commerçants mais aussi pour les consommateurs. Quant aux livreurs, les courses réalisées pour Damel’s sont réglées 3,50 euros (contre 2,63 euros pour Uber Eat) auxquels s’ajoute 1,50 euro par kilomètre (contre 1,05 euro par km toujours pour Uber Eat).

« La différence aussi, c’est que nous proposons des livraisons au-delà de l’hypercentre, nous allons jusqu’à Longpré ou Longueau. Nous pouvons aller jusqu’à dix-15 minutes de courses », pointe Mouhamadou Niang qui a situé à une centaine de clients son seuil de rentabilité. « Aujourd’hui, nous avons une vingtaine de commerçants partenaires », poursuit celui qui a pu compter immédiatement sur Keur Amir et Justin’Donut. « Ce sont les premiers à m’avoir fait confiance », sourit l’Amiénois.

Mouhamadou Niang travaille aujourd’hui à développer son offre en allant chercher de nouveaux clients et en boostant la visibilité de sa plate-forme. « Nous sommes très présents sur les réseaux sociaux, nous avons aussi organisé une distribution de flyers et nous comptons aussi sur les médias locaux pour communiquer le plus largement possible », détaille l’entrepreneur. Une trentaine de livreurs sont équipés avec des vestes et des sacs isothermes. Si, pour l’instant, ces derniers continuent à être indépendants, Mouhamadou Niang souhaiterait à terme les salarier pour aller au bout de sa démarche étique.

« Dans les années à venir, j’aimerais aussi m’implanter au niveau des Hauts-de-France et même, pourquoi pas, au niveau national, s’enthousiasme celui qui pense également élargir les services proposés. La plate-forme est un outil de mise en relation. À partir de là, on peut tout imaginer ou presque : la livraison de fleurs, de cadeaux… », conclut le chef d’entreprise